Depuis le 11 septembre, les Américains sont entrés dans une nouvelle phase de leur histoire. Mais ils ont réagi en recourant à de vieux modèles de croyance et de comportement. Le nationalisme en fait partie. Contrairement au patriotisme : - désir conservateur de défendre le pays tel qu'il est - ce nouveau nationalisme est une dévotion à un idéal abstrait, proche des rivages révolutionnaires. Il se manifeste de deux façons :
- par une polarisation politique croissante : le peuple américain est plus violemment et plus également divisé qu'à aucun autre moment de leur histoire.
- par une remontée des racines ethno-religieuses dans un contexte moderne. En effet, ce nouveau nationalisme est subordonné au « credo américain »: l'adhésion à la démocratie. D'où une situation inédite et explosive de tension entre les vieux réflexes d'un nationalisme américain profondément enraciné, et ceux d'une jeune fièvre inquiétante et radicalement nouvelle.
Il serait naïf de croire que le phénomène est circonscrit aux stratèges de Washington. La très forte inflexion de l'opinion, en particulier à l'égard de l'Europe, est à considérer pour elle-même : car l'incompréhension entre le vieux continent et le nouveau n'a jamais été aussi profonde, ni si violente.
Préface d'Emmanuel Todd
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