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Tout a commencé par un constat, une sensation, un sentiment. Le narrateur des mots étrangers qui ressemble à Vassilis Alexakis comme un frère s'est demandé s'il n'avait pas épuisé le sujet de ses allers-venues entre Paris et Athènes. Il s'est rendu compte que le trajet lui-même était devenu d'une banalité affligeante : plusieurs avions relient aujourd'hui les deux capitales et ils sont presque toujours pleins.
Écrivain grec de langue française, Alexakis décide alors de découvrir une nouvelle langue : le sango parlé en Centrafrique. Idée absurde au demeurant. Quel besoin aurait-il d'une troisième langue, après plus de trente ans passés à apprivoiser le français et autant de difficultés à retrouver, après son installation à Paris, la maîtrise de sa langue maternelle. Alors il y a peut-être une raison, la raison secrète et cachée de ce roman singulier et universel : le désir, l'envie irrépressible de redevenir un petit garçon. La nostalgie de cette période de la vie où on ne sait pas encore parler.
Découvrir le sango, c'est découvrir le monde, revisiter toute son existence, préparer peu à peu le voyage en Afrique, mais pas avant d'être compris et entendu dans cette langue inhabituelle. Comme il l'avoue lui-même, Alexakis a peut-être choisi d'apprendre une langue étrangère parce qu'il n'en connait probablement aucune.
Les mots étrangers est le roman d'un pari insensé. Il raconte une histoire, mille histoires, mais le défi que lance l'auteur à ses lecteurs est l'un des plus fous jamais lancés : à la fin du livre, nous aurons appris nous aussi à écrire et à parler le sango.
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