Le Prix Orange du Livre 2023 dévoile sa liste
Voilà longtemps que Louise Fowley n'avait pas emprunté la route 385 pour rejoindre Val Grégoire, une petite ville au nord du nord de la forêt boréale. C'est là qu'elle a passé son enfance avec Marco Desfossés, le fils du despote local, et le clairvoyant Laurence Calvette. Ensemble, ils formaient un trio flamboyant. Jusqu'à l'événement. Aujourd'hui, vengeance en bandoulière, Louise est prête à relancer les dés, racheter ce qui peut l'être.
Un grand bruit de catastrophe nous entraîne dans les territoires rudes de la Côte-Nord, à la frontière du Labrador canadien. Dans une langue inventive et vernaculaire, Nicolas Delisle-L'Heureux raconte l'histoire d'une amitié percutée par la cruauté du destin comme s'il faisait pivoter un cristal jusqu'au dénouement. Il signe un roman ample et addictif. Il vit à Montréal.
Le Prix Orange du Livre 2023 dévoile sa liste
Ce roman aux accents canadiens est une pépite, une vraie, qui vous tient en haleine de la première à la dernière ligne. Lu en une journée. Que dis-je, en une soirée.
Il faut emprunter la route 385 pour rejoindre Val Grégoire, petite ville canadienne perdue dans la forêt, sortie de terre sous l’impulsion de celui qui est devenu le Maire Desfossés. Cette ville maudite, on y nait et jamais on ne la quitte. C’est du moins ce qu’en disent les habitants qui, condamnés à rester, perpétuent leurs dysfonctionnements de génération en génération.
Louise, fille adoptive de parents ultra-religieux fraichement installés en ville, trouve le moyen d’échapper à cette atmosphère pesante auprès des jeunes Marco et Laurence. Leur amitié est une bouffée d’oxygène, et la joyeuse bande devient vite inséparable. Ensemble, ils rêvent de voyages, de liberté et d’aventures. Jusqu’à l’incident.
Louise et sa famille quittent précipitamment la ville, le trio éclate, laissant dans son sillage les débris d’un traumatisme que tout le monde préfère taire.
Il faudra attendre quinze ans pour faire la lumière sur les événements et offrir à Louise sa revanche.
Ce qui m’a époustouflé, c’est la construction du roman qui alterne les points de vue et nous distille avec habileté les éléments propres à éclaircir le mystère. Le tragique est là, tapis derrière chaque mot, chaque page. On retient sa respiration à mesure que l’on découvre ces trois destinées. Tous les personnages, principaux et secondaires, sont parfaitement ciselés, riches et complexes, avec une mention spéciale pour Louise la rebelle.
Je ressors enchantée de cette lecture qui m’attendait sagement sur ma table de chevet. Le grand bruit de catastrophe a enfin résonné chez moi, et je ne le regrette pas.
Un grand bruit de catastrophe est un roman écrit par l’écrivain canadien Nicolas Delisle-L’Heureux, que j’ai pu découvrir grâce au Prix Orange du livre 2023, car ce roman fait partie des livres sélectionnés. Il nous emmène dans une ville fantôme, Val Grégoire, créée dans les années 50 dans le but d’exploiter le bois de la région ; un trou où trois jeunes gens nouent une amitié qui constituent le fil du récit.
Val-Grégoire est un rond-point d’environ cinq kilomètres. La rue Principale a la forme d’un lasso, ou d’une corde pour se pendre, ce qui influence le moral général.
Un grand bruit de catastrophe est l’histoire d’une amitié, celle qui unit Louise, Marco et Laurence. Louise est la meneuse du groupe, Marco le dernier rejeton d’une famille haut-en-couleurs dont l’aïeul fut le premier maire de Val Grégoire ; Laurence quant à lui est le plus réservé et le plus sensible. Dans cette ville où peu de choses se passent, cette amitié constitue pour eux leur raison de vivre :
Les trois amis vécurent une courte période où le temps s’étira pourtant lentement et où tout ce qui se profilait à l’horizon demeurait informe. Cette époque n’appartenait à aucune ère, déconnectée totalement de tout ce qui aurait pu, autour, produire des secousses et creuser des plaies. L’été tout le temps. Ils riaient en déployant leurs gorges comme des crocus d’automne et les Valgrégois cessaient de râler ou de se battre dès que leurs éclats fendaient l’air. Toutes les enfances du monde rêvent secrètement d’avoir existé à la manière de ce trio.
