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Après une vie de bâton de chaise et de nombreuses errances, Abdel Ramdankétif se retire dans le village de montagne où ses parents étaient venus vivre quand ils étaient arrivés en France. Tout a bien changé en quelques décennies : ses parents sont morts, et le village est quasi abandonné... Seuls, Jacky et Monette, un couple de voisins, survivent à la manière de vieux sages. Abdel s'est installé là, loin des hommes et de la modernité dont il se contrefout. A la fête annuelle du village, il a même rencontré Chris, une psychiatre de la ville la plus proche. Leur histoire d'amour a duré trois mois.
Peu après la rupture qui a mis notre homme k.o., un évènement surnaturel se produit qui va conduire Abdel Ramdankétif au bord de la folie et le mêler aux histoires gratinées d'une étrange famille.
Observateur attentif du genre humain, Nan Aurousseau, dans ce nouveau roman noir, explore, avec un regard non dénué d'humour, une certaine province française - avec ses pauvretés et ses amochés.
Abdel est un vieil solitaire. Après avoir erré des années durant, il est revenu vivre seul dans la maison de ses parents décédés, au centre d'un village isolé, avec les livres pour seule compagnie. Quand un matin il se réveille en voyant de l'eau jaillir des miroirs, il ne peut imaginer les heures surnaturelles qu'il va devoir affronter...
Quel drôle de roman que celui-ci !! Ni réellement fantastique car bien ancré dans notre réalité, ni totalement noir car certaines anecdotes sont plutôt amusantes, les amochés est un roman inclassable.
Nan Aurousseau possède un rythme dans son écriture. Elle est incisive, juste et essentielle.
Dénonçant notre société égoïste, violente et parfois irréelle, l'auteur nous entraîne avec talent au coeur de ses êtres abandonnés à la folie du monde.
Merci à NetGalley et aux Éditions Buchet Chastel pour leur confiance...
Ce livre là est déroutant. Parce qu'en commençant ma lecture je me croyais partie dans une histoire de fin du monde, voire d'univers parallèle, du genre étrange et surnaturel. Mais en avançant je le suis rendue compte que l'auteur Nan Aurousseau ne m'emmenait pas vraiment sur ce terrain là...Du moins il me semble...En fait je ne suis pas très sure.
Abdel, à la soixantaine bien entamée, se remets doucement d'une rupture sentimentale abrupte. Il vit seul dans la maison héritée de ses parents d'un hameau déserté, avec pour tout voisin un couple de taiseux. Un matin à son réveil il est victime d'un étrange phénomène, tous les êtres humains ont disparus sauf un serveur de café et 2 soeurs jumelles.
En même temps que se déroule l'histoire d' Abdel et de ses interrogations métaphysiques d'érudit ( sa maison est remplie de livres sur tous les sujets) sur ce monde déroutant, l'auteur nous parle aussi de Roger, le serveur du café.
Et tous ces événements bizarres prennent sens peu à peu pour nous montrer la réalité crue, terrible, d'une misère sociale qui engendre parfois des monstres mais aussi des héros.
Abdel, Roger, Sandra, Laure, Chris, font partis d'un monde de solitude, de rejet, où chacun se côtoie sans forcément se connaitre...Jusqu'au jour où ....
J'ai bien aimé le personnage d'Abdel, vieux solitaire que l'amour fuit, et aussi celui de Roger, rejeté par tous à cause d'une particularité "dérangeante". Nan Aurousseau apporte une belle touche d'humour à cette réalité bien moche et ça donne une certaine légèreté au récit et ça c'est bien vu. Mais par contre je n'ai pas bien saisi ce besoin que l'auteur a eu d'intégrer cette partie "fantastico/apocalyptique". Alors? Rêve, projection mentale, fin du monde, folie ? Il faut lire ces "amochés" pour ce faire une idée.
Merci à lecteurs.com et aux éditions Buchet-Chastel pour ette découverte.
Qu'est-il arrivé au héros-narrateur de ce roman ? Héros, ou plutôt anti-héros plongé brusquement dans un univers plus proche du paranormal que du quotidien ? Jugez-en !
Il se réveille un beau matin, constate que de l'eau suinte des miroirs, que des oiseaux morts jonchent le sol, qu'il n'y a plus d'électricité nulle part. Le soleil est bloqué à son zénith tout au long de la journée, plus aucune ombre. Un goût d'électricité envahit sa bouche et un bruit de réfrigérateur géant persiste dans sa tête .
