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Et si le dénouement de la Seconde Guerre mondiale n'était pas celui que l'on connaissait ?
200 ans après la victoire d'Hitler, Germania n'est plus un mythe. La race aryenne tant espérée par le Fu¨hrer domine le monde et toutes les autres ethnies ont été éradiquées de la planète.
Krista, jeune Aryenne, travaille dans un Lebensborn. Elle a été élevée dans le moule de la race pure et ne connaît que ce mode de vie, jusqu'au jour où elle suit malgré elle une femme dans les égouts de la ville. Ce qu'elle y découvre va ébranler toutes ses convictions et peut remettre en question le fonctionnement même du monde dans lequel elle vit.
J’ai beaucoup aimé Lebenstunnel, mais ce ne fut pas le coup de cœur que j’espérais. Il faut dire que vu les avis dithyrambiques que j’en avais lu, mon niveau d’attente était très élevé… Or, il y a un élément qui ne m’a pas permis d’être totalement transportée par cette histoire pourtant haletante et immersive : la romance. A l’image de la plupart de celles que l’on retrouve dans les livres Young Adult, elle m’a semblé bien trop clichée et rapide pour être crédible. Une jeune femme dont la vie est soudainement bouleversée tombe immédiatement, ou presque, sous le charme d’un jeune homme qui est pourtant supposé être son ennemi… Je concèderai néanmoins qu’en faisant garder une certaine réserve à ces deux amoureux, l’auteure a su éviter les scènes trop fleur bleue.
Malgré la romance, j’ai adoré l’univers particulièrement bien soigné et complètement glaçant qu’a su créer l’autrice. Elle nous transporte ainsi dans Germania, cette ville construite à l’image d’Hitler qui a remporté la Seconde Guerre mondiale. Deux cents après sa victoire, la race aryenne est comme il l’a toujours rêvée : dominatrice, froide et guidée par d’abominables principes pouvant se résumer à la destruction de la différence. C’est dans ce contexte que Krista, aide-soignante dans une maternité, a été éduquée. Mais contrairement aux autres individus de son peuple, elle ne peut s’empêcher de faire preuve d’empathie notamment envers tous ces bébés qui passent entre ses mains et qui ne rentrent pas dans les cases… Et c’est cette capacité à ressentir des émotions qui va, pour son plus grand désarroi, la conduire dans un monde dont elle n’aurait jamais soupçonné l’existence.
Un monde ayant pris vie sous terre afin de se protéger de la barbarie nazie, un monde composé d’un peuple censé être disparu, un monde qui n’accepte pas la présence de cette Aryenne aux cheveux blonds et aux yeux bleus si caractéristiques de sa race… Violentée, rejetée et considérée avec mépris, Krista va passer par différents stades d’émotions : peur, colère, sentiment de révolte et d’injustice, peine à l’idée de ne plus jamais retrouver sa vie d’avant, mais aussi, étonnement devant ce peuple qui a été capable de se cacher durant deux cents ans. À ce maelström d’émotions, se mêlent des sentiments plus ambivalents d’attirance et de répulsion, d’amour et de haine pour Élias, un jeune homme courageux qui ne la laisse pas indifférente.
Si l’histoire d’amour m’a bien souvent poussée à faire les gros yeux, j’ai néanmoins apprécié cette fille qui, petit à petit, se pose des questions sur sa vie d’avant, sur ce qu’elle pensait savoir, sur ce qui est juste ou non… Alors qu’elle aurait pu se morfondre ou, à l’inverse, se cacher derrière un masque d’impassibilité très aryen, elle prend le risque de se dévoiler, de poser des questions, d’essayer de comprendre ce peuple différent du sien qui ne lui fait pas de cadeaux. Ceci est d’autant plus remarquable qu’élevée dans les principes du nazisme, cela n’a rien de naturel pour Krista et dénote chez elle une grande force de caractère et un certain courage. Quant à Élias, il semble un peu plus ouvert que les autres membres de ce peuple qui vit caché. Il accepte ainsi de ne pas juger Krista sur sa seule appartenance à la race aryenne, mais plutôt sur ses actes. Une ouverture d’esprit qui facilitera le rapprochement entre les deux jeunes gens et qui les aidera tous les deux à évoluer jusqu’à les pousser à prendre, chacun de leur côté, une décision qui changera le cours de leur vie.
