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« Sur la photo, c'est sa physionomie qui captive. Un petit nez rond et des bonnes joues mais une morgue et des yeux durs, des yeux qui te voient là où tu ne veux pas être vue... Tout dans ce visage dit à la personne qui regarde : «Dégage.» Il est impossible de s'en détourner. Tu y es ventousée. Fascinée par le caractère hostile de la pose et la beauté farouche du modèle, débarrassé de toute politesse ».
Qui est cette femme-enfant au regard frondeur ? Jeune Russe exilée en Belgique, Marina Chafroff fut, sur ordre de Hitler, décapitée à la hache en 1942.
Cette mère de famille au courage extraordinaire, sacrifiée pour que vivent des innocents, aurait dû marquer l'Histoire. Elle est pourtant tombée dans l'oubli. Comment a-t-elle été refoulée de nos mémoires ?
Au fil d'un récit aux résonances intimes, plein de coïncidences et d'impasses, Myriam Leroy ressuscite le destin fulgurant d'une météorite dans le ciel de la Seconde Guerre mondiale.
Un roman intense et habité où 1942 et 2022 se superposent en deux calques troublants reléguant toujours les femmes à l'arrière-plan.
Le titre et la fréquence de le voir sur les réseaux m’ont fait craquer !
Et je ne suis pas déçue.
L’histoire de Marina Chafroff Maroutaëff jeune pianiste russe émigre à Bruxelles avec son mari Youri.
Sa force de caractère l’a fait agir contre l’occupant pour avoir « un boche de moins à nourrir ».
Le 31 janvier 1952 à 5h elle fut décapitée sur l’ordre d’Hitler pour avoir « pointé un boche, une semaine après elle s’est rendu, et par la même occasion elle avait donné un coup de couteau à un autre Allemand »
page 195.
Elle aurait pu être graciée mais « elle était heureuse du sort qui lui était promis » page 209
L’écriture est fluide, les recherches poussées (l’autrice est journaliste) ce qui donne une lecture édifiante.
J’ai apprécié ce qu’Heinrich Geriges écrit de Marina : « La femme sans tête tomba dans l’oubli avant même que quiconque ait pu prendre connaissance de son destin. »
page 233
Au hasard d’une visite dans un cimetière, Myriam Leroy se retrouve devant la tombe d’une inconnue, Marina Chafroff. Elle peut y lire l’inscription «décapitée ».
Qui était donc cette femme, sans tête ? Myriam Leroy va alors se lancer dans une enquête détaillée et passionnante pour nous dresser le portrait de cette femme d’origine russe, exilée en Belgique, mère de deux enfants, qui va un jour, sur ordre d’Hitler, avoir la tête tranchée à la hache.
Ce roman intense réhabilite une petite femme, que tout le monde a oublié, et qui a pourtant, sauvé la vie de soixante personnes, pendant la seconde guerre mondiale.
Ce texte navigue entre deux époques, entre 1942 et 2022, entre deux univers, la Belgique et la Russie.
Les rencontres sur lesquelles s’est basée Myriam Leroy pour mener à bien son enquête constituent des échanges riches et passionnants.
Cette petite histoire perdue au milieu de la grande Histoire rend hommage à une femme dont nous n’aurions sans doute jamais entendu parler.
J’ai adoré les romans précédents de cette auteure (ariane, Les yeux rouges) ; ce petit dernier d’un genre totalement nouveau se lit d’une traite et questionne sur la place de la femme, trop souvent au second plan.
Une découverte que je vous conseille vivement.
Un roman qui retrace à la fois le destin tragique et méconnu de Marina Chafroff, exilée russe ayant poignardé un soldat allemand en 1941 et qui fut ensuite décapitée. et la quête de l'autrice pour rédiger ce texte. On en apprend ainsi beaucoup sur les deux femmes dont les destins se trouvent liés de manière étonnante. J'ai beaucoup aimé la réflexion sur l'Histoire et la déformation possible des faits mais aussi le fait de suivre le travail méticuleux de l'enquête qui permet de faire ressurgir Marina de l'oubli.
Merci Lecteurs.com pour cette jolie découverte!
