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Jean l'Alsacien adore la France mais les Français l'ont parfois repoussé. Il n'aime guère les Allemands mais l'Allemagne l'a toujours attiré. Son grand-père Jean-Baptiste a combattu sous Mac-Mahon, son oncle Jules était poilu de Verdun, son oncle Louis portait le casque à pointe, son cousin Hubert est mort en blouson de maquisard, son cousin Pierre en uniforme de la Kriegsmarine, son cousin Camille en droguet de déporté, c'était comme ça dans cette sacrée province, on changeait constamment d'uniforme. Certes, il y avait aussi le costume régional que portent encore les serveurs de brasserie et les groupes folkloriques mais Jean le trouve beaucoup trop boutonné. Alors il a choisi la seule tenue qui ne cache rien : il se présente tout nu. Français du côté face, un peu teuton du côté pile et, pour ce qui est de l'âme ou de l'intérieur, cent pour cent alsacien. On peut même ajouter, puisque les temps y invitent, européen.Car si l'histoire déferle sur la famille de Jean comme les vagues sur le rocher, le rocher demeure insubmersible et la famille n'attend pas que l'Histoire se calme pour retrouver le bonheur sous les tilleuls. Dans ce livre qui commence dans la liesse d'un repas de funérailles, le malheur a beau rôder entre les lignes et parfois s'étaler en pleine page, c'est toujours la gaieté qui l'emporte. Il faut dire qu'elle sort naturellement du coeur de l'Alsacien.
Les déchirements d'une Alsace tiraillée entre France et Allemagne porte en elle les germes de la grande histoire. C'est à travers la vie d'une famille de Lautenbach, oncles orageux, frères malgré nous, pères patriotes qu'on est emporté dans cette magnifique fresque à la fois émouvante (matinée de personnages attendrissants) et terrible. Tout commence par Jean, un gamin comme il en existe tant sauf que lui est alsacien et que son appartenance à ce bout de paradis l'obligera toute sa vie à des choix cornéliens.
Pour ceux qui veulent (re)découvrir l'âme Alsacienne ce roman est une bible.
C’est avec une émotion anticipée que j’ai ouvert « Les tilleuls de Lautenbach
» Le film, en cassette, je l’ai vu et revu et adoré à chaque fois. A mon grand désespoir, je ne l’ai pas trouvé en DVD.
Et bien, le livre est tout aussi bien, mais tellement plus complet. Et, grâce au film, un visage correspondait à chaque personnage :
Le Changui ou le Changala (Jean), l’auteur lui-même
L’oncle Fuchs
L’oncle Nicolas
Le père, Joseph (Seppi, comme mon grand-père.)
Tous ces alsaciens si bien décrits m’ont replongée dans mon enfance où j’allais en vacances chez ma douce Mémère Mulhouse.
Et les mots entendus ressurgissent au fil des pages :
« Muttala, hamala, seihala », disait-elle en me berçant
« Gottverdami », s’exclamait parfois mon grand-père
et je me faisais traiter de Schnokelor lorsque j’étais insatisfaite.
Ah ! Le bonheur de ces séjours annuels en Alsace ! Merci infiniment à Jean Egen de m’avoir permis de les revivre.
Comme il a bien su décrire la situation si inconfortable des Alsaciens pris entre deux nations, mais aussi leur immense chaleur dont j’ai toujours la nostalgie.
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Merci à vous Elizabeth pour cet avis concernant ce livre ! Alsacien d'origine, je reste profondément attaché à cette région tourmentée par l'histoire et pétrie de culture et d’œuvres littéraires. En effet, le fameux "Gott Verdami" et autre "Hopla" ont tendance à fuser dans les conversations ! Vous m'avez donné envie de replonger dans ce livre, dont je me rappelle avec émotion avoir vu naguère la version télévisée. Echanges de bons procédés, je vous recommande chaudement un auteur découvert récemment (bien que, petite nuance, il soit lorrain et non alsacien) : il s'agit de Roger Bichelberger, dont j'ai lu "Noël était venu sans rien dire à personne" aux éditions Albin Michel. Magnifiques nouvelles sur cette région du grand Est...En vous souhaitant de très agréables lectures et de futurs beaux séjours "em Elsass" ! Cordialement, BT