Tout est désert : voitures, maisons, gendarmerie, prison, hôpital. Les habitants semblent « soit dématérialisés , soit aspirés ». Les seules personnes survivantes sont un garçon de café étrangement stoïque qui ne semble pas avoir pris la mesure exacte du problème et deux jeunes femmes, jumelles attirantes mais apeurées et démunies auxquelles il va se joindre.
Viendra ensuite, tout aussi brusquement et de manière tout aussi inexpliquée un retour à la normale – pour les autres- mais non pour lui. Un autre cauchemar commence alors entraînant une situation kafkaïenne qui le verra accusé, arrêté, emprisonné, hospitalisé .
Qu'est-il arrivé à cet homme de 67 ans, de la génération de mai 1968, « clochard céleste » qui a roulé sa bosse un peu partout, sac au dos, et est revenu vivre à 57 ans en ermite dans un village perdu de montagne aux maisons en ruines, avec pour tous voisins un couple de braves taiseux ?
Il est plutôt sympathique, Abdel Ramdamketif, cet ours misanthrope, à la fois bricoleur de première et lecteur compulsif, « moine-lecteur » dont les murs - et la baignoire - sont tapissés de livres, en désaccord complet avec une époque où la télévision a lobotomisé les esprits, et contempteur de la société actuelle qui fabrique des « amochés » sur laquelle il jette « un regard hyperréaliste ».
Mais il est lui aussi, à sa manière un « amoché » par le départ de Chris « une passagère du vent au visage de chatte égyptienne » avec laquelle il a partagé quelques semaines délicieuses . Sa vie alors « a pris soudain des yeux de taupe à l'agonie »
Qu'est-il arrivé à cet Abdel qui s'accommoderait volontiers de la disparition de ses contemporains mais qui s'interroge sur ce qui s'est produit « une faille spatio-temporelle », « une crise d'hallucinose » ? . Serait-il « passé de l'autre côté des choses », aurait-il été victime d'un « déraillement » ?
Une question qu'il se posera, que le lecteur lui aussi se posera tout au long du roman mais qui restera sans réponse, comme le suggère la phrase placée en exergue .
Entre polar et récit de science-fiction, qui bascule du réel vers le para-normal, ce roman n'est pas sans charme ; son personnage principal est attachant, son écriture alerte et incisive et son ton souvent gouailleur .
Mais il est aussi déstabilisant. Outre le mystère non résolu sur les causes de « cette panne géante », le récit est régulièrement interrompu par des parenthèses inattendues et un peu superflues : par exemple sur le couple André et Clara Malraux, sur les mérites comparés des films de Fellini , Antonioni et autres metteurs en scène, sur la solitude du malheureux garçon de café affligé de pieds qui puent.
Je dois avouer que je suis sortie du roman moi aussi un peu « amochée »......
Abdel Ramdankétif vit en ermite dans un village perdu, à Montaigu-le-Fré. Là, il se terre quasiment dans sa maison, et si des femmes ont pu traverser sa vie, la dernière en date, Chris, a pris elle aussi la poudre d’escampette après seulement quelques mois de vie commune. Mais cela semble le satisfaire malgré tout, lui le taiseux, le solitaire, le marginal. il vit de lectures, les livres l’entourent, le protège, le submerge.
Un matin pourtant, plus rien ne tourne correctement autour de lui, le monde est comme figé, le soleil immobile. Il descend donc « à la ville de M » et constate que là aussi, rien ne va plus… Il ne croise et en connait que Robert, le serveur du café. Seul au monde, il va faire la rencontre incroyable de deux sœurs jumelles aussi belles l’une que l’autre. Mais la multiplication des évènements surnaturels et incompréhensibles le pousse à s’isoler encore davantage et à se méfier de tous.
Nous allons le suivre, nous simple lecteurs, dans ses dérives et ses interrogations, aux limites de la folie, jusqu’à nous demander où se trouve la frontière entre le réel et le rêve… Ou le cauchemar ? Car dans son périple, les travers les plus sombres de nos sociétés vont émerger, prostitution, pédophilie, vol, mensonge, misère et bêtise humaine, tout est bon pour lui faire perdre la raison. Et qui sait alors où se trouve la réalité ? Abdel ou le lecteur ? Après une rencontre rocambolesque avec la police, puis un passage par la case prison, le voilà de retour chez lui…
Un roman étrange, à l’écriture fine, précise et sans fioritures, qui emporte, surprend, dérange, et malgré tout accroche aussi par ce petit côté fantastique assumé.
