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Mehdi Azzam a grandi à Vitry. Elevé durement par son père, il se réfugie dans le sport. Très vite repéré, il devient un bon joueur de foot. Appelé en équipe de France, sa cote flambe puis se tasse brusquement pendant son séjour en Angleterre. A l'étranger, Mehdi devient un joueur sans talent. Rétrogradé, il se retrouve à Reims. Le footballeur vit là avec sa femme et ses filles - lorsqu'un journaliste lui annonce un article à paraître dans la presse nationale du lendemain : la femme de Mehdi y dénonce les violences conjugales qu'elle subit.
Les Divisions raconte la mécanique qui, dès lors, va s'enclencher. Les différents acteurs - avocat, journaliste, etc - se contentent de jouer leur partition et de tirer le meilleur parti de la situation. Car aujourd'hui la vérité n'a plus d'importance. Les convictions ont remplacé les faits, les dénonciations les démonstrations. Les Divisions, version moderne de la fable, est le deuxième roman d'Eric Halphen chez Buchet/Chastel.
En liant sa passion du football avec son analyse de la société contemporaine, Éric Halphen propose Les divisions. Son nouveau roman décortique le retentissement de l’intime défaillant, la violence conjugale, lorsque leur révélation se fait sous un éclairage mondialisé. Bien écrit, le roman dresse une image fine et documentée de notre société.
Quelques brins de l’histoire
Medhi Azzam est un sportif de haut niveau. Ex-footballeur en équipe de France, il doit faire sa place au sein d’un nouveau club, celui de Reims. Marié à Jessica, légèrement neurasthénique en ce moment, il a deux petites filles, des jumelles.
Aurélien Pille, un journaliste, souhaite le rencontrer pour lui parler d’un article à paraître prochainement. Animateur du site Football Factory, calqué sur ses grands frères anglo-saxons, Pille a des antennes un peu partout. Remarqué par quelques médias, il commence à se faire un nom dans son domaine.
Son lien avec Lise Verenski n’était pas qu’amical. Journaliste pour la version numérique de L’Obs, elle recherche sans cesse des scoops qui font vivre son domaine.
Jessica décide de révéler les violences conjugales qu’elle subit et choisit la journaliste, Lise, pour confidente.
Complexité de la réalité sociale
Ainsi débute Les divisions de l’ancien juge anticorruption Éric Halphen qui a défié un ancien Président de la République. Après s’être essayé à la politique, il crée l’association Anticor pour développer l’éthique en politique. Association qu’il a quittée depuis. L’ancien magistrat, devenu président de la chambre d’instruction à la cour d’appel de Paris, se consacre depuis longtemps à l’écriture.
De sa formation de juge d’instruction, l’écrivain Éric Halphen utilise sa capacité d’analyse. En choisissant de raconter le point de vue de Medhi puis celui de Jessica, il montre tous les aspects à l’œuvre dans ce type de situations. Ici, aucun jugement, mais juste, la recherche des responsabilités de chacun, avec une intrigue savamment entretenue.
Éric Halphen s’intéresse à la complexité des rapports sociaux. Toutes les nuances fondent une partie de la vérité. Seulement, vient s’ajouter la médiatisation qui recherche, de façon toujours péremptoire, la simplification des situations à l’excès.
Des grains de sable
Seulement dans la narration, trop de détails tuent le déroulement du récit. Eric Halphen pêche par l’envie d’être exhaustif, c’est dommage, car le talent est tout à fait présent et la connaissance de la nature humaine, très fine.
Selon sa formule qu’un juge est « un grain de sable dans le rouage », Éric Halphen étudie dans son roman Les divisions tous les grains de sable qui perturbent l’accompagnement d’une femme victime de violences conjugales. Lorsque les médias s’en mêlent, les difficultés sont décuplées, chaque protagoniste franchissant des zones qu’il n’avait jamais anticipées. Pourtant, la fin, optimiste, permet à chaque membre, de sortir de cette épreuve, plus mature et apaisé.
Un roman complexe et fouillé, un peu trop au risque de s’y perdre, mais qui témoigne d’une justesse dans l’analyse avec une intrigue bien construite. À découvrir !
Chronique illustrée ici
https://vagabondageautourdesoi.com/2024/04/22/eric-halphen-les-divisions/
Le footballeur accusé de violences conjugales
Dans son nouveau roman, Éric Halphen analyse l'onde de choc que provoque la séparation d'un footballeur et de son épouse qui l'accuse de violences conjugales. L'occasion pour le magistrat de détailler l'emballement médiatique, de sonder l'engagement des avocats, de creuser au sein des familles. Un roman éclairant.
Mehdi Azzam est footballeur professionnel en fin de parcours. Après une expérience à Tottenham, il a pu rebondir au Stade de Reims. Sa carrière avait débuté à Auxerre puis à Saint-Étienne. C'est à ce moment qu'il avait été appelé en équipe de France, que sa cote avait flambé avant de s'étioler «brusquement dans une Angleterre en phase terminale de confinement.»
