Rachel Khan se raconte dans Les grandes et les petites choses (Anne Carrière).
Nina Gary a 18 ans ; alors qu'elle tente de devenir une femme, elle réalise que quelque chose cloche. Entre son père gambien qui marche comme un tam-tam, son grand-père à l'accent de Popek qui boit de la vodka, entre le trop d'amour de sa mère cachée pendant la guerre, le rejet de la fac et la violence de la rue, elle est perdue. Noire, juive, musulmane, blanche et animiste, elle en a gros sur le coeur d'être prise pour une autre, coincée dans des cases exotiques où elle ne se reconnaît pas. Alors, elle court.
C'est la solution qu'elle a trouvée pour échapper aux injustices et fuir les a priori d'une société trop divisée pour sa construction intime. Elle fait le choix de la vitesse pour se prouver qu'elle a un corps bien à elle et se libérer de l'histoire de ses ancêtres, trop lourde pour ses épaules. Un mouvement permanent pour s'oublier, et tout oublier de la Shoah, de l'esclavage, de la colonisation et de la reine d'Angleterre. Courir pour se perdre, s'évader, se tromper, être trompée, se blesser, se relever peut-être. Ne plus croire en rien, seulement au chronomètre et en l'avenir des 12 secondes qui vont suivre. Sentir ses muscles, pour vivre enfin l'égalité - tous égaux devant un 100 mètres, à poil face au temps. Entre les grandes et les petites choses, c'est l'histoire de Nina Gary, une jeune fille qui court pour devenir enfin elle-même.
Rachel Khan se raconte dans Les grandes et les petites choses (Anne Carrière).
Ce roman - largement autobiographique - s’il n’est pas le chef d’oeuvre de l’année vaut néanmoins qu’on s’y intéresse ! L’héroïne, comme l’auteure, est métisse, moitié gambienne par son père, moitié juive d’origine polonaise par sa mère, vouée à une carrière d’athlète haut niveau. Le ton humoristique et dérisoire ne nous trompe pas, la souffrance et la colère se devinent entre les lignes de ce livre touchant, empreint d’intelligence. Un bon moment de lecture sur un sujet d’actualité …
Nina a une mère juive et un père africain, elle vit entre l’islam et la religion juive, métisse, l’auteur nous parle de ses difficultés – ni vraiment acceptée, ni vraiment rejetée – que ce soit dans ses cours de Droits ou à la synagogue. Elle nous raconte ses doutes, ses interrogations, ses révoltes, ses espoirs de jeune fille.
Un roman plein de sensibilité, c’est parfois drôle et souvent très touchant. J’aime cette pluralité, cette richesse, ce mélange. On sort grandit de cette lecture. C’est le genre de récit qui vous prends là et vous bouscule de par sa justesse et l’émotion qu’il amène.
Pour ma part, la différence de religion, de culture ne sont pas des problèmes, ce sont des richesses, c’est bien dommage qu’on érige des barrières et même qu’on en fasse des armes alors qu’il faudrait plutôt s’en servir pour s’unir, pour grandir.
– Merci Christelle de m’avoir prêté ce roman pour que je puisse le lire – je regrette juste de ne pas l’avoir lu avant de rencontrer l’auteur, j’aurais pu lui dire à haute voix combien je trouve qu’elle est une jolie personne, une jolie âme, merci pour vos mots, pour le partage de vos expériences – une richesse de culture/religion pas si facile à vivre dans ce monde qui est le nôtre…
L’humanité a tellement à apprendre. On manque tellement d’ouverture et de tolérance.
C'est un " Premier Roman " véritablement porteur d'espoir.
Il raconte le passage à l'âge adulte de Nina qui va devoir apprendre à exister en tant que " personne unique ". C'est une adolescente qui découvre la vie et cherche sa place de femme dans une société qui a trop tendance à " catégoriser " toujours plus.
Dans ce roman j'ai trouvé de l'humour, de la tendresse, de la colère et de l'amour et aussi une profonde humanité.
Un autre roman que j'ai découvert en tant que jury pour le festival du Premier Roman.
http://leslivresdejoelle.blogspot.fr/2016/07/les-grandes-et-les-petites-choses-de.html
De la difficulté de se construire sous le poids de l'héritage familial
Rachel Kahn / Nina Gary, née d'un père gambien et d'une mère blanche juive polonaise, est "couleur de pain d'épices".