Lire ma chronique complète sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2019/03/04/les-amoches-nan-aurousseau/
"Les autres, voilà l'éternel problème humain. Même absents ils continuaient à nous emmerder" (p.103)
Tout est dit ! Pour Abdel, le narrateur : "L'enfer, c'est les autres". A tel point que, pour se tenir aussi éloigné que possible de cette humanité qu'il juge absurde, désespérante et malfaisante, il s'est isolé dans un hameau de montagne, entouré de ses livres et de ses DVD. Aussi, lorsqu'un matin, à son réveil, tous les autres ont disparu, que voiture, électricité, eau ne fonctionnent plus, il pourrait prendre assez vite son parti de cette aubaine qui lui offre l'absolue solitude qu'il apprécie. Cependant, lorsqu'il rencontre Laure et Sandra, deux soeurs rescapées comme lui, il s'interroge sur l'éventualité de remplacer les humains disparus par de possibles descendants... si les jeunes femmes n'étaient excessivement méfiantes et quelque peu perturbées !
Ce rêve d'un hypothétique nouvel Eden est brutalement anéanti par le surgissement du réel habituel. Retour des humains, de leurs vices, de leurs comportements destructeurs, de leur cruauté et de leur bêtise. Avec eux, les soupçons, l'injustice, la crapulerie réapparaissent et Abdel est, forcément, le parfait bouc émissaire de toutes ces perversions. Cet engrenage fatal le conduit aux limites de la folie, car, s'il est question ici du rapport aux autres et des infinies variations qu'il engendre, c'est dans son frottement à la réalité qu'il est interrogé, à la réalité de chacun et, donc, à la subjectivité de toute perception du réel.
La misanthropie d'Abdel n'est jamais mépris, indifférence ou égoïsme. Elle se fonde au contraire sur une compassion et une empathie démesurées envers ces "amochés" que le hasard met sur sa route, mais une compassion lucide, c'est-à-dire jamais encline à l'angélisme ou à la sensiblerie. Cette compréhension, au double sens de saisir et d'englober, de l'humain est le constant filigrane du roman de Nan Aurousseau. Comprendre sans nécessairement excuser mais sans non plus accuser.
J'ai retrouvé avec grand plaisir l'écriture de Nan Aurousseau, qui sait remarquablement marier l'autodérision, l'ironie, la tendresse et la poésie, sur fond d'analyse sociale. Si "Les amochés" n'est pas le roman que je préfère, j'ai beaucoup aimé l'énergie de la narration, son habile et succulente incursion dans le fantastique, les linéaments d'optimisme désabusé que le roman laisse entrevoir et les scènes savoureuses qu'il dépeint. Et, bien sûr, ce personnage d'Abdel, double de l'auteur, héroïque anti-héros, dont j'ai suivi avec jubilation les mésaventures !
Nan Aurousseau est un observateur acéré de notre monde. Et dans ce monde moderne, il s’intéresse particulièrement aux petites gens. Il met en scène et donne la parole aux invisibles, aux exclus. Ce nouveau roman ne fait pas exception.
Dans « Les amochés », pour traiter de ce sujet, il modifie le prisme par lequel les évènements sont évoqués. Cette fois ci, il décide de nous offrir une version fantastique. Son protagoniste, un homme plutôt banal, avec une vie monotone, est soudain confronté à des évènements surnaturels. Sa solitude est alors mise à l’épreuve avec cette perte de repère et il va devoir se réadapter.
Le lecteur est emporté dans l’esprit du personnage. Il subit ses pensées et ses décisions. Voyageant entre réel et rêve, il ne sait jamais si ce qu’il voit est authentique ou fantasmé par le narrateur. Les faits paranormaux défient notre logique et réinventent les règles. Les faits de la réalité sont cruels et donnent une opinion peu valorisante de notre société avec ses préjugés et ses travers. L’aventure est donc doublement déstabilisante mais elle vous emporte avec elle.
Le style de l’auteur est toujours aussi incisif. A l’instar du personnage, la langue est dégraissée, sans fioritures. L’auteur aborde le sujet moins directement que dans son livre précédent. « Des coccinelles dans des noyaux de cerise » était bien plus ancré dans le réel pendant que celui-ci utilise plus d’artifices. Mais l’impact du livre n’en est pas moins important et comme toujours l’histoire frappe juste.
