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1978. Pour échapper à la routine, Paco Martinez, ancien flic, désormais chroniqueur judiciaire et critique de cinéma au Provençal, parvient à convaincre sa rédaction de l'envoyer à Rome pour couvrir l'enlèvement d'Aldo Moro par les Brigades rouges. Tout en rédigeant des articles sur cette tragédie politique, il y rencontre Léa Trotski, journaliste politique à la Repubblica, qui va être victime d'un étrange accident de la circulation. Autre drame sur lequel il va devoir enquêter. Simultanément, Irène, sa flamboyante compagne, va enquêter sur l'histoire de son père, après avoir découvert dans le grenier familial orléanais un manuscrit, rédigé par lui. Il y narre un épisode oublié de 1899, le siège du grand Occident de France, dirigé par Jules Guérin, patron de l'Antijuif, hebdomadaire vendu à 200 000 exemplaires, et accusé de sédition. Dans un chassé-croisé à distance, scandé par les commentaires d'Aldo Moro durant sa captivité et ceux d'Irène sur son père, l'auteur propose une réflexion sur les violences des extrêmes et la résurgence d'idéologies nauséabondes.
Un formidable roman, un polar historique comme on en rencontre trop peu. Paco Martinez ancien flic devenu journaliste, part en Italie à la suite de l’enlèvement d’Aldo Moro par les Brigades rouges, nous sommes en 1978. Le président du parti de la Démocratie Chrétienne sera exécuté 55 jours plus tard alors qu’aucun accord n’a été trouvé pour le sauver. C’est toute cette histoire que l’auteur en s’appuyant sur des faits historiques réels nous relate par le biais de son personnage central avec beaucoup de pudeur et une certaine émotion. On retrouve notamment des écrits d’Aldo Moro pendant sa captativité en italique dans le texte, bouleversants. Cette escapade italienne aura des retentissements que l’on n’attendait pas. Une autre partie du roman concerne l’histoire familiale d’Irène, la femme de Paco. Cette histoire nous emmène dans le Paris de 1899 au temps de l’affaire Dreyfus qui a vu la France divisée par l’affaire Dreyfus. Dans le local du Grand occident de France, siège du journal L’antijuif, où se sont regroupés les disciples de Jules Guérin poursuivit pour complot contre la sureté de l’Etat. Une belle idée exploitée avec brio. Partir de faits historiques et rejouer les scènes selon sa propre imagination, en y intégrant ses propres personnages, tout en restant crédible c’est un challenge réussi. Une histoire qui tourne aussi autour des femmes qui traversent la vie de Paco, tout d’abord sa femme Irène mais aussi la belle Léa qu’il rencontre en Italie. Enfin une autre époque, celles des années soixante-dix, dans laquelle on replonge avec délice. Alors certes l’intrigue policière arrive un peu en dessous du côté historique et les puristes pourront ne pas accrocher. Ce n’est pas mon cas, je me suis laissée prendre par les remous de l’histoire, qu’ils soient carrément nauséabonds, antisémites et antimaçonniques ou par cette mouvance droite - gauche des partis politiques où l’on peut encore mourir pour des idées. Bonne lecture.
http://latelierdelitote.canalblog.com/archives/2021/08/09/38879653.html
Retour de Paco Martinez après La blanche Caraïbe, deux ans plus tard. Le lien entre ces histoires est l'extrême qu'elle soit de droite ou de gauche, qui prône la violence et qui ne recule pas devant la mort d'opposants ou supposés opposants. Ces extrêmes qui sont parfois enfouies et resurgissent dans les moments difficiles, parce qu'il est plus facile de trouver un coupable à tout ce qui va mal.
Ce roman est un peu déroutant car on a davantage l'impression de trois nouvelles qui se suivent et peuvent se croiser à certains moments, mais somme toute c'est une bonne idée de l'avoir bâti ainsi, car l'autre construction aurait pu être une alternance des histoires dans des chapitres qui m'aurait sans doute perdu. Si je me souvenais un peu de l'enlèvement d'Aldo Moro -j'étais jeune mais c'était un événement important-, je ne connaissais rien du retranchement des Liguistes antisémites en 1899. Retranchement qui générera l'expression "un fort chabrol". On est en pleine affaire Dreyfus, la révision de son procès à Rennes, qui divise les Français.
Maurice Attia est fort bien documenté et rend les événements dont il parle très vivants par l'intermédiaire de ses deux personnages principaux, Paco et Irène, chacun travaillant séparément. Une fois encore la fiction permet de parler de la réalité et pas forcément la plus glorieuse, d'instruire les lecteurs, de leur rappeler que le pire n'est jamais loin et que même en se dédiabolisant -quel vilain terme-, en usant de techniques de communication éprouvées, les extrêmes restent les extrêmes qui prônent la haine, le repli sur soi, la peur d'autrui surtout s'il n'a pas la même culture ou la même couleur de peau. Mais tout cela est plus finement et plus joliment dit par Maurice Attia.
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