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Fabien, surveillant au Louvre, aime son métier. Depuis quelques semaines, il aime aussi Mathilde. Celle-ci vient présenter son ami à sa famille dans la vaste maison de campagne près d'Angers. Non sans appréhension : le clan Benion est « un peu particulier ». Après le dîner, on veut « montrer un truc » à Fabien. Au grenier, à l'occasion de travaux, on a trouvé récemment un coffre dans lequel un aïeul avait laissé une affreuse toile représentant un pauvre clébard, qui louche. Que vaut le tableau de l'ancêtre, demandent les Benion, est-ce une croûte ou un chef d'oeuvre ? On veut l'avis de l'expert sur l'oeuvre peinte. Fabien est emmerdé, il n'est que surveillant, et botte vaguement en touche. Mais pour les Benion, la cause est entendue, tant que l'inverse n'est pas prouvé, le tableau de l'aïeul a droit au Louvre. On s'en amuse. Fabien espère que tout ça n'est qu'une lubie de pochetrons. La suite lui prouva que non.
Résumé : Pris au piège d’un repas en territoire hostile : présentation à sa BELLE famille, Fabien, agent de surveillance au Louvres, se voit contraint d’endosser le rôle d’un expert en peinture le temps d’une unique expertise. Sous la pression belle-familiale, il n’a pas le courage de dire à l’arrière-grand-père de sa belle que le tableau de son aïeul est une croûte sans intérêt. Résultat, il se voit confier pour mission (impossible ?!?) de ‘faire entrer’ cette toile au Louvre. Le futur de son couple pourrait même en dépendre…
Mon avis : Samedi dernier, je vendais quelques BDs en double sur un vide-grenier quand une cliente potentielle, voyant sur mon stand un exemplaire du Chien qui louche, m’affirma qu’elle n’avait pas trop aimé. Ma foi, c’est bien son droit. Un brin d’esprit de contradiction, et, vide-grenier oblige, quelques heures devant moi, j’ouvris la BD.
Bon, je vais tuer le suspense, j’ai adoré. Vraiment ! Ce n’est pas tous les jours qu’une BD me procure un tel plaisir.
D’abord… d’abord y a les nez… Euh, non, ça c’est chez Astérix, Gaston et Grand Jacques… Non, là, d’abord il y a l’humour. Je ne savais pas que Davodeau était si drôle. Un humour parfois fin, parfois moins, mais bien omniprésent. Avec La belle famille, entre beaufs (c’est le cas de le dire) et honneur entrepreneurial, la face cachée du Louvres, ses anecdotes légères, Le couple Fabien et Mathilde, et une curieuse association aussi secrète que surréaliste, L’auteur s’en donne à cœur joie de nous en donner… de la joie !
Le scénario n’est pas en reste puisque d’un postulat somme toute assez simple se développe une intrigue bien rythmée où l’on se demande constamment comment tout cela va bien pouvoir se régler.
Pour ce qui est du dessin, c’est du Davodeau : Aquarelle, bi-chromie, trait simple, tout ça, tout ça… On aime on ou n’aime pas, en tout cas, c’est bien fait et ça correspond parfaitement au propos et à l’ambiance…
En bref, Le Chien qui louche est une excellente surprise : à la fois drôle et instructive, elle parvient à nous parler du plus grand musée du monde avec tendresse et sans se prendre au sérieux.
Merci Monsieur Davodeau.
Enfin, cette BD croise ma route, il ne faut donc jamais désespérer.
De l’auteur, j’avais beaucoup aimé Les ignorants. Ici encore, j’ai retrouvé l’atmosphère si particulière qu’il sait créer à chaque BD.
Certes, le fil conducteur du scénario, à savoir le fameux tableau du Chien qui louche (très drôle) est intéressant, mais ce que j’ai vraiment apprécié, c’est le silence qui règne dans ces pages, au milieu du Musée et de ses oeuvres.
J’ai aimé, également, cette confrérie des amoureux du Louvre pour des raisons parfois loufoques, parfois tristes.
Un auteur qui devient un incontournable pour moi dorénavant.