Elevée dans un cocon familial par ses parents, elle vit avec son jeune frère et son grand-père maternel et découvre toute seule l'histoire de sa famille multiculturelle. Ses parents pensaient la protéger en la tenant à l'écart de leur histoire, son père est un professeur d'anglais qui vit au milieu de ses dictionnaires, il lui transmet seulement son obsession de "s'en sortir mieux que lui".
Elle prend conscience qu'elle a la Shoah et la colonisation en héritage. "Je suis une fille issue de deux histoires qui sont dans les livres. Celle d'un peuple qu'on a voulu éradiquer et celle d'un autre peuple que l'on a voulu soumettre"
Devenue étudiante en droit, elle se sent, par la couleur de sa peau et par ses origines, différente des autres étudiants tous bien nés, des "juristes de naissance", elle souffre de la façon dont on la juge sur les apparences, dont on lui met une étiquette sans la voir dans sa globalité. Voulant fuir l'ambiance pesante qui règne chez elle et le poids des histoires familiales, elle trouve refuge dans l'athlétisme et bat des records en course à pied.
Un récit personnel parsemé de touches d'humour sur les difficultés à trouver sa place quand on est métisse, un beau témoignage sur la difficulté à se construire Le sujet est intéressant , le récit assez agréable à lire mais un peu trop superficiel à mon goût, le sujet aurait gagné à être plus développé.
Lu dans le cadre du challenge 68premiéres fois
Voici le premier livre que je lis dans le cadre des 68premières fois. D’une écriture simple et plaisante, l’auteure, qui s’est largement inspirée de sa vie, nous parle de la France de nos jours, et de l’insertion des métisses. L’héroïne du livre, le double de l’auteure est une jeune fille, d’un père africain, qui sait lui rappeler le passé négrier et d’une mère d’origine juive. Son grand père sait lui aussi lui rappeler le passé des juifs. Que peut elle faire avec un tel passé, est ce plombant ou alors est ce une force ? Elle est étudiante en droit à Assas (!!) et subit certaines discriminations et préjugés encore très persistant en France. J’ai beaucoup aimé sa façon de décrire la montée de la rue vers l’université. Enfant, elle souhaitait faire de la danse classique mais une professeure la brimer car elle avait « un postérieur » trop « noir ». Et un jour, elle découvre l’athlétisme. Elle va y progresser malgré là aussi quelques préjugés. Ce livre est surtout aussi le roman d’une adolescence qui découvre la vie et cherche sa place de femme dans la société. Elle nous raconte la vie de la famille, ses études, de beaux portraits très succulents d’étudiants bon chic bon genre, ses entraînements, ses rencontres et histoires avec les garçons. Un livre qui se lit avec plaisir et quasiment d’une traite et qui l’air de rien aborde, avec un réel humour et décalage, les préjugés et les difficultés que connait la société française, dans son intégration. Un beau portrait d’une jeune fille et un touchant premier roman.
Mais ce livre est un petit bijou. D’abord on s’imagine entrer dans un roman, un bon roman, au style léger et joyeux, alors qu’il y a une telle profondeur dans ce qui est dit, et surtout ce qui est vécu par l’auteur !
Ensuite, on découvre le personnage, Nina Gary, ou Rachel Khan, sportive de haut niveau, juriste aux multiples diplômes universitaires, conseillère la culture du cabinet de Jean-Paul Huchon en ile de France, et aujourd’hui actrice, rien de moins.
Sous une narration humoristique on sent une profonde humanité et une grande érudition. Car comment prendre à la légère ce qui arrive à Nina dans les vestiaires du stade, et qui est juste terrible. Si ce n’est en se comparant avec ce qu’a enduré et souffert la famille de sa mère, déportée, exterminée car juive, ou de son père, descendant d’esclave en Gambie…
Nina à des parents qui rappellent fortement ceux de Rachel bien sûr ! Une mère juive qui est libraire et se réfugie dans ses livres pour ne pas dire, ne pas parler ; un père prof d’anglais d’origine africaine, un grand-père qui parle Yiddish à la maison, rescapé des camps, souvenir vivant de ce que peut être l’horreur.
Alors, oui, Nina est juive, oui, Nina est noire, Nina est blanche par sa mère, Nina est également musulmane et animiste par son père, et Nina est faite pour la course, car c’est bien connu les noirs courent vite ! … Mais comment vivre lorsque où que l’on se tourne, on devient une minorité visible ? Elle y réussira, et ce roman est un excellent moyen de nous le montrer.
