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Le samedi 24 avril 1915, à Constantinople, 600 notables arméniens sont arrêtés et jetés sur les routes de la déportation. Commence alors le premier génocide du XXe siècle. 1,5 million d'Arméniens périssent, principalement sur leurs terres historiques d'Anatolie orientale. Parmi ceux qui survécurent, certains gagneront l'éphémère Ire République d'Arménie. Lâchée politiquement, cernée militairement, étranglée économiquement, elle deviendra finalement une des républiques de l'Union soviétique.
D'autres Arméniens gagneront, dès 1921, des rivages plus cléments. Débarqués à Marseille, ils constitueront une main-d'oeuvre docile dans la France d'après-guerre. Et lorsqu'éclatera la Seconde Guerre mondiale, la plupart d'entre eux n'hésiteront pas à combattre l'occupant, armes à la main, que ce soit en France, dans les rangs de l'Armée rouge ou ailleurs. C'est alors qu'après une longue période de silence, des cris s'élèvent à Erevan le 24 avril 1965 : «Nos terres ! Justice ! Résolvez la question arménienne !» Cinquante ans après l'apocalypse, les habitants de la capitale arménienne commencent le combat pour la reconnaissance du génocide par les Etats et par l'héritière de l'Empire ottoman : la Turquie.
Un siècle plus tard, l'auteur, d'origine arménienne, se plonge dans le passé de l'Arménie et de ces souvenirs douloureux. Un essai qui permet de comprendre l'histoire et la mémoire de ce pays, alors que le débat autour de la mémoire du génocide arménien a fait couler beaucoup d'encre en France et dans le monde.
À l'occasion du centenaire du génocide arménien, en 2015, l'auteure revient sur un siècle d'histoire de l'Arménie et des arméniens, replongeant parfois dans des événements beaucoup plus anciens pour expliquer les péripéties contemporaines.
Elle décrit ce destin en partant des faits, notamment pour ce qui concerne les années du génocide lui-même. Mais elle s'appuie surtout sur le parcours de nombreuses personnalités, ayant souvent, mais pas toujours, subi la barbarie du génocide, mais ayant surtout marqué de leur emprunte le maintien d'une identité arménienne, sur place ou en exil.
Le livre apporte un éclairage intéressant sur l'après génocide, sans s'attarder sur celui-ci. Ma petite déception vient de là : après avoir lu L'oiseau bleu d'Erzeroum de Ian Manook, je cherchais à mieux comprendre les ressorts du génocide : pourquoi, comment, où, etc. ? Ma curiosité reste donc largement insatisfaite...
Pourtant, il ne faut pas négliger l'intérêt de ce livre. Il permet de mieux comprendre les événements récents concernant la jeune république d'Arménie et la persistance d'une identité arménienne originale malgré la Turquie et l'URSS...
Chronique illustrée : http://michelgiraud.fr/2022/02/05/larmenie-au-coeur-de-la-memoire-helene-kosseian-editions-du-rocher-pour-comprendre-la-persistance-de-lidentite-armenienne/
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