Des romans policiers à offrir ? Faites le plein de bonnes idées !
Je n'ai jamais rien lu de Christine Angot auparavant.
D'abord parce que je n'aime pas le personnage que j'ai vu quelquefois en tant que chroniqueuse.
Je l'ai trouvée péremptoire, méprisante, intransigeante, incapable d’empathie, prétentieuse.
Ensuite parce que les échos de ses livres ne me tentaient pas.
Il me semblait qu'il y était toujours question d'impudeur.
L'inceste encore et encore réécrit, sa vie sexuelle avec Doc Gynéco entre autre.
Ne sachant trop quoi prendre à la bibliothèque, je me suis dit « Allez, j'essaye Le voyage dans l'Est, pourquoi pas, peut-être va-t-elle me surprendre agréablement »
Et bien non, pas du tout.
Certes l'inceste est une abomination à combattre férocement.
Mais reprenons les faits.
Elle fait connaissance de son père à l'âge de treize ans
A quatorze ans, elle le rejoint à Strasbourg et il l'embrasse sur la bouche.
Elle ne sait trop comment interpréter ce geste.
La fois suivante, il va plus loin, beaucoup plus loin, beaucoup trop loin.
Mais ce n'est quand même plus une toute petite fille, elle a bientôt quinze ans.
Personne ne l'oblige à le rencontrer, elle le fait chaque fois de son plein gré.
Pourquoi retourne-t-elle le voir régulièrement, et surtout jusqu'à l'âge de vingt-huit ans et continue-t-elle une relation sexuelle avec lui ?
C'est indubitablement un salaud pervers.
Il s'agit bien d'inceste, mais qui devient inceste consenti.
Et surtout, pourquoi en parler dans presque tous ses livres, si j'ai bien compris.
Une fois, c'est normal et salutaire.
Mais là, où veut-elle en venir ?
Que veut-elle ?
Et pourquoi donner tous les détails d'une manière si impudique ?
je ne comprends vraiment pas cette femme.
Il y a bien le terme « roman » inscrit sous le titre du dernier opus de Christine Angot, un roman qui ressemble beaucoup à une autofiction, mot que récuse l’autrice qui affirme « Le terme autofiction ressemble trop à “autobiographie”. » Alors, c’est comme une boisson sans alcool qui ressemble à s’y méprendre à une boisson alcoolisée ? Elle dit aussi que « le roman, ce n’est pas du témoignage » Pourtant, dans ce roman qui n’en est pas vraiment un sans être une autofiction et où il ne faut pas chercher un témoignage (difficile de s’y retrouver pour le lecteur lambda que je suis !) on retrouve toujours le même thème récurrent de l’inceste.
Est-il utile de résumer l’intrigue, tant Christine Angot se répète d’un livre à l’autre ? Car il s’agit toujours d’explorer cette période de sa vie où elle a été victime d’inceste de la part de son père. Tout commence lorsque son père Pierre Angot, la reconnait enfin à l’âge de13ans. Tout débute par un baiser sur la bouche qui pourrait sembler anodin. A force de séduction, le père obtiendra d’elle des relations sexuelles. Christine, éblouie d’être reconnue par ce père brillant, cultivé, à l’adolescence, âge où tout se joue, accepte ses exigences qui font d’elle une victime consentante.
Alors oui, il est intéressant de voir comment s’échafaude une relation incestueuse, quels sont ces puissants rouages qui empêchent la victime de parler et de se révolter contre son bourreau. Mais l’autrice ne veut pas que ses écrits soient lus comme le témoignage d’une victime d’inceste. Non, ce qu’elle veut (mais le sait-elle vraiment, ce qu’elle veut la radicale et tant médiatisée Christine Angot ?) c’est reprendre toute cette histoire depuis le début, lorsqu’elle fait la connaissance de ce père absent si longtemps de sa vie, et nous raconter par le détail la chronologie de l’histoire de toute sa vie.
Angot est la spécialiste des emprunts littéraires : Hervé Guibert, Yann Andrea pour n’en citer que quelques- uns, et aussi des emprunts à Angot (on n’est jamais mieux servi que par soi-même !) et pour qui connait un peu son œuvre, ce ne sont que scènes ressassées, les mêmes plats resservis avec une nouvelle sauce pour nous faire croire à quelque chose de neuf et d’inédit.
J’avais lu qu’elle nous offrait une version quelque peu différente de ces précédents romans, mais je n’ai trouvé qu’une chronologie des faits sans rien nous épargner de détails bien assommants entre des scènes crues. Je n’ai pas dégoté là une miette de nouveauté. De plus, l’écriture est froide et terne et je me suis vite ennuyée.