Au-delà des protagonistes, j’ai beaucoup apprécié de découvrir la manière dont est organisée la vie dans ce monde souterrain qui a su rester invisible aux yeux des nazis. On sent d’ailleurs un vrai sens du détail de la part de l’auteure qui a su nous offrir un monde sans fausse note qui nous apparaît alors très crédible. Un réalisme qui ne peut que susciter admiration devant l’ingéniosité de ce peuple rescapé de l’horreur et effroi à l’idée de cette vie sans soleil, de cette vie cloîtrée dans un environnement hostile…
Même si Oxanna Hope a pris le temps de poser le décor, elle a réussi à rendre son récit très rythmé. Il se passe ainsi toujours quelque chose, et en général, quelque chose qui vous tient en haleine et qui vous enferme dans une bulle d’appréhension et d’angoisse. Je me suis donc souvent retrouvée dans cette situation paradoxale où j’avais très envie de lire la suite tout en y allant à reculons de peur qu’il n’arrive malheur aux personnages. Alors si vous aimez les récits menés tambour battant et enchaînant les rebondissements, vous allez être servis. À cet égard, la révélation finale et la fin en elle-même m’ont prise de court puisque je n’avais pas imaginé que les choses prendraient cette direction.
Quant à la plume de l’auteure, fluide et immersive, elle sert à merveille ce récit qui, derrière le couvert d’un monde imaginaire, nous permet de réfléchir à différents sujets durs et hélas bien réels : l’intolérance et ce rejet viscéral de la différence, la peur de l’autre, la manipulation et l’endoctrinement, l’obéissance aveugle à l’autorité, la haine qui s’insinue insidieusement en chacun poussant les victimes à agir comme leurs bourreaux…. Des thèmes qui, en étant abordés avec intelligence et sans lourdeur, donnent une tout autre dimension à ce roman.
En conclusion, Oxanna Hope, d’une plume acérée et immersive, a su créer un monde alternatif effrayant qui aurait pu, dans une certaine mesure, devenir le nôtre. À travers cette histoire imaginaire, elle soulève des thèmes difficiles qui sont toujours d’actualité et qui ne pourront que vous faire réfléchir. Trahison, tension, suspense, action, émotions, personnages forts et attachants… Voilà un cocktail explosif qui résume en quelques mots les raisons pour lesquelles je ne peux que vous conseiller de vous jeter sur ce roman.
Cela faisait plusieurs mois que j'avais ce roman dans ma PAL numérique, sans que je ne prenne le temps de le sortir, et c'est à l'occasion du Prix littéraire de l'Imaginaire 2018 que je l'ai fait. Sans ça, je n'aurais peut-être pas lu ce livre de sitôt, et c'aurait été une erreur de ma part, puisque ce fut une très bonne lecture, comme vous pourrez le voir lors de cet avis.
Pour ce roman, on part d'une question plutôt simple : et si Hitler et les nazis avaient gagné la Seconde Guerre Mondiale ?
C'est en partant de là que l'autrice nous offre ce roman, avec une intrigue tournant autour d'une société où seuls ceux correspondant au physique Aryen ont l'autorisation de vivre. Mais, c'est sans compter sur la génétique, mais aussi sur les survivants au génocide, puisque sous la ville de Germania vit en secret une communauté de gens, qu'ils soient bruns, aux yeux marrons ou encore Juifs, ...
Le récit nous emmène ainsi dans la découverte de cette population cachée, mais nous permet aussi de voir comment une société aryenne aurait pu évoluer si elle avait pu exister.
L'héroïne principale, Krista va vite s'apercevoir qu'il y a de la vie humaine sous ses pieds, et elle devra alors faire face à toutes les convictions qu'on lui a inculquée depuis toute petite.
Au départ, elle est loin de s'affranchir des idées reçues sur la soi-disant race supérieure, sur les Juifs, ... Elle a toujours vécu dans l'optique de cette perfection et de cette "pureté", quoi qu'il puisse en coûter en vies humaines pour que cela se perpétue.
Mais au fil des heures, et même des jours, qu'elle passera en compagnie de ces "impurs", elle remettra en question une bonne partie de ces croyances et sera en proie au doute à propos de son peuple.
Les moments de mouvement et de dynamisme s'enchaînent parfaitement à ceux plus calmes, plus propices à l'introspection, pour nous mener dans cette aventure aux côtés des personnages.
Résignation, acceptation, doute, mais aussi révolte et courage feront partie de cette intrigue dystopique et uchronique, où l'action viendra se mêler à ces questionnements pour nous offrir un roman haletant et entraînant tout du long, que l'on vivra avec la jeune Krista.