L’image que je retiendrai :
Celle des yeux du chien qui se croisent qui m’ont fait rire.
https://alexmotamots.wordpress.com/2015/09/09/le-chien-qui-louche-etienne-davodeau
Il y a dans ce one-shot de Davodeau un mélange des genres, une superposition des trames une fois de plus très réussies. La BD se construit autour du point de rencontre entre les deux facettes de la vie de Fabien, la professionnelle (il est gardien de musée) et la privée (il vit une histoire d'amour réjouissante avec Mathilde). L'occasion pour Davodeau de s'essayer avec grâce à représenter le Louvre et ses oeuvres), de peindre les coulisses de ce grand musée en adoptant le point de vue d'un personnage de l'ombre, anti-héros muséal, de proposer une réécriture du clivage province-Paris portée à son comble lors des différentes entrevues de Fabien et de sa belle-famille mais surtout, l'occasion surtout de soulever la question de l'essence même de l'art, de sa subjectivité et de sa réception. La visite de la belle-famille au Louvre en dit long sur cette notion. Néanmoins, on reste un peu sur sa faim avec Le Chien qui louche, parce que certaines inventions fantaisistes et délirantes contrastent décidément trop avec le réalisme ambiant du Chien qui louche. Le mélange des genres (polar, complot, récit réaliste, sentimental, burlesque parfois) finit par faire perdre sa cohérence à l'ensemble, que l'on aurait souhaité aussi génial que Les Ignorants ou Les Mauvaises gens.
J'aime Davodeau et la façon qu'il a d'appréhender la vie de ses personnages. Voilà donc notre héros du jour, gardien de musée du Louvre, aux prises avec les frangins encombrants et lourdauds de sa fiancée. Objectif : faire rentrer au Louvre une toile de leur aïeul, représentant un chien qui louche. Une réflexion amusée sur le rapport à l'art du plus grand nombre.
Dites-moi, si vous le pouvez, ce qui fait d’une œuvre d’art une œuvre d’art. Est-ce par ce qu’elle représente et par le message qu’elle transmet ? Non, il existe une tripotée d’œuvres qui n’ont aucune portée cognitive (des études colorées de Gustave Moreau aux installations de Dan Flavin, en passant par les compositions de Kandinsky). Est-ce par ce qu’elle correspond à la psyché du spectateur ? Non plus, car les artistes n’ont bien souvent créé que pour eux, avant tout, sans soucier du public. Est-ce parce qu’une dimension supplémentaire existe et qu’elle n’est perceptible que par ceux qui la voient ? Oui. Elle a pour nom : ESTHETIQUE. Elle n’est que langage, basé sur la ligne, la forme, la couleur, le volume, etc. Et ce langage s’apprend (comme tous les autres langages, aussi bien le chinois que les mathématiques).
Pour résumer : « la Joconde » de Léonard de Vinci est une œuvre d’art, non pas parce qu’elle est un portrait d’une dame italienne de la Renaissance mais bien parce que le peintre florentin y a utilisé le sfumato, la perspective chromatique, le sens du détail, un sens du volume inusité jusqu’à cette époque, etc. Donc je reconnais bien que ce panneau est une œuvre d’art mais je n’y suis pas du tout sensible. Je n’aime pas la Joconde.
L’histoire de l’art regorge d’exemples d’œuvres ignorées, oubliées puis redécouvertes. Un exemple : en 1913, Matteo Marangoni trouva dans les anciennes latrines des Offices de Florence, le « Bacchus » du Caravage. Un exemple plus récent et belge, cette fois. En 2000, Pierre-Yves Kairis a redécouvert un tableau de Nicolas Poussin dans une église de la banlieue bruxelloise. Il était porté manquant depuis 1815. Donc cela dépend encore et toujours du regard posé sur l’objet !
Ainsi Etienne Davodeau nous met face à cette problématique de l’œuvre d’art. Mais également à celle de la muséologie. Il nous plonge au cœur du cauchemar de n’importe quel conservateur de musée ; j’ai nommé : le public. Mais si, vous les connaissez, ces gens qui déambulent l’appareil photo au bout du bras, ces gens qui sont au Louvre parce que « qui est à Paris doit le visiter », ces gens qui se moquent comme d’une guigne des heures de recherche vivante, aléatoire et savante des conservateurs et des chercheurs de l’institution muséale. La culture de masse a transformé l’œuvre d’art en produit de consommation, comme l’est un hamburger, un soda ou un film porno. Elle en a fait un objet vu et non plus un objet contemplé. Elle en a dénaturé l’essence même.
Si bien que ce « Chien qui louche » pourrait bien avoir sa place au Louvre, mais hélas, pour lui, il y a « le Radeau de la Méduse », « le Serment des Horaces », « les Noces de Cana » … La concurrence est Rude !
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