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Chaque année, le 5 février, Agata transmet à sa petite-fille Agatina les secrets de la préparation des gâteaux en l'honneur de la sainte dont elles portent toutes deux le prénom. Tandis qu'elles pétrissent les cassatelle en forme de sein, la grand-mère raconte le martyre de la sainte. À travers cette histoire dramatique, elle enseigne à sa petite-fille une règle absolue : « Tu dois savoir que, si tu ne ressens pas de plaisir quand ils te touchent, les hommes se sentent atteints dans leur virilité, mais gare à toi si tu y prends du plaisir, parce que là ils te prennent pour une putain. » C'est l'un des nombreux avertissements qu'Agata laisse en héritage à sa petite-fille ... De Catane à Palerme, dans une langue savoureuse et malicieuse, Giuseppina Torregrossa nous raconte la vie mouvementée d'Agatina. Se souviendra-t-elle des précieux conseils de sa grand-mère ?
Depuis son enfance, Agatha observe les femmes qui l’entourent : sa mère, ses grands-mères, ses arrières grands-mères, ses tantes ou ses voisines. Très proche de sa grand-mère paternelle qui porte le même prénom qu’elle, elle écoute ses conseils. Toutes les femmes qui l’entourent, dans cette Sicile du XXème siècle, qu’elles soient fortes ou plus fragiles, qu’elles soient indépendantes ou femmes au foyer, qu’elles aient des ambitions ou pas, toutes finissent toujours par subir la volonté des hommes, celle de leur père, de leur mari ou de leurs amants. Agatha pourrait en tirer des leçons pour sa vie, mais cette leçon là n’est jamais apprise. Pas évident de résumer la livre de Guiseppina Terregrossa, car c’est plus une chronique féminine (et non pas féministe) qu’un véritable roman avec une intrigue. Les portraits de femmes se succèdent, c’est souvent drôle, parfois tragique, parfois même très érotique, et la jeune Agatha navigue au milieu de ces femmes. Mais lorsque viendra le moment de tomber amoureuse, on enrage de la voir céder aux mêmes écueils que ses ainées, peut-être même en pire, comme si elle n’avait rien appris, ou plutôt comme si les sentiments avaient raison de tout le reste. On enrage mais on la comprend, car on sait bien que la violence des sentiments peut ravager une vie de femme (et d’homme aussi sans doute). Le fil conducteur de ce livre, ce sont les tétins (les seins), symbole de la féminité, choyés, célébrés au travers de petits gâteaux à la ricotta, mais aussi amputés par le cancer, à la fois atout et fardeau à porter. C’est agréable à lire, c’est un tableau sans concession des rapports amoureux et familiaux dans la société horriblement patriarcale et de l’Italie du Sud et de la Sicile du XXème siècle, avec l’omniprésence de l’Eglise et de la Mafia, ça fait frissonner dans tous les sens du terme. On peut surement rapprocher « Les Tétins de Sainte Agathe » de la saga d’Elena Ferrante « L’Amie Prodigieuse » (encore que je n’ai lu que le tome 1 et que je n’ai pas été si emballée qu’on me l’avait promis, mais j’ai un petit souci d’une manière générale avec la littérature italienne, je ne sais pas pourquoi !) et y prendre le même plaisir… en plus court ! Un livre de femme à destination de toutes les femmes mais aussi des hommes qui aiment les femmes… et les petits gâteaux à la ricotta !
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