Krista est un personnage fort qui a toujours été élevé dans la pensée aryenne, et ce depuis qu'elle est née. Alors forcément, lorsqu'elle doit faire face à ce qu'elle ne connaît pas, la peur et le dégoût se forment en elle tandis que ce qu'on lui a toujours dit à propos des personnes non-Aryennes lui revient en mémoire. On compatit pour elle, car on comprend que c'est l'endoctrinement qu'elle a suivi qui fait qu'elle pense de cette manière, mais aussi car elle prend la peine, au fur et à mesure, de remettre en question ce qu'elle avait pu apprendre le long de sa vie. Le temps qu'elle se rende compte de l'ineptie de ce qu'on lui a inculqué, le doute reste en elle, et on ne peut s'empêcher de grimacer face aux pensées et remarques qu'elle a toujours plus ou moins inconsciemment envers les non-Aryens. Elle est en effet au départ bornée sur ses convictions, mais elle verra petit à petit que les autres hommes ne sont pas moins méritants de vivre que ceux du peuple Aryen, et qu'ils tout aussi humains, avec des qualités et des défauts.
Ces fameux hommes se sont réfugiés depuis près de deux siècles dans les réseaux souterrains de Germania, afin de pouvoir avoir un semblant de vie malgré la violence et la mort qui restent sur leurs pas s'ils venaient à n'être pas assez vigilants. Cette vie en communauté, sa façon de fonctionner ainsi que le fait des souterrains ne fut pas sans rappeler Les Âmes Vagabondes de Stephenie Meyer, mais ce fut là la seule ressemblance que l'on peut notifier (Attention, je ne dis pas que l'autrice s'en est inspiré, seulement que cela m'y a fait penser).
Dans cette population recluse, on croisera de nombreuses personnes méfiantes, voire haineuses envers Krista, du fait de son appartenance au peuple Aryen qui décima les autres "races" d'hommes par le passé. On voit alors qu'ils ne sont malheureusement pas toujours différents des Aryens, quand il s'agit de la peur d'autrui, de la cruauté de certains ou lorsque le danger frappe à la porte. Mais quelque-uns accorderont quand même un peu de dignité au personnage principal, comme Anna, que l'on ne sait pas trop cerner, ou comme Elias.
Ce dernier est l'un des autres protagonistes de l'histoire, auquel on s'attache vite. Il est l'un des seuls qui daigne accorder un tant soit peu d'attention à Krista, et qui acceptera en apprenant à en savoir plus sur elle de voir l'humain plutôt que l'Aryenne. Il est de plus un personnage qui veut combattre pour sa liberté et pour des conditions de vie décentes, alors que la plupart des autres se sont résignés depuis longtemps à sa vie miséreuse, pour eux et pour leurs enfants.
Ce roman est vraiment intéressant, car en plus de la dynamique du récit, des actions et leurs aboutissants, on a un côté humain qui nous mène à réflexion. En effet, il semble pour une grande partie d'entre nous normal que tout un chacun, peu importe sa religion, sa couleur de peau ou son physique, ait le droit de vivre et que donc il n'atteigne en aucun cas à la dignité ou à la vie d'autrui pour ces raisons-là. Sans autant rentrer dans ce genre de débat, le livre nous fait réfléchir, non pas seulement à cela, mais aussi à nos réactions et pensées si nous étions conditionnés à penser d'une certaine manière, si nous étions obligés de vivre cachés, ou encore si nous ne connaissons pas la différence. Le développement de cet aspect fut pour moi vraiment captivant, car on se demande comment l'on se comporterait si nous étions dans l'une de ses situations. Face à ça, on pourrait dire "Mais non, jamais je ne serais comme ça", "C'est tout simplement inhumain, il est impossible que je me comporte ainsi", "Je n'aurais en aucun cas obéi, je me serais insurgé et battu peu importe le coût".
Oui, peut-être que certains d'entre nous auraient réellement agi comme ça, mais quand on est face à la peur de l'inconnu, quand on se retrouve à devoir se confronter à la différence qu'on nous a toujours fermement appris à mépriser et qu'on n'a jamais vu en vrai, quand on est conditionné depuis toujours, que ce soit dans la sphère familiale, amicale, éducative, à un certain mode de pensée, sommes-nous tous enclins à la révolte, à la remise en question de ce qu'on a toujours connu et cru, à l'acceptation d'autrui ? Ce sont des questions qui se posent, sans qu'on trouve jamais la réponse de ce que nous aurions réellement fait et pensé, sans qu'on le sache avec certitude. Et tout cet ensemble m'a vraiment intéressé, tout du long du roman, et a fait que je pouvais avoir de l'empathie pour Krista notamment. Bien que cela n'excuse pas ce qui a pu être fait, que soit dans la fiction comme ici ou dans l'Histoire, que cela n'explique pas les horreurs commises, surtout que certains étaient conscients de ce qu'ils faisaient alors qu'ils n'avaient pas été conditionnés, c'est une réflexion autour de l'humain et ce dont il est capable face au contexte, qui je pense peut avoir sa place.
