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Figure de l'opposition au régime de Bachar al-Assad, Samar Yazbek a dû quitter son pays tant aimé en juin 2011. Depuis son exil, elle ressent l'urgence de témoigner. Au mépris du danger, elle est retournée trois fois dans son pays, clandestinement, où elle a connu de l'intérieur l'horreur de la guerre civile, aux côtés des activistes. Des premières manifestations pacifiques pour la démocratie jusqu'à l'émergence de l'État islamique, elle décrit le quotidien des combattants, des enfants, des hommes et des femmes ordinaire qui luttent pour survivre à l'une des plus grandes tragédies du XXIe siècle.
Un des grands récits de guerre de notre époque, incarné, personnel, vécu. Pierre Haski, L'Obs Samar Yazbek souffre mille morts pour son pays et sa peine est contagieuse. Un livre capital. Charles Jaigu, Le Figaro.
Le magnifique sanglot d'une Syrienne qui prend la plume comme d'autres les armes. Bouleversant. Clara Dupont-Monod, Le Parisien magazine.
Le sujet est âpre, le témoignage poignant. Plusieurs fois, notamment au début dans ‘La première porte’, j’avais juste envie de refermer le livre, c’était bien trop dur ; mais je n’ai pas pu abandonner, le sujet est bien trop grave pour reposer aussi facilement ce témoignage. D’autres fois, je lisais, j’imaginais (bien qu’on ne puisse évidemment pas) et finalement, au bout de quelques pages je devais lever la tête, prendre conscience que ce n’était pas de la fiction, mais un récit de guerre, le quotidien de milliers de personnes depuis plusieurs années.
« Ici le flux de la vie s’opposait à l’accélération de la mort, les contraintes entraient en collision après une course effrénée. D’un côté, le flot intarissable d’âmes errantes qui fuyaient la mort et les bombardements sans craindre la misère de l’exil, la pauvreté. En face, une file de combattants emportés vers la mort qui devait leur servir de passerelle vers leur prétendu paradis promis. Entre les deux, des trafiquants en tous genres, voitures, armes, hommes. J’observais ces mondes contradictoires et confus. » page 275
Les manifestations populaires et profondément pacifiques pour mettre fin à la dictature Assad se sont transformées en conflits armées. La population déplacée au fil des bombardements, qui vit dans des conditions déplorables, sans eau, sans électricité et même sans vivres alimentaires, a encore l’espoir d’arriver à une Syrie libre et de libertés.
L’action de l’auteur, Samar Yabek, est à saluer mille fois : promouvoir l’indépendance des femmes, l’éducation des enfants, être une femme mais aller sur le terrain pour raconter, pour rencontrer des combattants qui n’acceptent même pas de la regarder et témoigner.
« Mais quel pêché ont commis les femmes, les enfants ?
- Les femmes font des enfants, les enfants deviennent des hommes et les hommes nous tuent.» pages 247-248.
« Voici ce que sont devenus les Syriens depuis quatre ans. Une révolte populaire pacifiée contre un dictateur s’est muée en une mutinerie armée contre les militaires et l’État, avant que les islamistes ne s’emparent de la scène et ne transforment les Syriens en pantins dans une guerre par procuration. L’EI, la faction fondamentaliste qui est apparue en avril 2013, est aujourd’hui un État et possède de facto une force d’occupation. Les combattants étrangers, qui ont déferlé à travers la frontière turque, sont devenus des machines de mort et de destruction. Tout est pris dans les tenailles du radicalisme violent. » page 283
Le témoignage de l’auteur, sa volonté de raconter, de donner la parole aux sans-voix, aux oubliés, aux exilés, à tous les acteurs de ce conflit devrait être lu par tous, pour donner une autre image, celle de la réalité face aux discours ambiants qui diffuse l’idée d’un envahissement !