«Tu sais qu’il faut se garder de juger hier avec les lunettes d’aujourd’hui.»
si dense, émotionnant, imprévisible, tant de choses, de détails, de monstruosités découvertes et mises à la lumière sur la dernière guerre mondiale…
Je le recommande vivement à tous ceux qui fouillent leur passé à la recherche de leur propre histoire, de celle de leurs aïeux et surtout, à ceux qui ont des origines russes. Plusieurs livres ces derniers mois ont évoqué la fuite à différentes périodes de l’histoire du peuple russe vers l’Occident ( l’excellent “Tenir sa langue” de @polina_panassenko par exemple)
à chaque fois, je pense à notre préféré à tous, Romain Gary…
Ici, le pays d’asile est la Belgique.
L’illustration de la jaquette à capté mon attention la vôtre aussi j’imagine elle est de Ian dehaes
L’HISTOIRE
“Au cimetière d’Ixelles, au pied de la tombe de Marina Chafroff, cette petite femme aux joues rondes exécutée pour que vivent 70 otages, tu as déposé une liasse de feuilles A4 dans une chemise en plastique.
Ce sont les épreuves d’un livre, dédié à toutes celles qui, en plus de leurs responsabilités, prennent celle des autres.
En sortant tu as croisé une poubelle (…) au feutre, sous un petit bonhomme pendu : « les morts reviennent pour se venger et nous venger. » Tu as levé les yeux vers les nuages, et un frisson t’a léchée.»
Dernière page. Puis les remerciements que je lis toujours avec curiosité et en l’occurrence ici avec la même gratitude (ils en disent long souvent sur leurs auteurs et l’écriture)
Sur le féminisme
«comme tous ceux que la servitude a dégradé, les femmes ont fini par se croire faites pour leurs chaînes.» citation de benoîte Groult, page 218.
Sur la guerre
“C’est en voyant ces juifs sortir de chez elle, leur radio couverte de chiffon dans une charrette à bras, qu’il vint à Marina le désir ou plutôt le besoin de se mettre en infraction. (…) Un élan vital. (…) le refus de s’accommoder de la situation. Débuta alors la guerre de Marina. »p111
Sur la politique (malheureuse tellement d’actualité!)
“selon toute vraisemblance, la Russie, continuait de vivre et de rêver. En Belgique, il n’était pas question d’espoir, d’avenir. Il était question de s’y faire.»
« Et puis, la fin du monde eu lieu. Le vendredi 10 mai 1940 (…) Hitler engagea les troupes de la Wehrmacht, sur le front de l’Ouest, Bruxelles fut bombardée. » p93
« Bruxelles, occupée ressemblait à une nef de fous.
Le 17 juin, c’est la France qui se ratatinas. (…) Le 22, l’armistice fut signé.
L’endurance de la France était la dernière jambe à tenir Marina en équilibre. Tant que le géant voisin se rebiffe, il subsiste des raisons d’espérer."
les remerciements en dernière page: « je remercie infiniment Vadim, Jean, Dimitri, Marie-Claude et toutes les personnes qui ont connu Marina et Youri pour les histoires qu’elle m’ont confié. J’espère en avoir fait quelque chose qui ne leur déplaît pas, en dépit des libertés prises avec le réel.
(…) merci à Napo, qui, en commentant le premier, la photo de la tombe de Marina sur Instagram, a généré l’étincelle.
(…) merci à Laurent chalumeau, médecin du texte, dont les diagnostics réussissent l’exploit d’être à la fois gentils et intraitables.»
Ce livre de Myriam Leroy parle autant de Marina Chafroff que de l’autrice, autant du passé réveillé que du présent vécu. Porté par l’énergie de l’enquête, le livre est émaillé de rencontres, de trouvailles hasardeuses, de documents (écrits, sonores ou vidéos) transmis par des tiers. A travers le destin de Marina, on découvre la Seconde Guerre mondiale en Belgique, les caractéristiques de la période et les souvenirs laissés, triés entre ceux gardés et ceux oubliés. C’est une histoire vertigineuse qui nous est livrée.
Avec acharnement et un sens du partage particulièrement émouvant, l’autrice nous parle de cette femme, de sa légende, de sa réalité. C’est un bloc entier qu’elle nous livre, complété par ses propres conclusions. La mémoire de la Seconde Guerre mondiale est compliquée et délicate. Des légendes se sont forgées, dans un sens ou dans l’autre. Ces histoires ont valorisé certains êtres, en ont mis de côté d’autres. Dans cette injustice mémorielle, Myriam Leroy pointe le sort qui s’acharne encore plus sur les femmes.