Mais si ses performances déclinent sur le plan sportif, le coup le plus dur va venir sur le plan personnel.
Comme va le lui révéler Aurélien Pille, le journaliste qui a créé le site Football Factory et qui a réussi à se créer un bon réseau d'informateurs, sa femme s'apprête à révéler qu'elle est victime de violences conjugales. Une accusation grave qui secoue Mehdi, même s'il essaie de ne pas paraître affecté par la nouvelle.
En rentrant chez lui, il espère avoir une explication avec Jessica. Mais il trouve la maison vide. Son épouse a quitté le domicile conjugal avec leurs deux enfants.
Une période de fortes turbulences débute alors. Il y a d'abord la confession recueillie par Lise Verenski, en charge du site numérique de l'Obs. Son scoop va agiter toute la sphère médiatique, mais aussi juridique. Car la notoriété de l'accusé peut servir la cause des femmes battues, surtout dans une France post-#metoo. Et alors que Jessica, qui a trouvé refuge à Paris après avoir déposé ses filles chez ses parents, passe à la télévision pour appuyer son témoignage, Albertina Coggia, l’agente du joueur, est alors obligée d’intervenir. Après avoir hésité un instant, elle choisit de poursuivre sa collaboration, tout en conseillant au joueur de faire profil bas. Il faut bien préserver la valeur marchande du joueur.
Éric Halphen étudie parfaitement cette onde de choc qui frappe à des degrés divers tout le pays. Ainsi, les instances du club sont aussi prises dans la tourmente. Le président, qui veut s'éviter une mauvaise publicité, l'entraineur – qui accumule les mauvais résultats – qui après avoir tenté de préserver son joueur est contraint de la lâcher à son tour. Car la pression des féministes, munies de banderoles demandant l'exclusion de Mehdi, est trop forte.
De nouveaux éléments apparaissent et la machine judiciaire se met en route. Tandis que les avocats des deux parties fourbissent leurs armes, les familles se mêlent au débat, à commencer par le père de Mehdi qui va s'engager sur une bien mauvaise voie.
En explorant toutes les divisions touchées par une telle affaire, l’auteur sonde aussi les failles d’un système. On y découvre ainsi des avocats venant faire leur marché en fonction de l'écho médiatique, des solidarités très intéressées, des journalistes toujours plus avides de sensationnel, des rêves de gloire qui s'accompagnent de quelques compromissions. Sans oublier l'héritage familial.
Alors que reste-t-il de la présomption d’innocence quand les réseaux sociaux se déchaînent, que d’un côté les racistes s’emparent avec délectation de cette affaire et que de l’autre les féministes s’instaurent en procureur avant même d’avoir examiné les pièces du dossier. Chaque communauté se retranche derrière ses convictions. C’est le règne du repli sur soi, mais aussi de l’insécurité et de l’instabilité.
Un roman riche, fort et éclairant.
NB. Tout d'abord, un grand merci pour m'avoir lu jusqu’ici! Sur mon blog vous pourrez, outre cette chronique, découvrir les premières pages du livre. Vous découvrirez aussi mon «Grand Guide de la rentrée littéraire 2024». Enfin, en vous y abonnant, vous serez informé de la parution de toutes mes chroniques.
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Mehdi Azzam est un joueur de foot talentueux, sélectionné à plusieurs reprises en équipe de France, ce qui lui a valu les feux de la rampe et un transfert dans un prestigieux club anglais. Mais Outre-Manche, il n’est plus qu’un bon joueur parmi d’autres, qui doit faire ses preuves pour mériter sa place sur le terrain. Un échec, et un retour en France, à Reims, où il s’installe avec sa femme Jessica et leurs deux filles.
Alors que Mehdi travaille sans relâche pour se refaire une réputation sportive, c’est son image d’homme qui est sur le point de se fracasser : un journaliste lui apprend que Jessica s’apprête à dénoncer dans la presse les violences conjugales dont elle est victime.
Une fois l’article publié, deux camps vont s’opposer par médias et réseaux sociaux interposés : celui qui prend fait et cause pour Jessica (sans avoir pris la peine de demander à Mehdi sa version des faits), et celui qui pose Mehdi en victime de racisme (sans, non plus, avoir pris la peine d’interroger le principal intéressé).
Pendant que son couple, sa famille, sa carrière, sa vie s’effondrent, Mehdi fait profil bas, se tait dans toutes les langues, n’avoue ni ne dément rien. Quant à Jessica, son caractère lunatique et taiseux et ses déclarations laconiques et peu circonstanciées sèment le doute sur leur authenticité. Les journalistes s’emballent, les avocats se mettent en ordre de bataille, le maire et les dirigeants du club de Reims cherchent à se couvrir, mais la justice n’agit pas, faute d’avoir été saisie par un dépôt de plainte de Jessica.