La Syrie. Alep. Homs. Palmyre. Raqqa... Toute une géographie du sang et des larmes qui nous est devenue presque familière, presque "banale", par les journaux télévisés et la presse écrite. Tellement familière qu'elle revêt à force un caractère presque abstrait, nous faisant occulter l'effroyable réalité qui se cache derrière des informations militaires et politiques. Des populations, des personnes, des individus, des familles, des gens, de "vrais" gens, qui vivent la terreur sous les tirs aléatoires des snipers, sous le déluge des bombes, sous la menace des enlèvements, des exécutions, des emprisonnements.
Samar Yazbek nous emmène à travers ces cercles de l'enfer, nous fait passer par ces portes qui ouvrent sur le néant d'un avenir fracassé. Témoigner, dire, exprimer, écrire. Crier et alerter. Sans répit. Parce que de répit il n'en existe pas pour Mohamed, Maysara, Ayham... et pour tous ceux à qui Samar Yazbek donne la parole. Son récit dit tout ce que ne peuvent évoquer les journalistes envoyés sur place. Tout ce qui faisait la beauté de son pays avant et tout ce qui en fait l'horreur maintenant.
Exilée en France, elle refait trois fois le voyage jusqu'à Saraqeb et raconte l'enfoncement dans les ténèbres, la contamination de la haine et la progression des périls. Les repas partagés, les discussions, les rencontres avec les combattants, le sourire d'une petite fille, un ciel étoilé et les déflagrations des maisons qui s'effondrent sur leurs occupants forment le tissu de ce témoignage vibrant d'humanité désespérée. Il ne s'agit pas d'un document qui analyse la situation géopolitique, les causes et les enjeux de cette guerre, mais d'un récit à hauteur d'être humain, un récit qui rend palpable la nasse dans laquelle est piégé le peuple syrien entre armée gouvernementale, miliciens rançonneurs et extrémistes religieux.
Notre regard rejoint celui de Samar Yazbek par la grâce des mots qu'elle choisit. C'est sous nos yeux que pleurent les enfants mutilés et les mères en deuil. Ils sont là, présents dans chaque ligne du livre, luttant pour survivre à l'heure où j'écris ces mots dans la tranquillité d'un pays en paix. Samar Yazbek les convoquent et ne me permet pas de les oublier. Elle me contraint à la lucidité. Et pour tout cela je la remercie.
Un livre témoignage fort. Une lecture très éprouvante et pourtant nécessaire, presque d’utilité publique. J’ai été littéralement sonnée, tous ces témoignages de civils, femmes, enfants, hommes contraints de s’engager. Une survie sous les bombes, les obus, jamais à l’abri d’arrestations arbitraires, tortures, destructions de villes, villages, récoltes à venir. Et pourtant une dignité et une lumière dans les yeux de ces enfants martyrs. Puissent les années à venir apporter à cette partie du monde la paix que tous méritent.
Samar Yazbek est syrienne, écrivain et journaliste et à ces titres elle témoigne sur la guerre qui a transformé « l’un des plus beaux pays du monde » en une terre de désolation.
Exilée en France, l’auteur a eu à cœur de retourner dans son pays, au péril de sa vie, pour se tenir à côté de son peuple dans son combat et mettre en place des actions à petite échelle pour les femmes, ainsi qu’une organisation visant à les responsabiliser et à instruire les enfants.
Trois voyages, « trois portes » d’entrée dans sa patrie d’origine au cœur du conflit, comme reporter de guerre pour recueillir les témoignages des bélligérants au sujet de la révolution et pour donner une voix à ceux qui n’en ont pas. Là est la richesse de ce livre : des entretiens avec des activistes, des combattants ou de simples citoyens.
La complexité du conflit, une révolution du peuple syrien contre le régime de Bachar Al Assad qui s’est muée en guerre de religion dans laquelle Daesh, l’état islamique tire son épingle du jeu.
Le récit est poignant, enrichissant et instructif. Il a le mérite de clarifier les tenants et les aboutissants d’un conflit oh combien présent dans les média ces dernières années, même si la lecture en est ardue pour les néophytes dont je suis.
Telle la Shéhérazade des « contes des milles et une nuits » Samar Yazbek raconte ou écoute la voix, les voix de son peuple.
