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Les voisins l'ont vue sortir et ont appelé la police, qui est venue récupérer l'enfant. Mère célibataire de presque quarante ans, Frida s'occupe seule de sa fille, tout en télétravaillant pour une université locale. À la suite de plusieurs nuits sans sommeil, elle s'est aperçue qu'elle avait oublié un dossier important sur son lieu de travail. Sans réfléchir, elle est partie le chercher, sans penser aux conséquences.
Sous l'oeil des services sociaux qui installent aussitôt des caméras chez elle, Frida est mise à l'épreuve pour déterminer si elle pourra retrouver la garde de sa fille. À la suite d'une période d'observation, la sanction tombe : Frida perd la garde de sa fille pour un an, temps qu'elle passera dans un centre de rééducation maternelle où elle apprendra à « être une bonne mère ».
Entre La Servante écarlate et Orange Is The New Black, Jessamine Chan signe un roman glaçant sur les attentes impossibles qui pèsent aujourd'hui sur les femmes, les dérives de la société de surveillance et l'indicible solitude des mères dans une époque qui préfère le jugement au soutien.
L'école des bonnes mères est un livre que j'ai découvert un peu par hasard et qui m'a intriguée.
Imaginez, vous êtes une mère divorcée, usée, ne dormant que très peu car votre enfant de quelques mois est malade. Bien entendu, vous travaillez à temps plein. le père est présent mais, de son côté, tout va bien puisqu'il a une nouvelle compagne qui l'aide dans le quotidien. Alors que vous, malheureusement, vous n'avez que peu de soutien d'amis, ou de votre famille qui habite trop loin.
Alors, un jour, vous laissez votre bébé pleurer dans sa chambre, en sécurité, et vous partez vous aérer une ou deux heures. Quel plaisir de pouvoir boire un café sans entendre brailler...
Et quand vous revenez, tout est calme, trop calme. Votre bébé n'est plus dans son berceau. Vous pensez immédiatement à un enlèvement. Mais non, vos voisins, lassés d'entendre le bébé pleurer, ont contacté la police. Ouf, votre bébé est en sécurité. Mais vous, vous ne serez plus jamais tranquille car les services sociaux ont décidé de vous retirer la garde de votre enfant, le temps d'évaluer si vous êtes une "bonne mère". Vous voilà donc envoyée pour un an dans une "école" spécialisée où vos moindres faits et gestes, vos moindres émotions seront scrutés et étudiés.
Voilà ce qui attend Frida, notre héroïne, qui a eu le malheur de laisser Harriet, sa fille de 14 mois, seule à la maison, après s'être assurée qu'elle ne risquait rien, le temps d'aller chercher un dossier urgent qu'elle avait oublié au travail. Alors, oui, tout le monde le sait, on ne laisse pas un bébé seul. Mais, n'est-ce pas humain d'être imparfait et de prendre parfois de mauvaises décisions?
Car ici, on ne parle pas de personnes mettant délibérément en danger leurs enfants, on ne parle pas de parents maltraitants au sens où on l'entend, on parle de parents, et plus particulièrement de mères, ayant donné une gifle à leur adolescent qui les insultait; de mères qui ont laissés quelques minutes leur enfant dans son siège auto, le temps d'aller récupérer le pain à la boulangerie; de parents, au parc, ayant regardé leur téléphone portable quelques secondes et dont l'enfant est tombé du toboggan et s'est cassé le bras. Oui, on parle de ce genre de parents, responsables, mais qui ont commis une erreur d'inattention. Qui se sont montrés imparfaits.
Ce roman m'a glacée au démarrage car je n'avais alors pas l'impression de lire une dystopie (alors que dès que Frida arrive à l'école, on y est carrément).
En effet, cela semblait tellement réel, tellement capable de se passer aujourd'hui (mais n'est-ce pas aussi le principe d'une dystopie?), que j'ai immédiatement éprouvé beaucoup d'empathie pour Frida, et de la colère envers les services sociaux "moralisateurs".