Alors l’enquête, avec tout l’investissement de la romancière, veut rétablir des questionnements et apporter une autre possibilité de vérité. Myriam Leroy se confronte aux légendes, aux raccourcis, aux archives et aux témoins encore vivants. On revient sur le quotidien de cette famille venue de Russie, de ce couple aux airs amoureux, aux années de guerre et la relation entre la Belgique et l’Allemagne nazie.
En parallèle de cette avancée historique, Myriam Leroy partage également ses doutes, ses failles et la dureté de certaines découvertes. On n’oublie jamais que c’est une femme du présent, de notre temps qui se confronte au passé. De cette rencontre, naît alors l’émotion. Au fur et à mesure de la lecture, on voit des calques idéologiques actuels se rapprocher du passé. On discerne alors ce temps, cette évolution sociale qui n’avance pas et le poids des codes peser sur Marina. Une tragédie apparaît progressivement, lorsque le passé révélé montre ce que la mémoire du présent a omis. Il y a de l’intensité dans les descriptions de cette histoire personnelle aux dimensions nationales et européennes. Sans jamais émettre un avis définitif sur Marina et son destin, sans jamais en faire un exemple, Myriam Leroy esquisse le parcours d’une femme marquante et lui dresse un monument honorifique. Certains voyaient Marina comme un être bancal. Peut-être que ses choix, sa personnalité ont surtout montré que c’est le monde autour d’elle qui était bancal.
De ce livre, reçu dans le cadre d'une Masse critique privilégiée, et j'en remercie vivement les éditions du Seuil et Babelio, je ne connaissais que l'auteure, dont j'avais aimé "Ariane", son premier roman, au style d'une mordante insolence, et ce titre énigmatique que l'on dirait venu d'un roman-feuilleton du début du XXe siècle.
Or le roman de Myriam Leroy se fonde sur des faits réels, clairement identifiés dans le récit, autour desquels l'auteure tisse son enquête et choisit explicitement d'en donner une version personnelle. L'entrelacement extrêmement intelligent du réel, des documents, des témoignages (qui sont déjà une interprétation) et de la fiction confère une belle profondeur à ce roman passionnant, tant par les thématiques qu'il traite que par la force de sa construction.
Cette "femme sans tête" est "enterrée au cimetière d'Ixelles". Elle s'appelait Marina Chafroff-Maroutaëff et elle est morte en 1942, à Cologne, décapitée à la hache sur ordre d'Hitler. Intriguée par cette inconnue, la narratrice commence des recherches, balisées par des coïncidences entre sa propre existence et celle de cette jeune immigrée russe, exécutée par les nazis et qui semble oubliée de tous. Fascinée par le portrait qui apparaît sur le web, "le visage d'une femme russe, l'air très jeune, un béret à la Gavroche penché sur le crâne. La fille a une gueule, une trogne. La tête de quelqu'un qui n'est pas là pour être aimé. [...]" (p. 2-24), elle recueille des miettes d'informations, des bribes de renseignements, parfois contradictoires, sur cette jeune femme, mère de deux enfants, qui a poignardé un fonctionnaire allemand en décembre 1941. Qui était-elle ? Quels chemins tarabiscotés l'ont amenée jusqu'aux prisons nazies ? Elle a agit seule et, seule, elle a été arrêtée et décapitée, mais qui s'en souvient ? A-t-elle agi pour résister à un envahisseur ? pour lutter contre le nazisme ? par une colère impulsive contre l'accumulation d'humiliations ? Le mystère restera entier. Sauf que...
Sauf que la narratrice/enquêtrice, est happée par l'histoire de cette femme qui fait résonner sa propre histoire, l'histoire des femmes car "[...] il existe un lien d'humiliation unissant toutes les femmes, comme un cordon, qui se déploie de cou en cou à travers les âges. Une communauté secrète dont les archives, qu'on s'emploie à détruire, dégoulinent de pisse, de bave et de sperme. Tu ne sais plus où tu as lu que le point commun entre les femmes, le seul peut-être, c'est qu'on les traite comme des femmes. [...]" (p.134). Les femmes que l'on traite encore trop souvent comme des écervelées, des personnes "sans tête" et que l'on décapite par mots et mépris avant la hache du bourreau. Le silence ignorant qui entoure la vie et la mort de Marina Chafroff-Maroutaëff en est un témoignage de plus.