On ne peut qu’être bouleversés par l’impuissance des civils face aux obus, aux roquettes et aux barils d’explosifs, tous ces martyrs laÏcs qui souhaitaient construire un Etat qui aurait pour seule religion la liberté. Un pays en ruines où les mausolées romains millénaires sont pillés par les brigades djihadistes, où la mort est le seul vainqueur et où l’avenir est anéhanti.
On applaudit le courage de l’auteur qui se démène pour que le reste du monde entende sa détresse et celle de son peuple.
Samar Yazbek est journaliste et écrivaine syrienne, une des figures et des voix de l’opposition au régime de Bachar Al-Assad. Meurtrie depuis son exil en France, elle atteste dans cet ouvrage de la violence et la furie, durablement installées, et des conséquences de la guerre civile. Un texte courageux traitant de politique mais aussi du quotidien de femmes, d’enfants et d’hommes exsangues, priant pour retrouver la banalité du silence et la normalité de la vie.
Rongée par la tombe sécuritaire que représente l’exil, elle repart en Syrie en 2012, sur la route qui mène à la région d’Idlib, (nord-ouest de la Syrie). Se faufilant dans un trou creusé sous des barbelés, elle franchit la frontière turque, où l’attende deux frères d’armes rebelles : Maysara et Mohammed. Elle n’aura alors de cesse d’aller et venir, entre une maison de famille abritant des réfugiés de tout âge, formant une famille fortuite et spontanée, et ses expéditions clandestines au plus près du tragique des combats. Elle se donne le rôle d’observateur, retranscrit chaque combat, chaque scène : elle est greffier de guerre. Elle s’engage dans des missions humanitaires, se met à la portée du vivant, de ce « peuple fantôme », et se fait voix de quelques medias encore en place. Portée par la résistance, les regards vides, la vie reprise toutes les secondes, l’odeur des cadavres, elle frôle le danger pour donner corps de manière minutieuse à son témoignage qui pourrait devenir testament. « L'odeur de la terre après l'explosion d'une bombe à fragmentation ne se transmet pas par le biais des photos et des vidéos diffusées par les militants qui sont en vie et capturent les événements par l'image. Où est la puanteur ? La panique dans les yeux des mères ? Ce bref moment de silence et de choc après chaque déflagration ? »
Je suis infiniment reconnaissante à ces auteurs qui ouvrent de nouvelles perspectives sur des conflits si proches. Des manifestations civiles pour la démocratie à la création de l’armée syrienne libre, peu préparée face aux troupes surarmées du régime en place, Samar Yazbek appelle à la conscience du fait qu’à quelques milliers de kilomètres la valeur d’un homme n’est plus rien et la survie est la loi du quotidien. Un témoignage fort, engagé, bouleversant … Un témoignage qui compte !
Les portes du néant, ce sont les incursions que Salma Yazbek, journaliste syrienne et opposante au régime en place, a faites clandestinement dans son pays d’origine entre août 2012 et août 2013.
Elle livre sur le papier le récit effroyable du calvaire d’une population, d’un pays ravagé et qui côtoie la mort au quotidien.
Donnant la parole à ces êtres meurtris et brisés, elle apporte au lecteur un indispensable témoignage sur l’insoutenable barbarie syrienne.
De l’espoir des premières manifestations pacifiques à la tragédie, nous suivons la route qui mène à l’effroi.
Chaque page est emplie de force . Celle du désespoir d’un peuple martyr, condamné à l’exil dans les conditions inhumaines que l’on connaît.
La guerre est dénoncée dans toute son atrocité par ceux qui la vivent, qui sont laminés entre une dictature et les ravages infligés par l’E.I , dans une spirale qui va crescendo.
Quelques rayons de lumière toutefois viennent éclairer ce récit qui m’a saisie aux tripes et l’émotion m’empêche d’en dire plus.
Avec une justesse et une pudeur époustouflantes, Salma Yazbek hurle , dénonce , pleure. Elle dit… Elle nous dit…
« Il n’y a qu’un seul vainqueur en Syrie : la mort. On ne parle que d’elle, partout… Tout est relatif, sujet au doute. La seule chose dont on puisse être certain, c’est que la mort triomphera »
Indispensable lecture, « Les portes du néant » a reçu le prix du Meilleur livre étranger en 2016.
