Dans un pays paisible, un jour, ou plutôt une nuit, la lune ne succéda pas au soleil. Elle ne se leva pas à l'horizon. Pourtant le soleil s'était bien couché comme d'habitude, la terre avait bien glissé sa couverture de nuit sur elle comme d'habitude...
Mais là où devait se trouver comme d'habitude le disque d'argent, il n'y avait plus que de l'obscurité. Totale. Profonde. Une nuit noire comme le charbon ! C'est alors qu'un courageux petit papillon décida de partir au-delà de la terre pour retrouver la lune :
« C'est ainsi qu'il entame son voyage, s'envolant très haut dans le ciel, sans se retourner. Et lorsqu'il se décide enfin à le faire, sa mamie n'est plus qu'un minuscule point au milieu du champ fleuri. Alors, laissant le sol derrière lui, laissant sa famille et tout ce qu'il connaît, il entame son long voyage, dans l'espoir de retrouver, et de ramener la lune. Il dépasse les plus hauts arbres, dépasse les oiseaux, dépasse les montagnes, dépasse les nuages, et... »
La douceur anime les pages. Olympien, tendre et apaisant, « Le Papillon et la Lune » est une allégorie de l’espoir, du courage et de la confiance en soi-même.
Un album illustré, aux nombreuses ramifications pédagogiques.
Les illustrations expressives et douées d’un imaginaire à hauteur d’enfant et plus.
Les pages finales dédiées à la création artistique sont un gage d’implication de l’enfant dans ses choix de couleurs. L’enfant colorie deux papillons qui attendent de lui, les nuances et les tons. L’expression même de cet album incontournable.
La conclusion d’une histoire absolument bénéfique et salvatrice.
Ariane Costa glisse des messages. Métaphores du cycle de la vie, de l’attention à l’autre, et la puissance de la nature en apogée.
« Apprendre à toujours se méfier », tel l’adage de Prosper Mérimée.
Ici, la lune est le fil rouge. Une nuit, elle ne se lève pas. Tout est sombre, inquiétant, elle est effacée. Les nuits suivantes enchaînent le même scénario.
Elle boude. L’anthropomorphisme excelle.
Fâchée et déçue des hôtes de la terre.
Un petit papillon est intrigué et cherche la réponse.
Les animaux nocturnes sont dérangés avec le manque de lumière.
Ce qu’ils pensaient comme rythme pavlovien. Inquiets, ils ne peuvent déambuler.
Le disque lunaire effacé est un évènement implacable, troublant et perturbant.
Le petit papillon va s’envoler, toujours plus haut, toujours plus loin. Affronter les risques, le froid et le vent, ses peurs de l’inconnu.
Ici, tout est symbole et prouesse. Les valeurs en diapason couronnent ce livre porteur de force et de volonté.
L’enfant puise en lui, ce qui parfois le fait douter et reculer. Le papillon est une métaphore.
Le petit papillon va rejoindre le monde lunaire. Franchir la porte des secrets.
La lune, lui murmure combien l’indifférence du monde d’en bas la blesse.
Sans orgueil, mais elle est dans l’attente de la concorde, des regards, et des attentions. Sans elle, le monde serait ténèbres.
Le petit papillon va lui dire combien sa mamie l’aime et rien que pour elle, la lune devrait recommencer sa danse nocturne.
Ici, rayonne l’émerveillement de la parole, la lucidité d’une constance qui bat au fil de la vie.
Tout est lié et devient un rite immuable.
Le symbole même du plus grand catalogue du monde.
La magie coopère. Pour remercier ce petit papillon aux multiples valeurs, la lune va lui offrir ses couleurs. Inonder ses ailes de lumière.
Ce conte est superbement poétique.
Illustré à merveille par Blandine Imberty, « son univers est le vivant, l’infini et la lumière. »
Ariane Costa délivre un album qui donne des clefs tout en sensibilité.
Publié par les majeures Éditions Le Ver à Soie.
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