Oui, il est important de mettre des mots sur toute forme de violence sexuelle, mais, plutôt d’Angot, lisez, Vanessa Springora, Camille Kouchner, Christiane Rochefort, Isabelle Aubry, Elsa Fottorino et tant d’autres au talent indéniable.
Christine 13 ans est tout à la joie de connaitre enfin son père, Pierre, haut fonctionnaire au Conseil de l'Europe. Un baiser sur la bouche et le cauchemar de l'inceste qui commence et qui va durer pendant de longues années.
Christine Angot revient dans ce roman sur l'inceste dont elle a été la victime, elle démontre le traumatisme subit et dénonce ses effets dévastateurs et impardonnables. Les phrases sont courtes, tranchantes, les mots sont crus, la lecture est à la limite de l'écoeurement, de la nausée.
Christine Angot assemble les pièces, elle essaie de les restituer dans l'ordre tel qu'ils se sont déroulés, des images, des scènes, des dialogues. Elle vit la situation de l'extérieur, en présence de son père son corps est en alerte permanente, elle désapprouve évidemment, mais elle est à distance de sa personne, elle attend que ça se passe, elle met des barrières pour ne pas penser. Les gestes avaient eu lieu, il fallait faire semblant que ce n'était pas grave. Christine était comme anesthésiée.
Christine Angot décrit parfaitement ce sentiment de culpabilité, l'impression d'avoir une part de responsabilité, qu'elle aurait pu changer le cours des choses. le plus terrible dans ce récit c'est cette déchéance du corps, de l'esprit, une perdition de fin de vie. Elle n'arrive plus à vivre, perd quinze kilos, abandonne ses études. Couche de-ci de-là.
Si Christine Angot au fil de ses romans revient encore et toujours sur cet inceste que son père lui a fait subir, n'est-ce pas le signe d'un traumatisme qui ne peut s'effacer ? Une lecture qui a été très difficile pour moi, étouffante.
Dans un premier temps, je me suis dit que j'allais relire une fois de plus le même livre.
L'inceste, les viols du père.
Si je comprenais bien pourquoi il était impossible à l'autrice de parler d'autre chose, (« Quand vous écrivez, c'est toujours parce que vous pensez qu'il y a quelque chose qui n'est pas compris » dit-elle dans une interview récente), pour autant j'y allais un peu à contrecoeur. Je pensais bien naïvement que tout pouvait être dit, un jour, sur ce sujet. Mais j'ai senti très vite que le projet n'était plus tout à fait le même, l'angle d'attaque différait, l'approche était tout autre. Je me trouvais face à une tentative de reconstitution, à une volonté viscérale de retrouver l'ordre des choses, les mots précis, les lieux exacts, les gestes réels. Pour mieux comprendre, mieux analyser, mieux cerner. Pour que tous les événements soient sus, que rien ne glisse dans l'oubli, que rien ne risque l'effacement, l'omission, le pardon.
Les faits sont là, rappelés, restitués, redits, inlassablement : une rencontre tardive, à l'âge de treize ans, avec un père fascinant : traducteur auprès des institutions européennes, il est riche, beau, élégant, c'est un intellectuel qui parle trente langues, lit les journaux. Il sait tout, a un avis sur tout. Christine n'est rien. Sa mère n'a pas fait d'études et n'a pas beaucoup d'argent. Elle le dit à sa fille : tu tiens de lui. Et elle s'en rend compte très vite, la fille, qu'elle est comme son père, qu'ils se ressemblent. « Nous sommes proches, semblables, identiques quelquefois. » Elle l'a rencontré tard et ne veut pas le perdre une seconde fois. Risquer de vivre un second abandon : surtout pas. Dire non, ce serait prendre le risque de le décevoir, de l'attrister. Et s'il ne revenait pas ?
Le père va donc profiter de son pouvoir en exerçant pleinement sa domination. Faire « ça » avec elle, sa fille, n'est-ce pas l'exclure en tant que telle ?
Christine Angot reprend les faits, elle veut savoir, elle veut dire, encore et encore, parce qu'il manque quelques pièces au puzzle. Dire, c'est refuser de se soumettre. C'est dans l'espace de la parole, le lieu même de la littérature qu'elle pourra s'échapper, s'autoriser un espace de liberté.