Cette histoire m'a fait passer par une palette de sentiments très divers, et en ça ce fut une grande réussite.
Jessamine Chan soigne son histoire, nous met en garde contre les dérives de nos sociétés (le trop tout de suite vs. le laxisme ordinaire), nous interpelle sur la charge mentale que l'on fait porter aux femmes, aux mères plus particulièrement, sans oublier de rappeler que la société reste fortement inégalitaire que l'on soit noire ou blanche, riche ou pauvre, alors imaginez le combo si vous être noire ET pauvre. Et elle y parvient très bien.
Sauf que ce roman, très dense, ce qui est une très bonne chose de mon point de vue, souffre aussi de certaines longueurs et se répète parfois un peu trop.
Et aussi, ce qui arrive souvent avec les dystopies, je suis restée sur ma faim même si j'ai beaucoup beaucoup apprécié la toute dernière phrase de ce roman.
En bref, j'ai longtemps hésité entre 3,5 étoiles ou 4 étoiles. Finalement, le 4 étoiles l'a emporté car il m'a quand même bien secouée ce roman.
Ce livre fait forcément écho à La servante écarlate quand on l'aborde, je pense que quiconque l'ouvrira y pensera.
Pour ma part, ce roman m'a aussi fait penser au démarrage d'une plaidoirie d'une avocate qui, pour défendre sa cliente accusée de maltraitance, a dit "Moi aussi, j'avais des principes très forts. Moi aussi, j'étais une très bonne mère. Puis, j'ai eu des enfants".
Un roman que je vous encourage à découvrir.
Frida liu est née aux États-Unis, de deux parents chinois. Son ex-mari Gust (également né d’un père chinois) l’a quittée pour s’installer avec Susanna, quelques mois seulement après la naissance de leur fille Harriet. Ils vivent à Philadelphie – dans le même quartier – pour cause de garde alternée …
Si Gust et Susanna semblent s’en sortir plutôt bien, ce n’est guère le cas de la pauvre Frida, qui – dans un moment d’égarement – laisse son bébé de dix-huit mois tout seul, dans son appartement, durant deux heures et demie … (Ce qui – sans vouloir lui jeter la pierre – est une pure inconscience, il faut bien l’admettre !)
Dénoncée par son voisinage (qui a entendu l’enfant pleurer) Frida va perdre provisoirement son droit de garde (la fillette est confiée à son père !) Après avoir été condamnée pour – je cite – « négligence et délaissement » … Frida va devoir faire ses preuves en suivant des cours (adaptés à l’éducation des enfants …) dans un centre fermé. Une sorte « d’école-prison » où un bon nombre de mères indignes va être redressé, à l’aide de « poupées-robots » … Le mot d’ordre du programme étant : « je suis une mauvaise mère mais j’essaie d’être meilleure » …
Commence alors un cauchemar éveillé : Frida réussira-t-elle l’examen final ?… Pourra-t-elle espérer récupérer Harriet un jour ? …
Je vais être tout à fait sincère : malgré le « sérieux » du sujet (l’intelligence artificielle au service de la surveillance abusive des individus) je n’ai pas réussi à entrer totalement dans cette intrigue – certes peu banale – mais un tantinet farfelue à mon humble avis … En effet, je parviens difficilement à concevoir de telles dérives de la part de nos gouvernements … (Et j’espère fortement avoir raison ! …) Quand bien même Barack Obama estime qu’il s’agit « d’un des meilleurs livres de l’année 2022 » (comme le prétend le résumé sur la quatrième de couverture) et que les critiques sur les réseaux sociaux sont dithyrambiques – je n’ai pas été réellement convaincue … Peut-être n’ai-je pas choisi le « bon moment » pour découvrir ce roman ? (Ça arrive ! …)
Une écriture sobre toutefois et un récit pourtant fluide et très facile à lire ! … Un simple conseil : faites-vous donc votre propre opinion …
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