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L’histoire débute en 1931. Un village du nord, les corons en décors, une école, des enfants, un maître, banal en soi jusqu’à l’arrivée d’un nouvel élève, Radek. Son arrivée va bousculer les cartes et les ordres déjà établis. Radek vient de Pologne avec sa mère et son jeune frère et ne comprend ni ne parle le français. Pierre sera désigné comme son tuteur.
Des amitiés vont naitre et une petite bande, dite «la bande à Bouboule », composée de quatre garçons et une fille va se former. La vie s’organise doucement dans l’insouciance de la jeunesse et les années passent.
Malgré la quiétude de la vie, les nouvelles qui arrivent sont mauvaises, la guerre éclate et l’occupation Allemande gagne du terrain dans le nord du pays particulièrement touché. Deux possibilités s’offrent aux jeunes gens, rester sous les bombardements ou partir et gagner la zone libre. Le choix se porte sur la deuxième solution et le club des cinq décide de partir vers le sud. Une tante pourra les accueillir dans le Vercors. Ils laissent derrière eux leur famille, leurs souvenirs et leur enfance. L’exode vers la zone libre s’organise et gagner la zone libre devient leur seul objectif.
Gontran dit « Bouboule », Radek, Auguste, Pierre et Eugénie vont alors sillonner les routes et vivre au gré des évènements. L’amitié entre eux, indéfectible, a dépassé la cour d’école, d’enfants, ils sont devenus des adolescents et vont bientôt devenir des adultes.
Ils partent vers l’inconnu, ne savent pas de quoi sera fait demain, mais pour eux tout est possible. Le Vercors, berceau de la résistance les attend, et dès 1940, les habitants montrent des signes de désobéissance. L’époque est cruelle, tragique, comme peut l’être une guerre, avec son lot de peurs, courages, loyautés, trahisons, bravoures ou actes manqués.
Au gré de leur cheminement, les caractères de chacun vont se faire jour, les vrais visages vont se dévoiler pour le meilleur ou pour le pire.
Ce roman est une véritable galerie de personnages qui font naître la compassion. Seul le personnage d’Eugénie me trouble, me laisse un sentiment dérangeant, déstabilisant que je n’aime pas.
Au quotidien, la vie se charge de nous dire qui nous sommes. Seuls les évènements inattendus et inhabituels que nous vivons nous permettent de découvrir qui nous sommes vraiment. Les situations extrêmes nous révèlent.
« Un homme courageux vous tue avec une épée, un lâche avec un baiser » a cité Bob Dylan.
Il reste que chacun fait ce qu’il peut.
Pour aveu, Wendall Utroi était jusque-là inconnu pour moi. Cette lecture a donc été une première et s’est révélée être une très belle découverte. Le rappel du poème « Liberté » de Paul Eluard n’est pas vain, ni neutre, il nous rappelle combien celle-ci est fragile. La mise en page des valeurs humaines, de la complexité de l’évaluation des différents évènements, de la psychologie des personnages, font de ce roman un formidable kaléidoscope.
Finalement, le courage pour les uns est peut-être la lâcheté pour les autres.
Ce nouveau roman de Wendall Utroi s’est fait attendre. Après l’avoir découvert avec le génial « Le paradis des vauriens », je me faisais une joie de repartir à ses côtés.
Il nous entraine cette fois-ci dans les années 30 où le récit est découpé en deux parties. On découvre tout d’abord un à un les personnages qui se sont rencontrés dans leur enfance. L’atmosphère de l’école et les péripéties liées à cette époque nous présentent la création de cette bande de copains. Durant cette première moitié du livre, il est surtout question d’amitié et de tout ce qui en découle. J’ai ressenti une forme de nostalgie devant ces gamins attachants et la magie de leur innocence.
Ensuite, l’auteur les lance dans une aventure moins insouciante. Ils sont confrontés à la guerre et à ses conséquences. Il met alors à l’épreuve leurs convictions mais aussi leur fraternité. Se pose alors la question « Qu’est-ce que j’aurais fait à leur place ? ». En suivant le personnage principal à la première personne, on se rend compte que la réponse n’est pas évidente, surtout lorsque l’on est acculé. Les réactions de chacun peuvent être complètement différentes. Face à une menace irréversible, la limite entre le courage et la lâcheté est souvent plus ténue que prévu.