Or, en 1991, alors que Louise n’est âgée que 13 ans, elle tombe enceinte, la famille s’exile et le trio éclate. Par morceaux, le lecteur en apprend plus sur les drames qui se sont alors noués autour des trois jeunes gens. Et c’est là une grande force du livre. En effet, Nicolas Delisle-L’Heureux prend l’option d’un récit non linéaire : on découvre tout d’abord Louise devenue adulte revenir à Val Grégoire et se rendre chez Wendy et Willy. Qui sont-ils ? Quelle est leur place dans le livre ? Les différents éléments du puzzle se mettront en place progressivement, et ce, de façon très subtile. On apprend ce qui fit que les trois inséparables ne se virent plus, ce que fut le parcours de chacun.
Je le disais en introduction : ce roman nous emmène dans une région du Canada qui est un cul-de-sac. Dans ce monde qui semble sans perspective, impression renforcée par les paysages sans fin, où l’on considère un jeune rebelle surnommé « Le baron » comme le modèle à suivre car il a su quitter Val Grégoire, la tonalité du livre peut paraître sombre ; il n’en est finalement rien et ce grâce au style et à la langue de l’auteur, à l’attachement qu’on éprouve envers les personnages, et finalement aussi à l’espoir que chacun caresse de trouver sa propre voie.
Au final, Un grand bruit de catastrophe est un livre que j’ai été très heureux de découvrir. Merci à Orange pour cet envoi.
Peut-on choisir et mener sa vie sans tenir compte de son enfance, de son passé ? C’est la question que pose Nicolas Delisle-L’Heureux à travers son roman.
Comme les ouananiches, cette variété de saumon d’eau douce vivant dans les eaux canadiennes, qui n’ont jamais trouvé l’issue les menant à l’océan, les habitants de Val Grégoire, une petite ville du nord-est du Canada, presque le bout du bout du monde, semblent ne pouvoir quitter leur village, emprisonnés par l’éloignement et le climat, gardés par la « La Gourmande », la 385, seule route à relier ce bourg au reste du monde, particulièrement accidentogène.
Tout est figé dans ce lieu. Et lorsqu’un drame arrive, les gens préfèrent « évacuer » le problème en exilant la ou les victimes.
C’est ce qui arrive à Louise, gamine adoptée par un couple de prédicateurs venus s’installer à Val Grégoire. Rebelle, elle forme avec Marco et Laurence, un trio fantasme et joyeux à l’opposé de la mentalité régnant dans le bourg. Mais à l’adolescence, le trio va exploser à cause de l’agression subie par Louise. Pour éviter un scandale, ses parents décident de partir et de placer la jeune fille dans une pension.
Bien des années plus tard, Louise décide de revenir à Val Grégoire, à la recherche de ses anciens compagnons, Marco, l’amoureux transis et Laurence, le taiseux. Elle retrouve également Wendy, la petite sœur de Laurence, handicapée et Willy, son grand frère, cause de son départ. Elle constatera que si le nombre d’habitants a considérablement diminué, la mentalité est restée la même.
Nicolas Delisle-L’Heureux nous présente un Canada hors des sentiers battus. Loin de la beauté des paysages des grands lacs ou de l’éclatant flamboiement de l’automne, il nous invite dans une réalité difficile et angoissante. L’utilisation du parler québécois est utilisée avec parcimonie et nous procure une sensation d’évasion sans avoir à utiliser un dictionnaire de traduction.
En prenant l’option de raconter la même histoire par le vécu des trois personnages principaux qui formaient une sorte de « clan des trois », il a pris le risque que le lecteur ait un sentiment de redite. Mais heureusement, dans chaque version, des éléments font avancer le récit. C’est un livre puzzle où petit à petit, l’auteur nous emmène à saisir les tenants et les aboutissants. Ainsi, on s’attache à ce mal-être de Louise, venu de son enfance et qui conditionne toute sa vie d’adulte. Pourra-t-elle un jour s’en dégager ? Telle est la question.
Donc, "tabernacle, c’rait plate" :-) de pas le lire, ce roman…
Lu dans le cadre du Prix Orange 2023.
Je remercie la Fondation Orange et les Éditions Les Avrils de m’avoir permis de découvrir cet auteur.
Une histoire d'amitié entre trois personnages, de l'enfance à l'âge adulte, voilà qui au départ n'est pas vraiment le genre d'histoire qui me plaît le plus, mais un coin reculé du nord-est canadien, cela me parle plus. Louise, arrivant enfant dans la petite ville de Val Grégoire, aux confins du canada, près du Labrador, ne se sent pas à sa place, ni en classe, ni dans sa famille, mais se lie vite d'amitié avec Laurence et Marco, deux garçons aussi dissemblables que possible. Et pourtant, leur trio fonctionne, se fait remarquer et bâtit des rêves d'avenir, loin de Val Grégoire. Car une sorte de malédiction semble peser sur les habitants de la ville, qui tels des ouananiches, ces saumons qui vivent seulement en eau douce, même si l'accès à la mer ne leur est pas bloqué, ne réussissent jamais à quitter leur région.
