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Au XVIIe siècle émerge un discours théorique sur la lecture qui, loin d'être unanime, se révèle même fortement discordant. Car au moment où s'amorce le triomphe de l'imprimé, beaucoup de livres parlent contre eux-mêmes tout en s'efforçant de poser les fondements d'une bonne manière de lire : tandis que ce siècle se désigne comme l'inventeur d'un art de lire fondé sur l'examen critique, le discernement et le bon goût, des voix s'élèvent pour exprimer leur inquiétude à l'égard de la lecture, qu'il s'agisse d'ouvrages de « littérature », de philosophie ou encore de la Bible. Ces discours inquiets, convaincus que le plus grand mal - comme d'ailleurs le plus grand bien - peut naître de la lecture, ont pour ambition de garantir les lecteurs de ses effets funestes, affirmant ainsi qu'il existe un secret de bien lire. Mais ce secret, tout en suggérant qu'il est possible d'enseigner des «manières » de bien lire, repose néanmoins sur l'aveu d'une absence de «méthode universelle » et sur la conscience des limites de ces prescriptions. La tension entre le postulat d'une technique de lecture et l'alchimie d'une pratique énigmatique des livres, ainsi que l'hésitation entre une méthode et une herméneutique constituent la pierre angulaire du discours normatif sur la lecture au XVIIe siècle. À la croisée des enjeux épistémologiques, moraux et spirituels de la lecture, c'est toujours la question de la formation de soi qui se trouve posée.
Aude Volpilhac, agrégée de Lettres modernes, docteure en langue et littérature françaises, est enseignante-chercheuse à l'Université catholique de Lyon.
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