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"Juriste controversé, Carl Schmitt jugeait que son dernier grand livre "Le Nomos de la terre" était son oeuvre la plus importante. Cet essai inégal mais puissant couronnait en vérité une série d'écrits antérieursainsi que le montre, de façon savante et précise, le préfacier Peter Haggenmacher.
Sans doute jugera-t-on le propos de C. Schmitt plus incantatoire que véritablement démonstratif, même si on sera parfois ébloui par les perspectives ouvertes, ce qu'un auteur a appelé une "Geojurisprudenz". Sans doute n'est-il pas certain que le "jus publicum europaeum" dont l'allemand avait la nostalgie soit autre chose qu'un beau mythe : il rend toutefois compte des pratiques de la guerre des anciens régimes. Surtout le renouveau contemporain du thème dévastateur de la guerre juste, c'est-à-dire possiblement totale, donne à la réflexion de Schmitt une dimension prophétique même si elle était surtout ancrée dans une réflexion sur la signification de l'entrée en guerre des Etats-Unis en 1917.
Tout bien pesé : un livre majeur." Stéphane Rials, directeur de la collection Léviathan "Je dépose ce livre sur l'autel de la science juridique, une science que j'ai servie plus de quarante ans. Il m'est impossible de prédire qui s'emparera de mon offrande, un penseur ? un homme désireux d'un usge pratique ? un destructeur ravageur, irrespectueux du droit d'asile ? La destinée d'un livre échappe à son auteur, tout comme le destin personnel de cet auteur qui en dépend. En réalité ce livre pourrait prendre comme devise deux vers de Goethe de juillet 1812 : "Tout ce qui est petit s'est dissipé, Ici seules la mer et la terre comptent." Car nous parlerons ici de terre ferme et de mer libre, d'appropriations de terres et de mers, d'ordre et de localisation. .... Mais l'approche des juristes reste différente de celle des géographes. Ce n'est pas auprès des géographes que les juristes ont acquis leur connaissance des choses et du sol, de la réalité et de la territorialité. La notion d'appropriation de la mer a été conçue par un juriste et non par un géopoliticien. Dans ma conscience d'être d'abord un juriste, je me sais d'accord avec un spécialiste éminent du droit international actuel Camilo Barcia Trelles, qui lui aussi a abordé ce couple de la terre et de la mer. La dépendance envers les sources mythiques du savoir juridique est bien plus profonde qu'envers la géographie....
L'ordre précédent du droit international européo-centrique est en train de périr. L'ancien Nomos de la terre disparaît avec lui. Il était né de la découverte féérique, inattendue d'un Nouveau monde, un événement historique qui ne peut se répéter. On ne peut envisager un événement analogue de nos jours que sous des formes fantatstiques, en ssupposant par exemple que dans la route vers la lune, les hommes rencontreraient un corps céleste nouveau encore inconnu et qu'ils pourraient l'exploiter librement pour décharger leur rivalité actuelle sur la Terre. De telles fictions ne résolvent pas le problème du nouveau Nomos de la Terre. Celui-ci ne se règlera pas non plus par de nouvelles inventions scientifiques. La pensée des homme doit de nouveau se tourner verss les ordres élémentaires de son existence terrestre.
Nous cherchons le sens de la Terre, c'est le pari de ce livre et la règle de notre travail. C'est aux pacifiques que la Terre est promise. Même l'idée d'un nouveau Nomos de la Terre ne se révèlera qu'à eux." Eté 1950, Carl SCHMITT Table des matières Présentation Préface III - CINQ COROLLAIRES INTRODUCTIFS 1. Le droit comme unité d'ordre et de localisation 2. Le droit des gens préglobal, 55 3. Indications sur le droit des gens du Moyen Age chrétien a) La Respublica Christiana comme ordre spatial b) L'Empire chrétien comme puissance qui retient (kat-echon) c) Empire, césarisme, tyrannie 4. Sur le sens du mot nomos a) Nomos et loi b) Le nomos comme souverain c) Nomos chez Homère d) Le nomos comme fait fondamental de division spatiale 5. La prise de terres comme événement constituant du droit des gens III - LA PRISE TERRITORIALE D'UN NOUVEAU MONDE 1. Les premières lignes globales : de la raya, par l'amity line, à la ligne de l'hémisphère occidental 2. La justification de la prise territoriale d'un Nouveau Monde (Francisco de Vitoria) 3. Titres juridiques de la prise territoriale d'un Nouveau Monde (découverte et occupation) a) L'État, nouvel ordre territorial b) Occupation et découverte comme titres juridiques de la prise de terres c) La science juridique face à la prise territoriale d'un Nouveau Monde, en particulier Grotius et Pufendorf III - LE JUS PUBLICUM EUROPAEUM 1. L'État comme donnée de base d'un nouvel ordre spatial interétatique et européo-centrique de la terre a) La guerre civile surmontée par la guerre sous forme étatique b) La guerre comme relation entre des personnes également souveraines c) L'ordre spatial global d) La doctrine de Hegel sur l'État et la doctrine de Rousseau sur la guerre 2. Transformation des guerres médiévales (croisades ou faides) en guerres étatiques non discriminatoires (d'Ayala à Vattel) a) Balthasar Ayala b) Doutes sur la guerre juste c) Alberico Gentili d) Grotius et le problème de la guerre juste e) Richard Zouch f) Pufendorf, Bynkershoek, Vattel g) L'ennemi injuste de Kant 3. La liberté des mers a) Deux ordres spatiaux : terre ferme et mer libre b) La mer libre est-elle res nullius ou res omnium ?
C) Le passage de l'Angleterre à une existence maritime d) La guerre de livres de cent ans e) De la liberté élémentaire à la liberté ordonnée des mers 4. Les changements territoriaux a) Mutations territoriales à l'extérieur et à l'intérieur d'un ordre spatial de droit des gens b) Changements territoriaux à l'intérieur du Jus publicum Europaeum c) Succession d'États dans le Jus publicum Europaeum (en cas de prise de terres définitive) d) L'occupatio bellica dans le Jus publicum Europaeum (prise de possession provisoire) 5. Indications sur des possibilités et des éléments du droit des gens non rattachés à l'État IV - LA QUESTION D'UN NOUVEAU NOMOS DE LA TERRE 1. La dernière prise de terres conjointe de l'Europe (la Conférence du Congo de 1885) 2. Dissolution du Jus publicum Europaeum (1890-1918) 3. La Ligue de Genève et le problème de l'ordre spatial de la terre 4. Changement de sens de la guerre a) Le Traité de Versailles de 1919 a) Crimes de guerre dans l'ancienne acception du terme (art. 228 du Traité de Versailles), 258 b) Guillaume II comme criminel de guerre g) L'article du Traité de Versailles sur la responsabilité de la guerre, b) Début d'une criminalisation de la guerre d'agression dans le Protocole de Genève de 1924 a) Origines du Protocole de Genève du 2 octobre 1924 b) Contenu du Protocole de Genève270 g) Les éléments constitutifs du nouveau crime : acte d'agression, guerre d'agression, guerre injuste, 271 5. L'hémisphère occidental 6. Changement de sens de la reconnaissance en droit des gens a) Le dilemme entre isolement et intervention
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