Le livre s'ouvre sur une comparaison entre L'École d'Athènes de Raphaël et L'Apothéose d'Homère d'Ingres (musée du Louvre). Ces deux oeuvres représentent les artistes parmi les philosophes et les poètes, ou sous les traits des poètes.
Le message est clair et a été bien compris à l'époque et dans la littérature depuis : L'artiste est un philosophe/poète et peut revendiquer un statut intellectuel et social équivalent.
Bien que cette proposition soit vraie, on peut aussi relever que les artistes travaillent avec leurs mains, tels des artisans. Matériaux et pratiques artistiques sont engagés dans l'oeuvre au même titre que la vision poétique, et la matérialité de l'art impose sa propre poétique. Certains ont ajouté que c'est précisément dans le maniement physique des outils, des matériaux, que l'idée artistique naîtrait que le corps de l'artiste ferait partie de l'oeuvre.
L'architecture n'a pas encore été considérée dans cette nouvelle perspective. Et les pratiques modernes de dessin numérique semblent confirmer et renforcer la distance entre la pensée/la conception et la fabrication matérielle.
En effet, les domaines de l'architecte et du constructeur semblent être entièrement dissociés. Pourtant, aujourd'hui comme par le passé, rien ne pourrait être plus éloigné de la vérité. Les architectes inventent souvent de nouveaux matériaux ou transforment les anciens, et travaillent en étroite collaboration avec les constructeurs. Si, pendant la Renaissance, les architectes ne pouvaient inventer de nouveaux processus artistiques comme ils le font aujourd'hui, leurs échanges avec les autres arts étaient constants et ils étaient fréquemment à la fois sculpteurs, orfèvres, peintres, décorateurs et scénographes.
Pourtant, l'idée d'une séparation entre la réalisation et les idées reste puissante, on peut retracer sa généalogie jusqu'à la Renaissance, de Giorgio Vasari à Erwin Panofsky, et au-delà. Pour Vasari, le vrai travail de l'architecte était le dessin, tout le reste était confié à des intermédiaires. Le dessin était par conséquent le point de rencontre entre les arts.
Ce dénominateur commun signifiait deux choses : la ligne dessinée devenait la manifestation unique et spontanée de la pensée artistique ; et l'art pouvait être enseigné dans un contexte académique.
Partant de l'idée que les matériaux des oeuvres et les outils de l'artiste ont été aussi importants pour produire l'innovation artistique que la pensée pure et le sens visuel, ce livre cherche à examiner deux enjeux liés :
- l'interaction entre les arts ;
- de quelle façon cette interaction a été favorisée par l'utilisation d'un éventail de matériaux partagés par les artistes de différents domaines.
Notre argument central est que les arts mineurs étaient tout aussi importants dans le spectre des activités artistiques dans lesquelles les artistes et architectes étaient engagés et qu'ils ont joué un rôle décisif dans la transmission des idées de conception et le goût du luxe développé par les commanditaires et les artisans.
Ces questions seront développées grâce à des oeuvres des collections du musée du Louvre et des exemples contemporains. Publication des conférences de la Chaire du Louvre qui auront lieu au musée du Louvre les lundi 12, jeudi 15, lundi 19, jeudi 22 et lundi 26 septembre 2016 autour de L'architecture parmi les arts, Matérialité, transferts et dynamique de création dans l'Italie de la Renaissance par Alina Payne, Professeur d'histoire de l'art et de l'architecture à l'Université d'Harvard,est actuellement directeur de la Villa I Tatti The Harvard Center for Italian Renaissance Studies. Coédition éditions Hazan/Editions du musée du Louvre.
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