C’est un roman déstabilisant parce qu’il ne cesse de nous surprendre avec le comportement des acteurs. Il nous dépeint d’abord un tableau idyllique de l’amitié pour ensuite le faire exploser à la dure réalité. La vie est pleine d’infortunes et on ne peut présumer de la conduite des autres.
Wendall Utroi est un écrivain qui mérite vraiment que vous le découvriez. Je trouve qu’il n’est pas assez reconnu malgré son talent indéniable. « Le courage des lâches » sera pour vous une bonne opportunité de remédier à cette anomalie !
https://leslivresdek79.wordpress.com/2024/05/30/940-wendall-utroi-le-courage-des-laches/
Il m’aura fallu attendre son dixième roman pour enfin découvrir Wendall Utroi. "Le courage des lâches", un oxymore en guise de titre, en dit long sur une période sombre de notre Histoire. Sombre et en même temps lumineuse – oxymore, quand tu nous tiens – comme justement cette époque qui vit se côtoyer le pire et le meilleur.
1930… Les corons du nord et une bande d'enfants : Pierre, Bouboule et Auguste, sans oublier Eugénie. Un jour, arrive Radek, un Polonais qui rejoint leur classe et leur groupe après quelques difficultés liées à la méconnaissance de la langue. Une vie d’enfants, légère et plutôt heureuse Puis la guerre arrive et ils vont la traverser, tous ensemble, ils vont connaître l’occupation, la fuite sur les routes, la peur, la mort.
Ce roman dont l’auteur précise que "…cette histoire ne se veut pas un roman historique, bien qu’il repose sur ce vecteur que j’ai voulu le plus réaliste possible." est surtout l’occasion pour l’auteur d’analyser l’âme de chacun des protagonistes, leurs réactions face à l’adversité. Il étudie la manière dont ils abordent les situations les plus difficiles. La vie est un choix, on le sait, mais ce choix, justement, n’est pas toujours aisé. Et à travers tous ces moments, nous appellent à nous poser la question, à nous demander ce que nous aurions fait.
Malgré le grand classicisme à la fois de l’écriture, travaillée, précise, mais simple d’accès, et de la période, souvent utilisée qui sert de décor au récit, j’ai beaucoup aimé. C’est un roman addictif tant les personnages sont attachants et leur cheminement empli d’embuches et de difficultés. Il est difficile de ne pas tourner les pages, de ne pas se demander de quoi seront faites les suivantes. Les moments de grande intensité dramatique sont subtilement tempérés par d’autres, sinon heureux, du moins plus éclatants. Une très belle histoire aussi d’amour et d’amitiés.
En un mot ce roman est très émouvant de par son réalisme quant aux actes et attitudes des uns et des autres. Une manière de nous démontrer qu’il faut un sacré courage parfois quand on est lâche.
https://memo-emoi.fr
Je remercie les Editions La Trace pour cette très belle lecture.
La bande à Bouboule n’était pas une illusion
La plume de Wendall Utroi a enfin trouvé son écrin aux éditions La Trace et j’en suis ravie. Une longue et belle collaboration qui commence avec ce livre, un livre majeur.
Ce roman sur fond historique a tout pout plaire, un rythme qui vous donne envie de tourner les pages, une écriture fluide et néanmoins nerveuse et cette incomparable façon de resituer une époque et de croquer de beaux portraits d’hommes et de femmes, le tout s’en faire la leçon, le lecteur garde toujours son libre arbitre.
Dans le Nord, l’année 1931 est une année charnière pour la classe de Monsieur Leblanc, un instituteur à l’ancienne qui instruit les jeunes têtes qui lui sont confiées mais qui va plus loin, en adulte conscient des difficultés du monde, il initie ses jeunes à la liberté de pensée et les exhorte à se bien comporter sans préjugés et avec l’esprit ouvert, la bienveillance n’est peut-être pas une option. L’année du certif’ voit l’arrivée de Radek, jeune polonais ne parlant pas le français.
La guéguerre existante entre Gontran dit Bouboule à cause de son poids et qui achète l’amitié de ses camarades grâce à une distribution généreuse de bonbons, c’est le fils de l’épicière et Pierre le rêveur, Martin et Auguste qui a une sœur la superbe Eugénie va voler en éclats pour laisser la place à une solidarité qui se transformera en fraternité.
