ExploLectrice 2015, AU FINAL (avis 3/3) :
À première vue, il s’agit manifestement de suivre, dans un monde fictif, le devenir d’inventeurs ainsi que celui de leurs œuvres. Dans ce roman d’une originalité prodigieuse, l’auteur met en place un univers artistique entièrement sorti de son...
Voir plus
ExploLectrice 2015, AU FINAL (avis 3/3) :
À première vue, il s’agit manifestement de suivre, dans un monde fictif, le devenir d’inventeurs ainsi que celui de leurs œuvres. Dans ce roman d’une originalité prodigieuse, l’auteur met en place un univers artistique entièrement sorti de son imagination et entraîne le lecteur à la suite des différents protagonistes dans leur quête éperdue de l’inspiration ultime (artistes), du coup d’éclat médiatique (agents) ou de l’idée qu’ils se font de la représentation du sublime (collectionneurs).
C’est ainsi que des artistes d’obédiences variées sont admis en résidence dans « la Cité » afin de se consacrer corps et âme à leurs créations. Le lecteur devine qu’un événement spectaculaire, dramatique ou non, et ayant bouleversé l’univers des arts, est probablement survenu…
Au fil de la lecture, il s’avère que chacun des créateurs présentés recèle un « défaut » caractéristique, un trait de caractère particulier. Les personnages sont, en effet, des caricatures de l’artiste torturé et marginal (l’anarchiste John Wilkinson, la pathologiquement phobique et psychologiquement instable Dolorès, Mike, obsédé par l’idée que ses œuvres se nourrissent de lui au sens propre, …) qui recourt à la création artistique comme exutoire. Leurs relations à l’autre s’avèrent totalement dysfonctionnelles.
L’auteur est parvenu à plonger dans la psychologie de chacun, à lui penser des doutes, des phobies, des obsessions d’une cohérence à toute épreuve et à en prévoir les causes, les conséquences ainsi que toutes les ramifications. L’incommensurable culture générale et artistique de l’auteur lui permet de prêter à ses personnages des opinions originales, variées et de les étayer avec des arguments extrêmement réalistes.
La richesse et la spécialisation de son vocabulaire, dans chacun des domaines concernés (peinture, entomologie, balistique, …) est véritablement stupéfiante. Et malgré l’apparente hétérogénéité de la palette d’artistes suivis, le livre fait preuve, du début à la fin, d’une singulière unité. La lecture se révèle d’une linéarité quasi parfaite, sans coupures – tout y coule de source…
À chaque chapitre et en très peu de pages, l’écrivain parvient systématiquement à nous plonger dans la vie artistique et dans le mode de pensée et de création de l’artiste considéré.
Dans ce microcosme d’artistes, de mécènes et de collectionneurs, chacun joue le rôle de révélateur de l’un des travers de la société actuelle, à dénoncer par son œuvre ou par son modus operandi. L’auteur dissèque avec une précision et une méticulosité toutes chirurgicales le fonctionnement du monde culturel actuel et se livre à une satire assez violente et très poussée de l’art contemporain. La société de consommation y rejoint l’art, ce dernier s’inscrivant, lui aussi, dans le marché de la consommation…
Aram KEBABDJIAN traque chaque fléau, chaque faille du monde des arts, à savoir : la menace de décadence pesant sur les arts au profit des divertissements plus « légers », la corruption parfois présente dans certains domaines artistiques, les lobbies, les enjeux économiques et politiques, le coté parfois un peu sectaire de certaines disciplines artistiques qui se transmettent quasiment comme les offices se transmettaient au Moyen-Âge : uniquement par la filiation - qu’elle soit biologique ou non, les mécènes frayant avec l’industrie pour optimiser la cote de leur artiste, la primauté du commercial sur l’artistique, l’invasion des arts par la télé-réalité avec son aspect « usine à créations » et « fabrique à artistes », la partialité des critiques et de l’attribution des récompenses ; et les met en opposition avec le côté aléatoire, fragile et éphémère du succès qu’il est possible d’obtenir dans le monde artistique, mettant ainsi en lumière le paradoxe de la difficulté de percer en tant qu’artiste légitime tandis qu’une imposture reste relativement aisée à mettre en place.
