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Née dans une tribu amérindienne du Canada, Fille-Rousse grandit avec les garçons, s' adonnant avec joie à la chasse, la pêche et la course.
Lorsqu' elle observe les groupes de femmes, elle pense que rester au campement n' est pas fait pour elle !
Dans l' esprit du chamane de la tribu émerge alors l' idée que la petite fille, dont la naissance est nimbée de mystère et dont le parcours étonne, pourrait être une Peau-Mêlée, un être à part, homme et femme à la fois.
Si certains dans la tribu acceptent sa nouvelle condition, d' autres doutent et ne cessent de mettre la jeune fille à l' épreuve.
Très bon roman d aventure mais compliqué de venir dans le monde du 15 e siècle
Livre découvert au hasard dans une boite à livres lors de mes promenades, et quelle surprise !
Le style est percutant. Des phrases courtes, ça va vite. Il faut suivre le rythme, pourtant une certaine poésie se dégage de ce roman et c'est ce qui m'a fait tenir jusqu'au bout.
Par contre trop de violence dans ce récit. Nous sommes chez les autochtones du nord canadien, il y a les rites, les croyances, l'osmose avec la nature. Mais il y a aussi beaucoup de violence, ce qui rend le roman sombre, trop sombre à mon goût.
La lecture la plus marquante pour moi depuis ce début d'année grâce à la langue poétique et profonde de Guillaume Aubin, et à son personnage - Fille Rousse - qui refuse de choisir entre l'enfance et l'âge adulte, entre fille et garçon, entre l'arbre et le fruit. Le récit se passe dans les forêts nord américaines au XVe siècle mais ces repères n'ont que peu d'importance dans un monde où ce qui compte est le passage des saisons, les rivalités et les ententes entre tribus, les rites de passage, la force des visions et des perceptions. Celle que nous suivons est née d'une femme devenue arbre, empoisonnée par le fruit du qaa. Ce fruit peut être mortel mais il est aussi recherché pour ses vertus apaisantes et hallucinatoires, il est aimé des Barbes, les occidentaux, qui sont prêts aux meilleurs échanges pour en avoir le plus possible. Dans ce roman initiatique, la jeune fille Peau Mélée, qui a choisi d'être homme, trouve en elle toute l'ambiguïté nécessaire pour ne pas céder au regard des autres, à leurs attentes et à leurs mauvais coups. Elle parvient à vivre pleinement sa vie, sa sexualité, sa différence pour trouver d'où elle vient et à combattre la racine des injustices entre tribus. Exhaltant.
La scène inaugurale, extraordinaire de violence inouïe, semble prévenir le lecteur : si tu continues, tu sais ce qui t'attend, sans masochisme mais tu vas être bousculé dans tes certitudes dans une expérience de lecture atypique et tellurique. L'auteur ne cache pas ses intentions et en même temps, il offre tellement plus que de la violence, aussi de la poésie dans la description d'un univers d'une sensualité folle. Et surtout le portrait d'une femme que l'on voit naître puis grandir.
Grand nord canadien, XVIème siècle. Fille-Rousse vit au sein de la tribu des Yeux-Rouges, en guerre permanente avec celle des Longues-Tresses. C'est une de ces héroïnes inoubliables. En rupture avec les injonctions faites aux femmes, dès son enfance, elle s'oppose aux normes de genre et veut nager, chasser, parcourir la taïga, plonger comme les garçons. Suite à une naissance nimbée de mystères au pied de l'Arbre colère sur une île sacrée, le chaman reconnait en elle une élue des Esprits, une Peau-Mêlée abritant un esprit masculin et féminin dans le même corps. Elle est ainsi autorisée à joindre le groupe des garçons mais tout le monde dans la tribu ne croit pas à cette prophétie.
« Moi j'ai la forme d'une fille qui coule dans une rivière de garçon. Les années qui passent m'ont fait creuser ce lit. »
Passée la scène inaugurale qui m'a hypnotisée, je me suis interrogée sur le côté hybride du texte qui ne se revendique ni roman historique ni ethnographique. Etant passionnée par la culture amérindienne, j'ai été troublée et gênée de ne pas savoir quels rites ou rituels décrits relevaient de la fiction, lesquels correspondaient aux traditions innues. Il m'a manquait une bibliographie à la fin, des sources. Je me suis également interrogée sur le potentiel anachronisme de la thématique du genre qui court durant tout le récit ... tellement présente aujourd'hui mais l'était-elle au XVIème dans la culture autochtone ?
Et puis, j'ai lâché prise, le plaisir de lecture a pris le pas sur un certain purisme car Guillaume Aubin déploie une écriture d'une grande force évocatrice à coups de phrases brèves faites de mots simples mais qui disent si bien le ressenti de Fille-Rousse. Que l'on soit dans la violence la plus crue ou dans la poésie de la nature, c'est tout le monde sensoriel de l'héroïne qui s'ouvre au lecteur, avec son rapport très charnel à tout ce qui l'entoure, faune, flore, hommes. Les phrases rythmées à fleur de peau de l'héroïne emportent totalement un lecteur quasi hypnotisé.
Et puis, j'ai écouté une interview en ligne de l'auteur qui en évoquant le thème central du genre explique comment il a découvert le concept de bispiritualité présent chez plusieurs peuples autochtones comme les Innus. La bispiritualité reconnait que certaines personnes peuvent à la fois abriter un esprit masculin et féminin dans le même corps. Ces personnes se voient attribuer un rôle cérémoniel et social proche de celui d'un chaman. Sachant cela, évidemment que s'éloignent suspicion d'anachronisme et crainte de récupération opportuniste.
