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Etats-Unis, terre d´opportunités et de prospérité - mais pas pour Jack Taylor, ex-flic reconverti en privé : la police des frontières lui refuse l´accès à bord. Amer et dépité, Jack va se consoler au bar de l´aéroport. Quand un certain Kurt l´aborde au comptoir, il ne s´en soucie guère. Pourtant, cet homme à la beauté étrange en sait un peu trop sur sa vie et lui tient un discours ambigu : le mal s´infiltre partout où l´espoir recule, ses plus belles proies sont ceux dont le destin bascule. Or, fragilisé, Jack l´est bien. Boiteux et revenu de tout, il se shoote intensément au Jameson et au Xanax, en fumant à la chaîne ses Sweet Afton préférées. L´Irlande, le Tigre vert, est mise à mal elle aussi par la crise financière. Mais Jack s´en moque, il n´aime pas les oiseaux de mauvais augure. De retour à Galway, il accepte d´enquêter sur la disparition d´un étudiant. L´affaire révèle des liens avec un mystérieux M. K., et Jack repense à l´homme de l´aéroport. Après la découverte de plusieurs cadavres martyrisés selon un rituel satanique, puis la profanation de la tombe de son père, le doute n´est plus permis. Il a croisé la route du démon. Mais pourquoi lui ? Avec l´aide de ses fidèles partenaires, dont le père Malachy et Ridge, la fliquette lesbienne, Jack s´engage dans un combat contre le mal.
Tous les ingrédients d'une enquête de Jack Taylor sont réunis :
- enquêteur qui ne se jette pas vraiment dans l'action
- Galway et l'Irlande
- la religion
- des références extrêmement nombreuses au cinéma, la littérature noire, la musique, les émissions télévisuelles : trop parfois, c'est un peu gênant de n'en connaître pas une sur dix ou vingt, et ça fait un peu inventaire duquel je me sens exclu. Dommage, car le lecteur, c'est quand même moi ! Mais, bon, les autres lecteurs sont sûrement plus instruits que moi.
- l'alcoolisme profond de Jack qui ne carbure qu'au Jameson et à la Guiness (uniquement à la pression et tirée par des pros) auquel il rajoute du Xanax : un peu fatigant sur la longueur, car il n'y a pas une page qui ne fasse mention de son absorption de whisky, de bière et/ou de médicaments. On a compris le problème, l'asséner à toutes les pages est un peu "too much"
Ces deux réserves dites, il est indéniable que j'ai dans les mains un polar hors norme. Jack Taylor y est omniprésent, le narrateur de cette histoire. Il est détective privé, mais ne se précipite pas dans ses investigations ; il laisse venir à lui les informations, fouille un peu quand même mais pas trop. Il est tellement englué dans sa vie personnelle qu'il lui est parfois difficile de faire face. Jack est une épave alcoolisée, un pauvre type, qui, cependant gêne au plus haut point. Désabusé, blasé, plus beaucoup d'espoir en lui et en la société. Il faut dire que l'époque actuelle n'incite pas vraiment à la déconnade tous azimuts :
"Les infos défilaient à l'écran, toutes plus sinistres les unes que les autres : licenciements, gestes désespérés, expulsions, un inceste indicible à moins de trente bornes, arnaques, meurtres en voiture à Dublin devant des petits enfants, une kyrielle de suicides et, pour couronner l'ensemble : les prochaines cérémonies des oscars.
Y'a de quoi sombrer dans l'alcool, pensez pas ?
Tu parles, de nos jours, c'est de l'héroïne pure qu'il faut, pour digérer les infos." (p.92)
Constat que je partage avec lui (sauf pour l'alcool et la drogue, bien sûr, sain de corps et d'esprit je suis -enfin, il paraît.) Mais les rares fois où j'écoute les informations, il me faut bien avouer que cet inventaire à la Taylor y est présent, dans cet ordre ou dans un autre. Une des raisons qui me font boycotter autant que faire je peux les journaux télévisés, papier et même de plus en plus radio, qui se ressemblent tous cherchant l'info qui rapporte (des auditeurs, lecteurs ou téléspectateurs) et qu'ils pourront développer suffisamment longtemps pour garder voire augmenter l'audimat !
Ceci étant dit, revenons au bouquin et notamment à l'écriture de Ken Bruen. Sèche, dénuée de tours et détours, elle va au plus court. Jack Taylor ne parle pas toujours, parfois, il éructe ! Malgré cette économie de moyens littéraires ou grâce à eux, Ken Bruen construit un bouquin passionnant qui ne fait pas l'impasse sur les difficultés du moment : la crise, la violence, la désillusion, ... Enfin, bref que des domaines dans lesquels le Démon intervient en force, à tel point qu'on peut se demander en lisant ce livre s'il n'est pas en train de gagner la partie. Jack Taylor mène un combat contre le Diable, du côté de son Dieu (eh oui, malgré tout ce que j'ai dit plus haut, Jack est croyant). Le classique le Bien contre le Mal, mais à la mode Ken Bruen ! C'est à dire que ça dégage et qu'on est loin des ligues de bonnes vertus. Un combat inégal, sans doute perdu d'avance, assez rare dans les polars, un rien mystique et improbable voire onirique, mais Jack n'a pas dit son dernier mot. Beau travail des traductrices : il fallait bien être deux pour l'ampleur de la tâche.
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