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Rimbaud cesse d'écrire avant trente ans, Trakl meurt à vingt-sept ans en 1914 et sa période dite de « maturité » n'aura également duré que quatre ans (1910-1914). Comme celui de Rimbaud, le parcours poétique de Trakl est menacé par la folie : « Aucun des sophismes de la folie, - la folie qu'on enferme - n'a été oublié par moi », écrit Rimbaud.
C'est cette même démence qui « enténèbre ».
L'oeuvre de Trakl. Mais alors que Rimbaud, prophète solaire et exalté, travaille à l'échelle de « l'immensité de l'univers » et de tous les hommes, Trakl, l'ermite nocturne, ne conçoit qu'une harmonie transmissible à quelques « séparés ».
L'hostilité de Trakl envers le classicisme bourgeois de Goethe contraste avec son admiration pour Novalis, qui apparaît comme son double bienheureux.
Mais, plus encore que Novalis, l'interlocuteur majeur de Trakl est Hölderlin, qui incarne la figure du « poète fou », devenu étranger à une réalité extérieure sans emprise sur lui.
Rilke disait avoir « beaucoup fréquenté, avec la plus grande émotion, la poésie de Georg Trakl » : les deux oeuvres se rencontrent autour de ce que Rilke nomme « le Terrible ». Mais le poème trakléen se différencie du poème rilkéen par son caractère apocalyptique, présage d'une destruction.
Paul Celan, héritier de Trakl s'il en est, parle à propos de sa propre oeuvre de « reste chantable ».
C'est bien en termes de « restes chantables » qu'on peut comprendre ce qui demeure chez Trakl de la tradition qu'il recueille et du monde qu'il affronte.
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