Dieu, ou plutôt Allah, sait quel djinn avait jeté un sort à Mahmoud pour l'empêcher d'avoir un héritier à qui léguer sa prospère entreprise de céramique. Non pas qu'aucun enfant ne soit venu égayer sa demeure mais, dans le monde musulman, les filles ne comptent pas et d'en avoir eu douze ne vaut à Mahmoud que l'apitoiement ironique de ses voisins. Quant à son seul fils Goha, s'il a grandi en force et en beauté, son intelligence est restée naine. Ainsi Goha est-il à vingt-cinq ans une figure quasi légendaire du Caire à cause de sa simplicité d'esprit. Sur son compte courent des histoires d'une drôlerie irrésistible et lui-même rit, sans comprendre, avec les rieurs. Un jour vient pourtant où, dans les brumes de son cerveau, s'éveille quelque chose qui croît et le transforme. La cause en est une déesse de pierre de l'époque pharaonique dont le souvenir le précipite dans bien des mésaventures car, par elle, il découvre le désir, la jalousie, la dignité et l'amour. Au fil de l'histoire de Goha le Simple, l'homme au coeur d'enfant, nous est contée la vie du petit peuple d'Égypte au temps où presque personne n'allait plus vite que le pas de l'âne.
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