Comment faire surgir la vérité, dans ce cas ? Bonne question, dont personne ne se préoccupe : « Mais personne n’avait cherché à séparer le vrai du faux, à croire que la vérité (à supposer qu’il y en ait réellement une, la question n’était pas si stupide qu’il y paraissait, parfois il y avait de quoi douter tant cette vérité, quel que soit le nom qu’on lui donne, changeait selon l’angle avec lequel on l’appréhendait) n’intéressait personne. Les policiers, les médias, l’avocate, les féministes, ses quelques amies, et surtout sa propre famille, ah sa famille…, tous les intervenants l’avaient complètement laissée de côté, cette quête de la vérité, ils avaient préféré scruter les personnalités, opposer les uns aux autres, procéder à une utilisation égocentrée de l’affaire, laisser les positions de principe et les idéologies occuper le terrain. Nul ne s’intéressait vraiment au malheur d’autrui, s’il y avait une leçon à tirer, c’était bien celle-là ; personne ne s’était intéressé à elle, à sa souffrance et à son avenir ».
« Les divisions » est un roman choral sur le traitement médiatique (y compris via les réseaux sociaux) des violences conjugales dénoncées sans être prouvées, et dont le potentiel de buzz est d’autant plus élevé que leur auteur présumé est une célébrité, qui plus est avec un nom d’origine étrangère.
Alors qu’aucun des deux camps ne fait dans la nuance, l’auteur s’efforce de créer des personnages principaux complexes et amers, à l’âme insondable (sans doute parce qu’aucun autre protagoniste ne s’y intéresse réellement), pour lesquels il est difficile d’éprouver de la sympathie. Malgré une fin qui tourne un peu court, ce roman vaut pour son observation assez fine d’une société malade, qui accorde plus d’importance au vacarme des opinions à l’emporte-pièce qu’à la vérification des faits. Triste monde.
En partenariat avec les Editions Buchet-Chastel via Netgalley.
#Lesdivisions #NetGalleyFrance
Hors-jeu
Je remercie vivement Netgalley et les éditions Buchet Chastel de leur confiance et de m’avoir permis de découvrir ce roman en avant première puisqu’il ne sortira que le 11 janvier 2024.
Ce roman met en scène un jeune footballeur dont l’épouse dénonce par voie de presse, les violences conjugales qu’elle dit subir.
Le milieu choisi par l’auteur n’est pas anodin. Il est vrai qu’il aurait pu prendre pour décor un artiste, un jeune comédien, ou un chanteur, mais le choix de placer son histoire dans le sport est plutôt intéressant car il permet d’élargir le propos et la palette des personnages qui gravitent autour de Mehdi Azzam. La presse donc, notamment un journaliste tenant un blog sur le football (nommé « football factory » en référence au roman éponyme de John King) qui pense tenir le scoop qui va l’aider à obtenir la crédibilité qui lui manque ; mais aussi l’agent du joueur -en l’occurrence, l’agente- dont le rôle est celui d’une assistante, d’une psychologue et d’une redoutable négociatrice, son avocat qui lui aussi voit en « l’affaire » de Mehdi l’occasion de mettre un pied dans le monde du sport, et plus précisément du football professionnel, qu’il pressent particulièrement juteux… Il y a aussi l’entourage de Mehdi, ses copains (il en a très peu), ses coéquipiers (finalement peu concernés, tous ou presque ont quelque chose à cacher), son club (qui hésite entre soutien et indifférence, le président mesurant notamment la publicité que pourrait rapporter cette affaire à priori embarassante, une publicité pas si négative finalement…), sa famille (sur laquelle je ne dirai rien pour ne pas trop en dévoiler)… Et puis il y a « la partie adverse », Jessica l’épouse qui dit être victime de maltraitances depuis des années… Une jeune femme un peu paumée, pas très sympathique (Mehdi ne l’est pas davantage), et autour d’elle, son avocate et une association féministe qui s’empare avidement des propos de la plaigante…
Vous voyez venir le sujet : Jessica dit-elle la vérité ? Doit-on la croire ? Sa parole est-elle plus digne de confiance que celle de son époux ? Et si Mehdi Azzam s’appelait Nicolas Dupont, les choses seraient-elles différentes ? Le traitement de l’affaire serait-il autre ?
Toutes ces questions de société, brûlantes, sont présentes dans ce roman… mais pas forcément les réponses, car la vérité, quelle qu’elle soit, n'est vraiment pas ce qui importe aujourd’hui.
Eric Halphen, je le « connais » essentiellement dans sa fonction de magistrat, j’ai eu l’occasion de le rencontrer dans ma vie professionnelle et de le croiser un jour sur un salon littéraire, mais je n’avais pas encore lu l’un de ses livres.
J’ai plutôt un avis positif sur ce roman : le milieu du foot m'intéresse, sur le plan sportif mais pas que… Et sur ce volet, j’y ai trouvé mon compte, de ce point de vue, l’histoire est très réaliste et très crédible.
En revanche, je suis plus réservée sur l’évolution de l’intrigue au fil des pages, la dernière partie m’ayant laissée assez perplexe… J’ai eu l’impression que l’auteur s’était un peu perdu dans le message qu’il voulait passer.
Cela reste un bon roman aux thématiques très actuelles, qui se lit aisément… mais il manque un petit quelque chose…
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