L’auteur se livre, avec Les désœuvrés, à une mise en exergue du côté mystique de la création artistique, de la relation entre l’art et le sacré, tout en exprimant la dichotomie présente dans l’inspiration, qui serait tantôt de source divine, tantôt de source méphistophélique.
Si l’on a pu louer Joanne Kathleen ROWLING pour sa création d’un monde de sorcellerie (Harry Potter) ou Robert MUCHAMORE pour son invention d’une école d’espionnage (Cherub), Aram KEBABDJIAN, en imaginant tout cet univers autour de la création artistique, atteint les sommets. En créant de toutes pièces cet écheveau d’artistes aux concepts alambiqués, l’auteur déploie une imagination débridée et remarquablement innovante…
Si enchaînement des chapitres semble aléatoire, en réalité, rien n’est laissé au hasard dans la construction du roman, les liens entre les différents personnages apparaissant progressivement…
L’écriture, toute en contrastes et en oppositions, telles les toiles de maîtres et leurs jeux de lumière, est magnifiée par une profusion d’images (allégories et métaphores) d’une savante finesse.
Par cette fine analyse de l’art sous toutes ses coutures, en tant que création, mais également en tant que bien de consommation, Aram KEBABDJIAN offre au lecteur un joyau littéraire, dont la lecture ne se trouve absolument pas ternie par le travail colossal et approfondi assurément fourni en amont.
Un bonheur, une pépite. Une œuvre d’art.
NB : en raison de sa longueur, ma chronique a été tronquée. Pour la lire dans son entier : http://dis-le-en-livres.over-blog.com/2015/08/roman-les-desoeuvres.html
A première vue (avis 1/3) :
La première de couverture étant d’une sobriété extrême, seule la quatrième de couverture informe quelque peu sur le contenu du livre. Il s’agit manifestement de suivre, dans un monde fictif, le devenir d’inventeurs ainsi que celui de leurs œuvres.
De prime abord, il paraît déroutant qu’un récit traitant des arts et des sciences se déroule dans un univers totalement fictif : dès que la création de mondes intervient, le lecteur s’attend plutôt à de la science-fiction ou à du fantastique…
Le synopsis étant d’une originalité certaine, l’on ne peut que spéculer sur la tournure que prendra le roman…
La 100ème page (sur 518) (avis 2/3) :
Dès les premières pages de ce roman, l’auteur met en place un univers artistique fictif et entraîne le lecteur à la suite des différents protagonistes dans leur quête éperdue de l’inspiration ultime (artistes), du coup d’éclat médiatique (agents) ou de l’idée qu’ils se font de la représentation du sublime (collectionneurs).
Divers artistes d’obédiences variées sont admis en résidence à la Cité afin de se consacrer corps et âme à leurs créations.
De complexes interactions révèlent les liens plus ou moins profonds tissés entre les personnages, mais également les inimitiés, présentes ou en construction, incitant certains membres de cette communauté d’artistes à se livrer, à l’encontre d’autres, à de machiavéliques perfidies.
La recherche artistique étant éminemment guidée par l’étude et le ressenti de l’existence, sont évidemment représentés, dès le début, les thèmes de la vie, de la mort, du sexe, du corps, de la souffrance, de la perte, du vide, de la transgression, de la consommation d’alcool et/ou de stupéfiants, de la quête de la vérité, du sentiment d’imposture et enfin de la mystification.
Voyons où l’écriture fluide et la plume envoûtante d’Aram KEBABDJIAN nous mèneront…
Voici le lien vers ma chronique non tronquée : http://dis-le-en-livres.over-blog.com/2015/08/roman-les-desoeuvres.html