Fille-Rousse est une héroïne passionnante que l'on voit grandir animée par un esprit de rébellion qui s'oppose aux normes du genre. Elle imagine ce que c'est d'être un homme, de vivre comme un homme, chasser, parcourir la taïga, nager, courir, le découvre, a l'impression qu'elle a gagné en allant dans la virilité puis s'en désenchante. Elle enflamme le récit, que ce soit dans des scènes animistes en symbiose avec la nature, de combats, de sexualité ou de vengeance, ne revendiquant rien d'autre que la liberté d'être et d'exister.
Un vrai défi d'écriture, j'aime lorsqu'on ne sait pas qui écrit ( homme, femme, blanc, amérindien etc ). Un récit original qui ne cède à aucune mode, ne cherche pas à imiter le style des auteurs amérindiens. Les thèmes servent le récit et non l'inverse, l'altérité radicale de Fille-Rousse permettant d'assoir une réflexion profonde sur l'articulation des libertés individuelles avec les principes de la vie collective.
Un roman d’aventures dans le nord canadien au 15 ème siècle. Deux groupes tribaux s’affrontent périodiquement avec une sauvagerie redoutable, les Yeux-Rouges et les Longues-Tresses. Ils revendiquent tous deux l’exclusivité du « Qaa », fruit magique, autant bénéfique que maléfique, selon l’usage qui en est fait.
Fille-Rousse, miraculeusement épargnée lors d’un massacre de Longues-Tresses par Les Yeux-Rouges est une « peau mêlée » (à la fois femme et homme dans un même corps) que nous allons suivre dans ses pérégrinations romanesques. Les deux tribus semi-nomades cheminent dans des embarcations légères sur la partie haute du bassin versant, à la recherche de vivres et de Qaa.
L’histoire qui nous est racontée, via la quête de liberté de Fille-Rousse ne semble pas se rattacher à une quelconque réalité ethnographique de ces peuples et cela en diminue l’attention qu’on pourrait apporter à sa lecture.
La rencontre avec les « Barbes », aventuriers européens naviguant à bord de grandes chaloupe à voiles mouillant à l’embouchure du fleuve offre à notre héroïne l’occasion de se révéler, mais l’ensemble est décevant.
Née au milieu de la forêt, au pied d'un arbre, tirée du ventre de sa mère, Fille-Rousse est élevée par la tribu des Yeux-Rouges. Son histoire est entourée de mystère, sa vie est une légende... Homme dans un corps de femme, c'est une Peau-Mêlée. Mais elle va devoir lutter pour trouver sa place, pour la garder et la légitimer. Elle devra faire des choix, parfois difficiles, mais son envie de liberté la guidera tout au long du chemin...
Ce qui frappe dans le premier roman de Guillaume Aubin, c'est ce rapport au corps, cette lecture toute en sensation. Tout au long des pages, on perçoit le souffle du vent, la chaleur du feu, le froid de l'eau vive ou la grandeur des arbres de la forêt. On vit pleinement aux côtés de ces tribus semi-nomades des Premières Nations canadiennes.
C'est un langage particulier qu'a choisi l'auteur pour nous emmener sur les pas de cette jeune fille. C'est une héroïne à la fois impressionnante par son courage et sa force, touchante par sa grande solitude et imposante par sa volonté sans faille.
C'est un récit qui nous éclaire sur un monde de légendes, de croyances et où tout à son origine, son explication. C'est un environnement qui peut être aussi chaleureux que brutal. Y évoluer n'est pas chose facile, y trouver sa place encore moins.
Fille-Rousse restera longtemps dans ma mémoire. Elle sera l'image de l'affranchissement, la possibilité d'être soi dans toutes ces contradictions et ces dissonances. Elle sera le souvenir de la liberté gagnée...
Revenir à l'origine des maux de la terre. Là où le commerce devient domination
Là où les hommes venus d’ailleurs écrasent et génèrent de futurs génocides.
La souveraineté des peaux puise loin dans l’absurde, rejaillit sur les décennies qui coulent sages et attentives mais prête à l’attaque.
Nous sommes une résultante de tout ce qui se joue là. Latence et prémisse d’un appel sociétal qui écrase.
Un texte et une série de documentaires pour apprivoiser ce que l’on pense connaître.
De la fiction et pour l’accompagner une réalité brute et cinglante qui boit les larmes.
L’arbre de colère de Guillaume Aubin se mêle à la nature avec virtuosité, il crache la violence des corps. Il panse les silenciés de n’avoir pas été assez entendu. Un petit moins pour ce grand roman: parmi une poétique indéniable du texte, un choix de certains mots parfois étonnant (moderne et décalé/licencieux?). Quoi qu’il en soit un premier roman qui donne le ton de langue et d’humanité.
Raoul peck (que je connaissais déjà avec I’m not your negro, très juste et engagé) traduit pour nous l’histoire avec cette série de documentaires : Exterminez toutes ces brutes (en ce moment sur Arte) qui s’emboite parfaitement avec cette lecture. Un complément. Il enjoint le souvenir à ne pas s’écarter pour plus d’exactitude. Abrupt, parfois insoutenable. Pas plus que la réalité. Les œillères ne créant pas plus d’humanité.
Il serait judicieux que l’on apprenne à taire l’orgueil. La vérité d’une civilisation sourd les peuples et n’as pas valeur d’universalité. S’astreindre à la déconstruction des récits dominants.
« La connaissance est le pouvoir et l’histoire est le fruit du pouvoir. Celui qui gagne à la fin décide du récit. » Michel-Rolph Trouillot
https://www.arte.tv/.../RC.../exterminez-toutes-ces-brutes/
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