Ainsi Myriam Leroy avec une sincérité pleine de colère parvient-elle à nous rendre cette femme "sans tête" très proche et à nous passionner pour son histoire, en partie reconstruite par une fiction assumée. L'écriture est à la mesure du projet et des personnages : incisive, réflexive, sarcastique parfois, mais toujours fluide et juste. Un roman brûlant et épatant !
En décembre 2020, lors d’un énième confinement dû à la pandémie, Myriam Leroy se promène avec une amie dans un cimetière bruxellois. Elle y découvre par hasard la tombe d’une certaine Marina Chafroff, décapitée en 1942. Une illustre inconnue, à qui on a coupé la tête, pendant la 2ème guerre mondiale, autant d’éléments qui intriguent l’auteure et piquent sa curiosité. Grâce à de rares sources Internet, elle apprend que Marina était une jeune Russe exilée en Belgique, mariée et mère de deux petits garçons. Elle a été condamnée à mort pour avoir poignardé un fonctionnaire allemand pendant l’Occupation à Bruxelles, et ensuite exécutée à la prison pour femmes de Cologne, avant que son corps soit rapatrié en Belgique après la guerre.
Voilà les seules choses factuelles qu’on puisse affirmer avec certitude, et tirées pour la plupart des archives officielles. Pour le reste (qui était Marina, quelle était sa personnalité, a-t-elle réellement commis cet attentat, pourquoi s’est-elle dénoncée, pourquoi a-t-elle agi ainsi, sachant qu’elle priverait ses enfants de leur mère,…?), Myriam Leroy nous prévient d’emblée : elle a inventé la vie, les pensées, les sentiments, les désirs de Marina et des autres protagonistes, extrapolés principalement à partir du témoignage du plus jeune fils de Marina (âgé de 3 ans à l’époque des faits, avec la conséquence qu’il est difficile de savoir ce qui relève de la mémoire, du souvenir reconstitué et/ou de la légende familiale).
Myriam Leroy présente Marina comme une héroïne oubliée, une femme courageuse, irrévérencieuse, mais effacée par les hommes tant de son vivant (aucun pour prendre au sérieux ses velléités de résistance et de lutte contre les nazis, même pas les militaires auprès desquels elle se dénonce), qu’après sa mort. Au fil du récit de son enquête, l’auteure livre ses propres réflexions sur la place des femmes dans la société, et partage son ressenti et des bribes de son propre vécu souvent malmené par le sexisme ambiant.
Ce roman/récit me laisse partagée, à cause de sa nature hybride. Il a le mérite de mettre en lumière une femme au destin en tout état de cause extraordinaire, mais il frustre parce que, faute d’éléments suffisants, on ignore à tout jamais si la fiction de Myriam Leroy correspond un tant soit peu à la réalité.
Quant au militantisme féministe de l’auteure, il est tout à fait respectable, mais de là à le transposer sur Marina Chafroff, le procédé ne m’a pas convaincue (et l’auteure est d’ailleurs consciente de cette projection – cf article dans le journal Le Soir). Il n’en reste pas moins qu’avec ce parallèle entre deux époques, Myriam Leroy s’efforce de mettre en valeur Marina Chafroff, et, à travers elle, toutes les femmes « qui, en plus de leurs responsabilités, prennent celles des autres », et c’est appréciable.
#LisezVousLeBelge
La femme sans tête a réellement existé, c'est en se promenant au cimetière d'Ixelles que Myriam Leroy a été interpellée par la tombe de Marina Chatroff décapitée par les Allemands en 1942.
Alors l'auteure se lance dans une enquête journalistique sur la vie de cette jeune femme russe née en 1908 en Lettonie,exilée avec sa famille en Belgique..Les informations qu'elle trouve sont souvent contradictoires , donc le récit relève en partie de la fiction et le personnage de Marina a peu de consistance.L'on regrettera une écriture très peu travaillée .Marina est gaie, joue du piano. A 23 ans elle tombe amoureuse de Youri âgé de 17 ans, arrivé à Bruxelles avec sa grand-mère Zenaide. Ils se marient. Youri aime faire la bringue. En 1940 l'exode n'est pas possible pour eux.Alors selon les recherches de l'auteure, Marina se livre à un acte personnel de torture d'un fonctionnaire
allemand. Elle entrerait dans une période mystique en prison…
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