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Publiciste mondain et duelliste à ses heures, Flor O' Squarr n'était pas exactement un sympathisant de « l'Idée », mais il en connaissait bien les hommes, qu'il admirait souvent. Toutes ces particularités font de ce panorama du mouvement anarchiste, dressé en 1892, au coeur des années de poudre, un livre passionnant, à l'écriture plaisante, et riche en anecdotes. La première impression éprouvée par l'anarchiste devant l'appareil solennel de la justice est celle d'une hilarité incoercible. Lorsqu'il est pris, qu'il a épuisé toutes les ressources de la révolte - fuite, résistance aux agents, coups de revolver -, lorsqu'il est installé au dépôt, l'anarchiste se déride et « blague » copieusement l'autorité. Non qu'il s'avoue désarmé par son propre rire, non qu'il pardonne au juge. Bien au contraire, mais il sait que son procès sera publié et il transforme immédiatement son pilori en tribune libre. La manie de la propagande le suivra sur les bancs de la cour d'assises , il n'y renoncera même pas au bagne. A Cayenne, Duval et Pini narguent la chiourme et catéchisent les forçats ou les colons. Catéchiser le colon, c'est un devoir , narguer la chiourme, c'est un plaisir.
L’anarchiste est ainsi fait qu’il ne peut s’empêcher de prêcher l’anarchie partout où il se trouve. Très vite, il se retrouve renvoyé, rejeté. Il ne lui reste plus qu’à trouver un autre emploi, un autre atelier qui veuille bien l’embaucher et où il recommence exactement la même chose. Quand plus personne ne veut de lui dans une ville, il prend la route et tente sa chance dans une autre où tout se reproduit à l’identique. Ses ennemis sont la banque, le bourgeois, le curé, le Juif, le militaire gradé. Mais comment s’y prendre pour se débarrasser de tout ces nuisibles ? En fait, l’anarchiste rêve, c’est un poète, un naïf, pas très cultivé, ni très formé politiquement. Il imagine un monde où il n’y aurait plus de pauvres, plus de prisons, plus de guerres, plus de religion, plus de propriété privée. Le bonheur du peuple, la paix, l’amour libre, l’abondance, la fraternité universelle sont ses objectifs, même s’ils semblent impossibles à atteindre.
« Les coulisses de l’anarchie » est un vaste essai politico-social qui aborde tous les aspects d’un mouvement qui fit beaucoup parler de lui à la fin du 19e siècle et au début du vingtième. L’auteur fait ici vraiment œuvre de journaliste d’investigation. Il présente avec précision les théories, les tendances, les évènements, les protagonistes (Michel Bakounine, le prince Kropotkine, Elisée Reclus). Il aborde le cas de Ravachol, de son véritable nom Koenigstein, qui, pour l’auteur, fut surtout une dupe et une victime. On sent une certaine empathie pour le mouvement dans la mesure où il fait une distinction entre une anarchie pacifiste et non violente et une autre qui n’hésite pas à virer au terrorisme le plus sanglant. Le chapitre consacré à la compilation des attentats, assassinats et autres dynamitages, est particulièrement bien fourni. Pour l’auteur, l’anarchiste véritable n’est ni tueur, ni dynamiteur, ni partisan de l’action violente isolée. Il ne faut pas le confondre avec le nihiliste qui, en général n’est pas un prolétaire, mais un bourgeois ou un noble, parfois très riche et toujours un homme instruit. Le lecteur apprendra beaucoup de choses en lisant cet ouvrage, comme cette étrange collaboration avortée entre des anarchistes et le marquis de Mores, placé à l’autre extrémité de l’échiquier politique ou comme les sympathies de l’écrivain Octave Mirbeau qui fit l’apologie de Ravachol. Bien que paru en 1892, cet ouvrage est toujours intéressant et agréable à lire à titre de document historique.
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