Parfois à la limite de la fable, « Les amochés » est un grand roman social comme sait si bien le faire cet auteur. Nan Aurousseau sait se renouveler afin de surprendre ses lecteurs. Chaque opus marque les esprits et confirme tout le bien que je pense de lui. Je vous incite fortement à découvrir son univers, qui ne vous laissera pas indifférent !
Fable cruelle sur sur la vie à la marge de la société, «Les amochés» est aussi un roman noir nourri du vécu de Nan Aurousseau.
Pour les vieux ours mal léchés comme Abdel Ramdankétif, la situation géographique de Montaigu-le-Fré est une sorte de paradis. Ce lieu-dit ne compte désormais que trois habitants, Jacky et Monette, «des gens d’ici depuis plusieurs générations, des taiseux, durs à la peine, tenaces à l’usure et toujours actifs, été comme hiver» et le narrateur qui a choisi de rester là après la mort de ses parents. Cette vie d’ermite lui convient très bien. Il a un toit, se nourrit de peu et peut consacrer le reste de son temps à parcourir la région, aux livres qui tapissent son intérieur et à l’écriture.
«Il y avait une quatrième personne mais elle a fait sa valise la semaine dernière. Elle se nommait Chris et c’était ma femme. Ma femme, c’est un bien grand mot, une amie clandestine, une passagère du vent, serait plus approprié. Elle est restée trois mois en tout, mai, juin, tout juillet et un peu début août.»
Du coup Abdel est déprimé, car Chris «est une très belle femme de trente-huit ans, mère allemande, père marocain. Elle a un visage de chatte égyptienne. J’en suis tombé raide amoureux dès le premier baiser et cela n’a fait qu’empirer de mois en mois.»
Quand il se lève, il voit l’eau suinter des miroirs, n’a plus d’électricité et ne croise personne. Les Jacky semblent avoir disparu. Il décide alors de se rendre à la ville de M. pour signaler ce curieux phénomène. En route les choses demeurent tout aussi mystérieuses. Les voitures sont vides et tous les habitants semblent s’être évaporés.
La première personne qu’il rencontre est le serveur du café où il a l’habitude de prendre un verre, mais ce dernier ne lui est pas d’une aide très précieuse. Il ne veut pas d’histoires. Abdel va alors chercher de l’aide au commissariat, vide, à l’hôpital, vide et chez Chris dont l’appartement est lui aussi vide. Sandra et Laure, deux magnifiques jeunes femmes, croisent sa route et, après s’être méfiés de lui, décident de l’accompagner avant de disparaître.
N’était-ce qu’un mauvais rêve? Ou faut-il croire ces théories qu’il a découvert au fil de ses lectures, celle des «centrales nucléaires, des nœuds telluriques et tout ce merdier, la toile d’araignée atomique…»
Nan Aurousseau sait parfaitement jouer des codes du fantastique pour déstabiliser son lecteur, avant de la rattraper par un nouveau rebondissement. Et si Abdel avait tenté de maquiller un viol derrière une histoire rocambolesque? Toujours est-il que Sandra porte plainte et que notre ermite se retrouve aux mains de la police qui a pu le localiser via facebook : sur Facebook où des photos d’une fête du pain ont été postées et où il apparaît : «Mlle Sandra Planche vous a reconnu et elle est venue porter plainte contre vous. Voilà, vous savez tout. Je vais vous signifier votre garde à vue.»
Même s’il est persuadé de son innocence et sûr qu’elle va pouvoir être démontrée assez vite, il passe par la case prison. « On dit que pour bien connaître son pays il faut passer par ses prisons. J’avais en permanence sous les yeux une population gravement amochée, des cassos à la pelle, des marginaux, des drogués, des gens incultes au dernier degré, des analphabètes, beaucoup, des alcooliques, des jeunes au bord de la démence, des cas psy. »
Notre homme, qui avait lu tous les sages de l’Antiquité et tous les philosophes modernes va apprendre beaucoup derrière les quatre murs de sa cellule. Avant de voler vers un épilogue tout aussi surprenant.
Un roman âpre et dur, mais aussi centré sur les quelques règles essentielles. Une sorte de viatique pour temps difficiles. https://urlz.fr/8Ak5
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