Elle reprend contact avec son ancien conjoint, l'interroge. Elle se remémore ce jour où elle a voulu déposer plainte ; ce jour où on lui a dit que l'affaire se conclurait certainement par un non-lieu. Elle se souvient que ces mots « non-lieu », pour elle, n'étaient pas possibles. Elle ne pouvait pas risquer de recevoir cette réponse de la société. À l'époque, il lui aurait fallu des témoins, elle n'en avait pas. Elle a donc renoncé. Elle n'a pas pensé que cet ancien conjoint, Claude, savait : il avait entendu le père et la fille, il aurait pu parler. Pourquoi n'y a-t-elle pas pensé ? Pourquoi n'ont-ils pas pensé, tous les deux, à dire ? Sa mère aussi savait. Tout le monde savait et s'était tu dans une forme de collaboration silencieuse et passive.
Le père, dans toute son insupportable arrogance, son odieux despotisme, son orgueil démesuré lui avait conseillé de raconter : « Tu devrais écrire sur ce que tu as vécu avec moi… C'est intéressant. C'est une expérience que tout le monde ne vit pas. » Mais attendez, il va encore plus loin ce père : faisant preuve de la plus totale indécence, il lui donne des conseils de style, d'écriture : « Il faudrait que le lecteur s'interroge, qu'il se demande s'il est dans le rêve, dans la réalité, que ce soit un peu incertain, un peu à la manière de Robbe-Grillet. Tu as lu son dernier roman, « Djinn »? »
C'eût été bien commode, ce flou artistique ! Il s'agit bien plutôt maintenant de ne rien oublier, de dire, dans une langue personnelle , claire, nette, crue, une réalité violente, brutale, sordide.
La littérature comme seul espace de résistance, de lutte, comme seul lieu où vivre, où rester en vie…
Fort, très très fort.
LIRE AU LIT le blog
Il me semble que l’inceste évoqué dans ce nouveau livre a déjà fait l’objet de narrations antérieures que je n’ai pas lues et je me demande quelle peut être la motivation de l’auteure pour étaler à nouveau de façon aussi personnelle et crue ces événements, aussi douloureux qu’ils puissent avoir été et être encore ! D’une façon générale, on ne peut que saluer des témoignages de cette nature qui libèrent la parole, font appréhender l’ampleur du problème, et constituent la première étape nécessaire pour envisager des solutions correctrices. Mais, dans le cas présent, j’ai l’impression que Madame Angot livre sans filtre au lecteur des confessions et des ressentis intimes qui auraient sans doute trouver une meilleure place dans la confidentialité du cabinet du psychiatre. J’ai également été choqué par le renouvellement de ses relations sexuelles avec son son père en tant qu’adulte, vaccinée et responsable. On dit pourtant qu’un « chat échaudé craint l’eau froide ». Que peut-on lire de cette auteure qui s’approcherait de la littérature ?
Figure devenue incontournable de la scène médiatique et littéraire, Christine Angot raconte dans Le voyage dans l’Est le point de vue de la victime d’un inceste et l’impossibilité de sortir de l’emprise, de parler, de dire, de révéler, d’alerter, en bref, de faire cesser lorsqu’une enfant, une adulte sont victimes d’un inceste.
Il y a vingt-deux ans, en 1999, Christine Angot publiait son premier roman L’inceste. Depuis, régulièrement, Christine Angot reprend sa quête pour trouver la précision des mots écrit, afin de rendre compte de cette infraction dans l’intime et plus encore dans le psychisme.
Du mouvement #MeToo aux livres Le consentement de Vanessa Springora et La familia Grande de Camille Krouchner, la parole des victimes est prise en compte de plus en plus au niveau social et politique. Alors pourquoi un ènième roman sur ce point !
Christine Angot réussit dans Le voyage dans l’Est a décortiqué la place de la victime et son impossibilité ainsi que son entourage de révéler l’interdit pour le faire cesser, tant le système est pris dans les mailles du filet de l’emprise malsaine de la personne ayant autorité et qui devrait assurer la protection.
La perversion de l’agresseur est particulièrement bien rendue qui trouve toujours justifications à ses comportements interdits et utilise le besoin de reconnaissance de sa victime. Son combat se poursuit en insistant aussi sur le fait qu’il n’y a pas d’inceste consenti comme l’idée semble s’insinuer dans la société lorsque adulte, la relation toxique se poursuit.
Elle a treize ans. Elle n’a jamais connu son père. Sa mère le lui présente. Il est beau, à une allure élégante, une position sociale très en vue, intelligent et très cultivé. Enfin, son rêve le plus cher se réalise ! Maintenant elle pourra en parler à ses copines, être fière de cette filiation. Elle est enfin reconnue !
La suite ici
https://vagabondageautourdesoi.com/2021/08/23/christine-angot/
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