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Père placide et d'humeur conciliante, voilà Marc parti vers le sud avec sa fille Anne qu'il vient d'enlever à son hôpital psychiatrique pour le week-end.
Mais la petite escapade tourne bientôt à la cavale. Anne ne veut plus rentrer, surtout pas à l'asile. Elle veut aller loin, très loin, le plus loin possible. Constellée d'incendies bizarres et semée de cadavres, la drôle d'équipée se transforme vite en un hallucinant road-movie.
Avec férocité, avec fragilité aussi, les personnages de Pascal Garnier s'accrochent à leurs rêves naïfs ou dérisoires, en éclopés de la solitude fuyant le réel pour davantage s'y perdre. Ange du mal déguisé en cordon bleu ou en tueur à gages flapi, ce sont décidément des gens comme vous et moi, des monstres candides en proie à leur plus chère folie.
« Moi aussi, je connais Agen ! »
C’est Marc qui s’exclame lors d’un repas où les convives sont ennuyeux et banals. Marc se sent mal à l’aise, décalé, il n’a rien à dire, il n’a rien vécu. Il s’est toujours laissé guidé dans ses actes, ses choix, par son entourage. Où est passé son enfance ? Qu’a-t-il fait de sa vie ? Il a la soixantaine, il s’est marié à Chloé, il a une fille, Anne, d’un premier mariage, qui est en hôpital psychiatrique. Il est à un tournant de sa vie.
Il ne connaît pas Agen, il a dit ça comme ça, pour dire quelque chose. Il ne connaît pas grand-chose en dehors de Paris. Il voudrait aller loin. Loin, c’est où ? Loin comment ? Il voudrait aller loin mais pas tout seul. Pas avec Chloé. Avec sa fille.
Bon. Les voilà partis. Pour où ? Marc n’a rien prévu, donc on peut s’attendre à tout. Surtout avec Anne qui est plutôt imprévisible.
Le Grand Loin, c’est un de ces petits romans surprenants dont on ne peut rien dire sans gâcher le plaisir de la lecture, et Marc, un de ces personnages qu’on aime dès les premières pages. Perdu, décalé, il porte un regard drôle, désabusé et un peu triste sur le monde, mais on l’aime bien. Le mot est à la fois léger, franc et grave. Et surtout, dans son escapade, il rencontre, pendant 160 pages seulement, des personnages atypiques, un peu déjantés, souvent défaits. Un chouette moment de lecture !
L'article entier sur mon blog :
http://www.bibliolingus.fr/le-grand-loin-pascal-garnier-a100060658
Ultime livre de Pascal Garnier, décédé le 5 mars dernier. Différent tout en gardant la même trame : des êtres "normaux" qui se rencontrent ou qui vivent ensemble jusqu'à une explosion ou un effondrement. On sent bien qu'à continuer leur périple, Marc et Anne vont droit dans le mur, mais on sait aussi qu'ils en sont conscients et que rien ne les détournera de ce mur.
J'aime la description du suicide social de Marc, sa descente vers l'absence de personnalité. On a tous -enfin, j'imagine, rassurez-moi, on a bien tous ?- des moments ou l'on décroche totalement de ce qui se passe autour de nous, où l'on se pose des questions existentielles (A quoi bon tout cela ? Qui'est-ce que je vais faire chez ces gens ? Pourquoi se donner tant de mal ? ...). Eh bien, Marc c'est cela, mais porté au paroxysme. Certaines scènes de régression, en début de livre (par exemple, Marc à quatre pattes à scruter le tapis avec une loupe) sont irrésistibles, non pas de rire, mais de décalage et de sensibilité.
J'ai croisé dans mes lectures des personnages sans personnalité, mais c'est la première fois que je lis que l'un d'entre eux veut perdre sa personnalité pour devenir anonyme pour tous. Cela va à contresens de la société qui veut au contraire que chacun puisse avoir son quart d'heure de célébrité. Encore une fois Pascal Garnier fait mouche avec ses personnages qui pètent un câble contre toute attente.
Jusqu'ici, j'avais une petite préférence pour L'A 26 du même auteur ; Le grand loin le rejoint largement sur le podium. Dernier détail, mais qui a son importance pour moi, le livre est dédié à Samuel Hall, personnage misanthrope (un peu comme Marc) d'une chanson d'Alain Bashung, et la citation de début de livre : "On est loin des amours de loin. On est loin." est également tirée d'une chanson d'Alain Bashung, comme sur le précédent roman de Pascal Garnier, Lune captive dans un oeil mort ; il devait être fan, ce qui nous fait un point commun.
Les romans de Pascal Garnier correspondent à une broderie savamment tissée sur un même thème: le désespoir de vivre et l'impossibilité de se réconcilier avec la vie.Ici le narrateur part loin avec sa fille sur des terres inconnues jusqu'à ...Agen.Il est surtout loin de lui-même et de ce qui pourrait faire de lui un sujet;et tout se décompose autour de lui sous son regard impassible comme s'il en avait fini avec la pesanteur de l'existence.Il n'y a plus de refuge, la terre et la nuit sont noires,le monde se dérobe.Pascal Garnier nous offre le constat lucide d'un monde sans repères où les êtres sont fatigués de porter sans cesse leur destin entre leurs mains.Fin de partie.
« Lune captive dans un œil mort » a été retenu en 2009 parmi les 30 livres de la pré-sélection du 1er Prix Orange du Livre ; à cette occasion j’ai découvert et apprécié l’ironie mordante de son auteur Pascal Garnier. Le voici proposant une nouvelle fouille des tourments de l’âme humaine et il n’y va pas de main morte ! Le roman - une longue nouvelle - affronte la folie, mise en scène autour d’un père et de sa fille : folie douce du père, troublé par les rêves inachevés qui jalonnent de remords une vie ordinaire et placide, folie dure de sa fille, placée en hôpital psychiatrique. Il lui rend visite une fois par an pour son anniversaire et c’est, cette fois, l’occasion de s’adonner à « l’ivresse d’une dérive infinie » sur les routes de France. L’escapade tourne au « road-movie » jonché de cadavres et d’incendies criminels et « le grand loin » s’arrête à Agen (on pense à « Vesoul »). Le récit ne nous épargne rien : la schizophrénie d’Anne, le maléfice vaudou, la scène « gore » et pire…, le tout sous le regard stoïque de Boudu le chat qui oppose sa sagesse animale (« pas bouger, pas bouger ») à la folie humaine. Le ton est féroce et drolatique (ah, le médecin misanthrope et louche qui fait irrésistiblement pensé au Dr Destouches). Le récit, très enlevé, ne laisse pas un moment de répit au lecteur, jusqu’au petit mot de la fin qui unit père et fille dans la même fulgurance. Si j’étais juré, je placerais ce petit livre - un bijou de forme : honneur à Zulma - en haut de la sélection 2010 !
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