Le roman est fort bien construit puisque partant d'un événement intrigant, quand Louise est adulte, il revient sur son enfance, puis, vers le milieu du roman, amorce une explication à ce qui s'est passé au début, avant, au final, de dénouer le tout. Les personnages sont forts, fascinants, et les lieux le sont tout autant. Mais ce qui est le plus remarquable, c'est la langue utilisée par l'auteur, pleine d'imagination, de couleurs et de fureur. Il ne reste plus qu'à espérer qu'il nous régalera de nouveau de ses mots.
Un texte qui nous entraîne dans une région du Canada, à la frontière du Labrador canadien.
A Val Grégoire, une petite ville du nord canadien, trois adolescents se rencontrent au collège et leur amitié va essayer de perdurer : Louise, adoptée par une famille ultra-religieuse, Marco, un des fils du maire, Laurence, troisième enfant d'une famille de déjantés.
Ce livre va relater la vie des ces trois jeunes et ce qu'ils sont devenus.
L'auteur décrit sans concession la vie dans cette ville, les relations sociales, le déterminisme social mais aussi les espoirs en partant mais le passé resurgit.
Un texte sur une vie difficile mais aussi de belles pages sur les amitiés adolescentes et j'ai apprécié de lire quelques expressions de français québécois mais qui ne dérange aucunement dans la lecture de ce texte bouleversant.
L'auteur parle si bien de ces régions rudes, de ces petites villes avec leur hiérarchie sociale, leurs non dits, leurs cruautés entre les habitants, mais aussi un beau texte sur l'adolescence et les espoirs à travers le portrait de ces trois jeunes gens.
#Ungrandbruitdecatastrophe #NetGalleyFrance
S’il est une langue – ou dialecte ? – que j’adore, c’est bien le français canadien. A la lecture du roman de Nicolas Delisle L’heureux "Un grand bruit de catastrophe", j’ai retrouvé intact cet engouement, sans doute lié à un séjour culturel dans ce pays il y a quelques années. La musicalité de son écriture, son vocabulaire imagé m’ont enchantée.
L’histoire de Louise et de ses amis est certes noire, très noire même. Et pourtant, l’écriture, la construction très intéressante, l’humour disséminé çà et là rendent lumineux ce récit d’amitié. Une amitié née à Val Grégoire, tout au nord de la forêt boréale, entre Louise Fowley, Marco et Lawrence, un trio inséparable jusqu’à ce que…un événement, oui L’événement… Le trio éclate, la famille de Louise quitte la région. Ce serait dommage d’en connaître davantage. Il est important de se laisser porter par cette histoire tragique animée par des personnages attachants, voire fascinants. Des personnages prisonniers, comme les ouananiches, ces saumons arrêtés dans les eaux douces – en quelque sorte fil conducteur de ce récit – qui rêvent de briser les chaînes de leur atavisme familial.
Ce roman est d’une grande beauté, on y ressent l’attrait des grands espaces, la profondeur des drames familiaux, l’esprit de vengeance qui va ramener Louise sur ces terres quittées quelques années auparavant. J’ai eu l’impression d’admirer une fresque, d’écouter les voix chantantes de ceux qui racontent, se racontent. Ce sont trois voix qui à tour de rôle disent leurs problèmes, leurs sentiments, ressentiments. Le ton est envoûtant, touchant, émouvant. J’ai eu l’impression, en lisant ce roman de mettre bout à bout des morceaux de l’histoire pour arriver à une fin magistrale. J’ai eu l’impression de passer par toutes les émotions : la peur, la joie, l’admiration, l’étonnement…
Je n’avais pas lu le premier roman de cet auteur, mais je le ferai à coup sûr, impressionnée par la qualité de celui-ci : un roman, un vrai !
Roman sélectionné pour le Prix Orange du Livre
https://memo-emoi.fr
UN REMARQUABLE ROMAN NOIR ! Coup de cœur !
"Elle était donc seule dans un monde qui gobe les soleils, même ceux que l'on dissimule au fond des âmes et des gorges; elle savait pertinemment qu'il lui faudrait faire preuve de vigilance pour empêcher sa famille de venir à bout de sa lumière."
Voilà. Pour vous donner une idée du cadre et de l'ambiance.
À Val Grégoire, médiocre ville du Nord Canadien, ils sont trois adolescents à tenter de vouloir fuir ce lieu qui n'apporte rien de bon à personne. Louise, Marco, Laurence. Tous issus de familles dysfonctionnelles, ils forment un trio flamboyant qui rêve d'aventures et d'ailleurs. Mais, en 1991, un évènement tragique va rebattre les cartes et bouleverser leurs destinées.