L’instituteur a chargé Pierre d’apprendre le français à Radek, ce dernier est intelligent, volontaire, altruiste mais il a aussi d’autres problèmes à gérer. Auguste aussi a des problèmes mais il a sa fierté et ne veux pas dire pourquoi il arrive tous les jours en retard à l’école. Il est donc puni chaque jour, une punition longue comme un jour sans pain.
Ce sont ces éléments qui vont servir de base à une leçon de vie, une façon pour l’instituteur de concrétiser son enseignement.
Grâce à Pierre, lui le rêveur, le neutre, certains diraient le pleutre qui va se poser les bonnes questions face à son attitude envers Radek, il va cheminer sur une prise de conscience qui va résoudre les problèmes de Radek et ceux d’Auguste et pour cela il va falloir s’investir sur le long terme.
Comme l’a écrit Christian Bobin : « La rencontre est le but et le sens d’une vie humaine. »
Mais à peine le certificat en poche, il faut trouver un métier ou plus rare faire des études.
Pour certains c’est plus compliqué mais finalement cela révèle aussi leur personnalité.
À peine le temps de grandir et la guerre est là.
Les bruits de bottes menacent ; les jeunes qui ont l’âge partent défendre leur pays, les plus jeunes sont menacés d’aller travailler en Allemagne.
Alors la bande à Bouboule va réagir à sa façon, pas question de travailler pour l’ennemi et ils n’ont pas de réseau pour entrer dans la résistance. Ils vont donc traverser la France pour un ailleurs qu’ils n’appréhendent pas car il est difficile d’imaginer ce qui va arriver.
C’est cette aventure que les lecteurs suivent avec passion.
Courage-lâcheté ne serait-ce pas les deux faces d’une même médaille ?
« —Donc t’as peur ! titilla le marchepied, heureux de sa répartie.
Radek resta les yeux rivés sur la route :
—Ouais ! Si tu veux !
—Sans rire ?
—Oui, c’est pas interdit que je sache ! Ça m’ennuierait qu’il vous arrive quelque chose, je ferais exactement pareil pour ma famille. Et comme j’aime vos têtes de fouines, eh bien, voilà ! »
Ils vont se retrouver dans le Vercors haut lieu de la Résistance. Mais en chemin ils vont vivre et affronter l’inimaginable, les personnalités vont se forger et se révéler.
Leur point de chute est la maison de la tante d’Eugénie.
Et notre auteur sait faire de magnifiques portraits de femmes qui n’ont rien à envier à ceux des hommes.
« Vous ne voyez les femmes que comme des demi-êtres, des personnes fragiles qui ont besoin de votre soutien, de votre approbation, de vos conseils, mais la guerre le prouve : nous sommes bel et bien des combattantes. »
Et c’est cette façon que Wendall Utroi a d’humaniser ses personnages de papier qui font que le lecteur vit les histoires qu’ils nous narrent comme s’il était acteur et que les personnages faisaient partie de sa famille ou de ses amis.
En lisant on est happé et le tour de force qu’en on aborde cette période sombre de l’Histoire c’est que la narration n’est jamais dans le jugement, elle courre et nous amène à réfléchir et non à juger.
Qu’aurions-nous fait ? Je crois que cette question est prégnante quand on analyse ce qu’il se passe aujourd’hui, cette haine déversée pour tout et rien, et l’absence d’interrogation et d’approfondissement sur les faits majeurs
Un roman d’une actualité brûlante.
Vous l’aurez compris j’ai adoré ce livre et j’espère si vous ne connaissez pas que vous aurez l’envie de découvrir.
©Chantal Lafon
https://jai2motsavousdire.wordpress.com/2024/03/30/le-courage-des-laches/
Le Courage des Lâches est un roman de littérature au long cours aux reflets sombres mettant en scène plusieurs enfants dans les années 30 dans les corons du nord de la France. On y découvre leurs destins tragiques tandis qu’ils traversent les années d’occupation allemande et le pays pour rejoindre la Résistance dans le Vercors. Une histoire d’amitiés, d’amours, de dons et de sacrifices, de courage et de lâcheté, mais aussi sans doute un miroir pour le lecteur qui se confronte à des émotions fortes, à des questionnements. Magnifique !
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