A plusieurs reprises, j’ai failli abandonner : trop de scènes insoutenables. Enfants écrasés sous des décombres, femmes violées, enlevées, assassinées, cadavres d’hommes jonchant les rues des villes et chaque jour la même chose. Chaque jour, un ciel qui s’assombrit et lâche sur les civils barils d’explosifs, obus, roquettes, bombes à fragmentation… Au sol, c’est le carnage, le fin du monde, les cris, le sang, les larmes, la peur, la mort. Et chaque jour, le ciel s’assombrit de nouveau. Chaque jour.
A plusieurs reprises, j’ai failli abandonner. Mais j’ai poursuivi parce que je me suis dit que si Samar Yazbek avait risqué sa vie pour décrire ce qu’elle a vu, je me devais de lire son témoignage, je me devais de savoir ce qui se passait là-bas, d’ouvrir les yeux pour comprendre l’enfer d’où venaient les réfugiés qui épuisent leurs dernières forces le long des routes.
Si nous tous nous savions cela, peut-être n’oserions-nous même pas penser une seule seconde ériger un mur entre eux et nous, peut-être au contraire ferions-nous tout notre possible pour les accueillir, le mieux possible. Si nous tous savions ce qu’ils ont vécu, alors notre regard serait différent.
Là-bas. Là-bas, il y avait un beau pays qui s’appelait la Syrie. Samar Yazbek y est née en 1970 dans la ville de Jableh mais elle a dû le quitter en juin 2011. Elle a dû s’exiler.
Loin de son pays et de son peuple, elle s’est sentie déracinée, inutile, comme morte. Alors, elle a préféré y retourner, risquer sa vie pour témoigner, dire au monde ce qu’elle a vu, entendu, senti. Lorsqu’elle a pris son crayon, elle s’est dit que les mots ne seraient pas à la hauteur, qu’ils ne pourraient en aucun cas traduire l’horreur absolue : « Évoquer ce qui se passait semblait absurde et frivole. Mes doigts se paralysaient, mon esprit se figeait. Ce blocage, cette paralysie, m’empêchait de reprendre mes notes, de plonger dans mes entretiens. Impossible de me débarrasser de ce sentiment de futilité. L’énormité de l’injustice, les massacres quotidiens m’avaient laissée sans voix. Je crus qu’il me faudrait une éternité pour retrouver ma capacité à écrire. »
Samar retourne clandestinement trois fois en Syrie en passant sous les barbelés de la frontière turque : en août 2012, février 2013, juillet-août 2013.
J’ai une admiration absolue pour cette femme qui repart sans cesse, risque à tout moment de mourir, en a parfaitement conscience mais repart quand même car elle a l’intime conviction que son rôle, sa mission est d’être là-bas, parmi les combattants, parmi les Syriens afin de les aider à faire face en mettant en place des projets humanitaires et en prenant des notes, comme un greffier de la guerre, pour dire au monde ce qu’elle a vu, ce qu’on lui a raconté. Elle a promis de dire, elle le fera. Le monde entier connaîtra la tragédie syrienne.
Au départ, au mois de mars 2011, éclate une révolte populaire pacifique, un souffle démocratique s’empare du pays : « Nous étions convaincus de pouvoir faire tomber le régime grâce aux grèves et aux manifestations. Nous n’avions pas prévu la suite des événements… et nous avons pris les armes. » expliquera Raed. Puis, c’est l’engrenage, la lutte de ce qui deviendra l’Armée Syrienne Libre contre les troupes de Bachar al-Assad et les groupes djihadistes extrémistes qui en profitent pour occuper le territoire. Un conflit compliqué qui se transforme vite en guerre religieuse, une espèce de monstre incontrôlable à deux têtes. Et au fond, le sentiment terrible d’une révolution volée, détournée, détruite, confisquée. Un rêve avorté.
Pour des civils peu armés, la tâche est insurmontable.