J’ai passé un excellent moment de lecture en compagnie de Nina, admirative de sa force de caractère, de son sens de la famille, de son amour de la vie avant tout, et avec quelle dérision elle réussit à rendre stupides à nos yeux de lecteurs ceux qui soulignent les différences au lieu de les accepter. Une belle leçon de vie.
https://cahiersvarisetplumenacre.wordpress.com/cahier-des-lectures/
Un premier que j’ai dévoré ! J’ai été vraiment prise par l’histoire de Nina Gary qui se livre comme dans un journal intime grâce au style très direct choisi par l’auteur. Je l’ai trouvée sincère et très crédible. On a même l’impression que l’on est près d’une autobiographie.
Quelques mots sur le récit : Nina a 18 ans, est étudiante en Droit à Paris. Elle vit avec son père gambien et musulman, sa mère juive a été cachée à sa naissance pendant la deuxième guerre mondiale et son grand-père maternel. Elle a été passionnée par la danse classique qu’elle a pratiquée de nombreuses années jusqu’au jour où elle a été renvoyée. (Tiens ! Un clin d’œil au premier roman « De ce pas » aussi sélectionné dans les 68 premières fois) Maintenant, elle se passionne pour un autre sport pour lequel elle portera aussi des pointes mais pas les mêmes, je n’en dirai pas plus pour vous laisser découvrir l’histoire au fur et à mesure.
Nina est métisse et tout au long de ce roman, on sent l’importance de ses origines et du vécu de sa famille. Par exemple, elle aime se cacher pour fumer pour sentir ce que c’est vraiment que de vivre caché comme sa mère enfant. Elle apporte son regard sur l’immigration qu’a vécu son père qui « est né au XVIIIème siècle et avec son bateau est arrivé au XXème » (p 20). Voici ce qu’elle en dit : « Dans les journaux, on utilise beaucoup ce mot, « immigration », sans prendre de recul, sans voyager autour, sans comprendre que ça concerne de vraies gens, qui sont parfois des pères. L’immigration ça veut dire que l’on veut s’en sortir. On part. On ne prend presque rien. Tout le reste dans le corps et le cœur, le reste est vide, la bouche est vide. On part. Vers l’inconnu. » (p 19)
J’ai senti ce livre comme le cri de cette jeune fille qui n’attend qu’à ce que son avenir explose.
Quelques phrases pour s’en convaincre :
« J’aime la vitesse : intense, impulsive, irréfléchie » (p 35)
« J’ai envie de briser le silence. Plus le silence plane, plus ma révolte grandit » (p 95)
« Je suis une explosion dans les starting-blocks » (p 202)
C’est pour moi un premier roman très réussi.
LES GRANDES ET LES PETITES CHOSES DE L’AUTEUR RACHEL KHAN 203 PAGES EDITIONS AC FEVRIER 2016
Résumé :
Nina Gary a 18 ans ; alors qu'elle tente de devenir une femme, elle réalise que quelque chose cloche. Entre son père gambien qui marche comme un tam-tam, son grand-père à l'accent de Popek qui boit de la vodka, entre le trop d'amour de sa mère cachée pendant la guerre, le rejet de la fac et la violence de la rue, elle est perdue. Noire, juive, musulmane, blanche et animiste, elle en a gros sur le cœur d'être prise pour une autre, coincée dans des cases exotiques où elle ne se reconnaît pas. Alors, elle court.
C'est la solution qu'elle a trouvée pour échapper aux injustices et fuir les a priori d'une société trop divisée pour sa construction intime. Elle fait le choix de la vitesse pour se prouver qu'elle a un corps bien à elle et se libérer de l'histoire de ses ancêtres, trop lourde pour ses épaules. Un mouvement permanent pour s'oublier, et tout oublier de la Shoah, de l'esclavage, de la colonisation et de la reine d'Angleterre. Courir pour se perdre, s'évader, se tromper, être trompée, se blesser, se relever peut-être. Ne plus croire en rien, seulement au chronomètre et en l'avenir des 12 secondes qui vont suivre. Sentir ses muscles, pour vivre enfin l'égalité – tous égaux devant un 100 mètres, à poil face au temps. Entre les grandes et les petites choses, c'est l'histoire de Nina Gary, une jeune fille qui court pour devenir enfin elle-même.
Mon avis :
J’ai lu tout le livre. Le début m’a fortement intéressé mais au fil des pages malheureusement, l’engouement du départ est retombé. J’ai décroché au fur et à mesure. L’histoire n’est pas assez développée pour moi. Il se lit vite mais l’émotion du début n’est plus ressentie à la fin pour ma part.
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