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Le 20 août 1955, Benjamin Stora a 4 ans et demi et la guerre fait irruption dans sa vie, dans cette ville de Constantine où il a appris les lettres en hébreu, parlant l’arabe avec sa mère… Une vie en harmonie avec un environnement où chacun avait sa place, se termine.
L’auteur replonge dans cette enfance retrouvée avec les clés de leur appartement de Constantine, découvertes en 2000, au fond du tiroir de la table de chevet de sa mère qui vient de décéder.
Elle vivait au foyer pendant que son père vendait de la semoule : « La paix, la santé étaient au-dessus de tout. » Scolarisé à l’école publique, il consacre le jeudi et le dimanche à l’école talmudique dans cette ville d’Algérie bâtie sur un rocher, à 600 m d’altitude, avec ses ponts suspendus au-dessus des gorges du Rummel.
Constantine qui s’appelait Cirta lorsqu’elle était capitale de la Numidie, est une ville chargée d’histoire. C’est « une ville du sud… retranchée derrière ses remparts » où « la vie était laborieuse et fastidieuse, mais aussi entraînante et gaie. »
Après avoir salué la victoire d’Alphonse Halimi, un enfant du pays, Champion du monde des poids coq, le 25 octobre 1960, Benjamin Stora insiste sur le décret Crémieux du 24 août 1870, naturalisant les juifs d’Algérie. Ils ne sont plus des dhimmis protégés mais soumis en terre d’islam, mais des Français.
Dans cette ville, la musique tient une place importante avec le maalouf aux sonorités arabo-andalouses. Au cours de ses études, l’historien qu’est devenu Benjamin Stora découvre que les juifs d’Algérie, malgré quelques racines espagnoles, sont presque tous des Berbères, « les véritables indigènes de ces terres. »
L’abrogation du décret Crémieux, par le régime de Vichy, en octobre 1940, fut un véritable traumatisme : « les juifs n’étaient plus des citoyens français mais des juifs indigènes algériens. » Ce décret est rétabli en 1943 mais deux courants se sont créés : ceux qui croient en le socialisme représenté par l’Urss et ceux qui soutiennent Israël et le sionisme. Sur place, l’auteur constate une réelle coupure entre les européens et les juifs qui ne vivent pas dans les mêmes quartiers.
À partir de 1957, les appelés du contingent sont là et il les voit comme « des touristes en uniforme kaki » dans Constantine. Comme les autres, les Stora et les Zaoui, la famille de sa mère, ne se doutent pas de ce qui va advenir. La mort se rapproche et la peur, l’angoisse augmentent.
Le 22 juin 1961, Raymond Leyris, « Cheikh Raymond », le musicien juif chantant en arabe le plus célèbre d’Algérie, est abattu sur le marché et cela déclenche une émotion considérable à Constantine où une foule énorme suit son enterrement.
À l’école, c’en est fini de la convivialité entre juifs et musulmans. Les départs sont massifs vers la France. Pour ses parents, cela était impensable mais il faut s’y résoudre le 12 juin 1962 et ressentir, à Paris ou dans sa banlieue, « un sentiment d’inquiétude et de solitude. »
L’auteur détaille toutes les difficultés rencontrées : « la solitude, le mépris, le fait d’être mal considéré, mal accepté. » Cette mémoire reste vive et douloureuse et Benjamin Stora a bien fait de faire revivre tout ce passé en peu trop vite mis sous l’éteignoir, l’histoire de « ces juifs d’Algérie qui se sont voulus simplement des « pieds-noirs », jetés dans l’exode de l’été 1962. »
Chronique illustrée à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
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