Alors, le quotidien devient vite un enfer : pénurie alimentaire, coupure d’eau, d’électricité, absence de médicaments, de médecins, pillages, bombardements à répétition, enlèvements, tortures, blessés et morts en grand nombre. Vivre caché. Un enfer sans fond, un trou noir proche de la mort. L’insoutenable. « Comment vais-je pouvoir écrire toute cette dévastation ? » se demande Samar. « Lire que des barils d’explosifs et des obus sont tombés pendant dix jours sans interruption dans la ville où vous avez vécu n’a rien à voir avec la vraie vie sous les bombardements. Depuis un an, Saraqeb est pilonnée tous les jours. Voir les cadavres amoncelés sous les décombres, ce n’est pas les toucher. L’odeur de la terre après l’explosion d’une bombe à fragmentation ne se transmet pas par le biais des photos et des vidéos diffusées par les militants qui sont en vie et capturent les événements par l’image. Où est la puanteur ? La panique dans les yeux des mères ? Ce bref moment de silence et de choc après chaque déflagration ? »
Et malgré les bombes qui tombent, Samar se déplace, interroge les gens sans cesse, sans relâche, bravant la mort qui la guette à chaque coin de rue.
Elle donne la parole à ceux qui n’ont pas de voix, elle se fait la voix des autres, de ceux qui sont restés là-bas, vivants ou morts, de ceux dont on ne parle pas, refusant par là même de les laisser tomber dans l’oubli.
Dans la terre rouge et brûlante de Syrie, entre un olivier un peu tordu et un vieux cyprès, le texte de Samar Yazbek est la petite fleur jaune qui pousse parmi les ruines et la rocaille.
Cette fleur s’appelle l’espoir...
Des gens comme Samar Yazbek l’arrosent un peu chaque jour…
Lire au lit : http://lireaulit.blogspot.fr/
http://www.leslecturesdumouton.com/archives/2016/03/09/33492468.html
« Je suis la conteuse qui examine vos vies fugaces, qui vous tiens dans son regard, comme nous le faisions lors de ces longues nuits, lorsque nous riions à gorge déployée en nous demandant lequel d'entre nous serait touché par le prochain obus. Je le fais pour vous. Je ne peux que vous faire apparaître dans mon esprit et bâtir vos histoires tels des piliers dressés entre la terre et le ciel.
J'écris pour vous qui avez été trahis. »
Samar Yazbek, journaliste et écrivaine syrienne, est une figure de l'opposition au régime de Bachar al-Assad. En juin 2011, suite au mouvement révolutionnaire et à des arrestations, elle finit par s'exiler en France avec sa fille. Cependant, l'appel du pays et surtout la volonté de relater les événements en cours – des événements qui dévient rapidement du pacifisme au radicalisme – l'incitent à retourner sur place malgré les risques de mort ou d'enlèvement.
Après un premier témoignage Feux croisés, elle revient avec Les portes du néant, trois portes pour trois dates – août 2012, février 2013, juillet-août 2013 – exposant une guerre d'anéantissement. Elle a ainsi bravé la frontière turco-syrienne, les bombardements, les divers dangers pour mener son enquête et révéler la vérité.
Samar Yazbek montre bien comment cette révolution en Syrie a été kidnappée, détournée par le pouvoir mais aussi par la faute des adversaires de ce pouvoir, tombés pour beaucoup dans le radicalisme, laissant le champ libre à la pensée islamiste. Mais surtout, Les portes du néant est un recueil de témoignages : les témoignages de ceux qui n'ont pas la parole notamment dans les médias, ceux qui connaissent la réalité du terrain, bien éloignée de celle qu'on imagine en Europe :
« Je désespérais que le monde ne puisse voir la réalité de la situation. On préférait nous considérer comme des sauvages, sans le moindre entendement. Ils ramenaient tout à l'extrémisme islamiste. La conséquence, c'est que tous les gouvernements et les peuples laissaient se poursuivre ce conflit d'une dangereuse sauvagerie. »
Un ouvrage plus que nécessaire à lire, qualifié par François Busnel de livre de « dissidence et de résistance » et appartenant pour Christophe Boltanski – qui signe une belle préface – à « la littérature du désastre ».
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