Le roman m'a ainsi entraîné entre action et réflexion, pour nous mener à une fin faite de rebondissements et croyances parties en fumée, qui laisse comprendre que nous sommes encore qu'au début de ce périple. Ces révélations nous mènent à l'aube d'un jour nouveau, un avenir naissant qui a une chance de se profiler à l'horizon si les gens tentent ce combat, encore flou et incertain, mais qui viendra sans aucun doute heurter les protagonistes et les citoyens. Une conclusion qui termine ce premier chapitre de l'histoire bien plus vaste encore, que l'on souhaite découvrir aux côtés des personnages dans les prochains tomes.
Pour conclure, j'ai beaucoup aimé ce premier tome de la trilogie. J'ai été entraînée tout du long, et les réflexions derrière tout ça ont été intéressantes à chaque instant. On s'attache vraiment aux personnages principaux, tels Elias ou Krista, et on apprend à leurs côtés comment a pu se construire chacun des peuples auxquels ils appartiennent. L'idée de partir sur un simple "si" pour construire une uchronie est souvent captivant lorsque c'est bien traité, et Oxanna Hope l'a réussi avec brio et d'une manière maîtrisée et réfléchie. C'est avec hâte que j'ai envie de découvrir les deux tomes qui permettront de clore cette trilogie, et qui je l'espère seront aussi bons que celui-ci.
Nous suivons l’histoire de Krista, jeune aryenne de 17 ans qui vit à Germania. La ville est sous le règne du Führer et sous le contrôle de l’armée SS depuis la victoire d’Hitler lors de la Seconde Guerre mondiale. Dans cette ville, tout doit être droit et carré, il n’y a aucune place pour ce qui sort du cadre (comportements et personnes). Krista a appris à être obéissante et à n’éprouver ni empathie, ni émotions, sous peine de mettre sa vie en danger si elle transgresse les règles. Son destin va basculer au moment où elle sera entrainée malgré elle dans les égouts de la ville.
Je vous épargne le suspens en vous annonçant tout de suite que ce livre est un très beau coup de cœur pour moi. Ce récit a réussi à me donner une claque sans que je m’y attende. Dès les premières pages, j’ai été complètement embarquée dans l’histoire qui est addictive, surprenante, stressante, angoissante et touchante. Oui, tout cela à la fois !
Dans ma vie personnelle, j’adore tout ce qui touche à la psychologie et à la sociologie en général, cela me passionne vraiment, du coup j’ai adoré découvrir cette société sous l’emprise des nazis très réaliste et bien développée. C’est dingue ce que peut faire un peuple sous le contrôle d’une autorité et d’un pouvoir (oui, cela m’a rappelé certaines expériences scientifiques). Je m’égare un peu de la chronique, mais si ces sujets vous passionnent aussi ce livre est fait pour vous !
Oxanna parvient à développer ses personnages d’une façon très remarquable. J’ai apprécié Krista alors que c’est une aryenne, à aucun moment je ne pouvais lui en vouloir d’être une nazie et de penser comme tel. Toute sa vie, notre héroïne a été manipulée, mais au fil de ses péripéties, elle remet tout en question grâce à sa rencontre avec Elias qui est un non-aryen. Nous faisons face à la confrontation de deux peuples que tout oppose, mais finalement nous découvrons qu’ils ne sont peut-être pas si différents et qu’ils partagent cette même peur et haine de l’autre.
Le récit est très rythmé et l’action est omniprésente, ce qui rend la lecture complètement addictive et prenante. J’ai plusieurs fois eu le cœur qui battait à mille à l’heure tellement j’étais prise dans les rebondissements qui me surprenaient à chaque fois ! Et je vous ne parle même pas de cette fin que je ne voyais à aucun moment venir ! L’auteure a vraiment maitrisé le suspens, les rebondissements et les retournements de situations avec brio.
En bref, Lebenstunnel est un très beau coup de cœur pour moi. Entre une histoire réaliste qui pousse la réflexion sur la nature humaine, des personnages attachants, du suspens, de l’action et un récit rythmé qui est à la fois prenant et addictif, je ne peux que vous conseiller cette lecture ! Je suis très impatiente de lire le second tome afin de poursuivre cette fabuleuse uchronie.
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