La construction de ce roman est particulièrement originale. Dans le prologue, de nombreuses années après l'événement, Louise revient à Val Grégoire pour se venger enfin. Puis on rembobine. Et on découvre ce qui s'est passé ce soir là, le moment clé où tout a basculé. Le voile va peu à peu se lever sur qui sont vraiment ces adolescents, et ce qui les a façonnés.
La plume, portée par une langue canadienne savoureuse est absolument superbe. Les personnages sont tous parfaitement campés et les dialogues réussis, avec de petites touches d'humour qui font du bien et contrastent avec cette ambiance poisseuse. Le climat est pesant, on s'imagine sans peine au cœur de ces immensités canadiennes et l'atmosphère est poignante et singulière.
Un grand bruit de catastrophe c'est la confrontation de rêves d'adolescents à une rudesse implacable. C'est un roman noir absolument remarquable, une histoire sombre et lumineuse à la fois qui m'a complètement happée.
Nicolas Delisle-L'heureux raconte merveilleusement l'adolescence, cette période où tout se joue, où des petits riens peuvent prendre des dimensions démesurées et bouleverser des vies.
Les mots me manquent pour vous dire à quel point j'ai aimé ce roman... Lisez-le & vous comprendrez !
Je recommande, bien évidemment !
Le pacte de Marco, Louise et Laurence
Trois adolescents se promettent de faire leur vie loin de ce coin perdu du Canada où ils étouffent. En suivant les pas de Marco, Louise et Laurence, Nicolas Delisle-L’Heureux raconte une amitié qui va virer au drame dans une société loin d'être émancipée.
Commençons par planter le décor, essentiel dans ce roman. Nous sommes en 1956, une année qui a marqué le narrateur, «puisque c’est celle où nous avons commencé à naître, infatigablement, comme une diarrhée mal soignée» à Val Grégoire, une de ces cités loin de tout, qui a poussé comme un champignon, dans le Nord du Québec. «Après L’hôtel de ville on y construisit l’épicerie, l’école primaire, puis secondaire, la piscine, l’aréna, le poste de police, la caserne de pompiers, la station-service, les rues asphaltées, les ballons qui roulent devant la voiture à la dernière seconde, les panneaux de limite de vitesse, le bureau des examens de conduite. On vit apparaître un des hôpitaux les mieux équipés de la province, une prison tout inclus (avec buffet à volonté, activités de groupes tous les matins et spectacles amateurs des geôliers le vendredi), un asile psychiatrique tout ce qu’il y a de plus innovant, ainsi que la Plaza du monde, un centre commercial fait sur le long où on vendait du linge comme on en voyait à la télé.» La dynastie Desfossés a mis la main sur la mairie et règne sur la communauté. C'est au tour de Jean-Marc, qui n'est pas le plus fûté, d'entrer en scène. Avec son épouse Marie-Pierre, ils sont à l'origine du désastre à venir, en mettant au monde, de 1972 à 1978, «comme de vilains lapins, sept garçons: Ricardo, Julio, Bruno, Théo, Mario, Léo et Marco – ils l’expliquaient avec le plus grand sérieux: "Le o, c’est pour l’onneur."»
C'est Marco, le dernier de la lignée, qui va s'acoquiner avec Louise Fowley et Laurence Calvette, formant un trio aussi inséparable qu'improbable. Ils essaient de tuer leur ennui et leur scolarité médiocre en participant à quelques mauvais coups. Mais l'élément déclencheur du drame à venir, est une virée durant laquelle Louise perdra sa virginité. Pas avec Laurence, comme la logique le voudrait, mais avec son grand-frère William qui va la forcer et la mettre enceinte.
Une situation que Louise gère en prenant la fuite pour Montréal, espérant que ses deux amis la suivront bientôt. Mais si Marco et Laurence disparaissent effectivement et sont officiellement portés disparus, personne ne sait ce qui leur est arrivé.
La seconde partie du roman, qui court sur une quinzaine d'années, fera la lumière sur ce «traumatisme collectif jamais convenablement soigné et qui a gangrené l’âme de la ville.» On y verra Louise revenir à Val Grégoire. Pour se venger ou pour retrouver la trace de ses amis d'enfance?
Nicolas Delisle-L’Heureux met habilement en place les pièces du puzzle, dévoilant peu à peu ces destins bousculés jusqu'à l'épilogue très réussi. Des amitiés adolescentes au poids du déterminisme social, de l'envie de fuir un environnement désespérant à la force des liens familiaux, l'auteur réussit à dresser un vaste panorama de quelques questions existentielles majeures. Servi par l'exotisme de la langue, il confirme avec ce second roman toutes ses qualités de narrateur. Une belle réussite!
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Je comprends bien ton appréciation mais je ne suis pas du tout rentrée dans ce roman, que j'ai trouvé confus.... :-)