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L'âge des low tech ; vers une civilisation techniquement soutenable

Couverture du livre « L'âge des low tech ; vers une civilisation techniquement soutenable » de Philippe Bihouix aux éditions Seuil
  • Date de parution :
  • Editeur : Seuil
  • EAN : 9782021160727
  • Série : (-)
  • Support : Papier
Résumé:

Face à des signaux pourtant alarmants - tensions sur les ressources énergétiques et les matières premières, effondrement de la biodiversité, érosion ou artificialisation accélérée des sols, pollutions généralisées, changement climatique. on cherche à nous rassurer. Les technologies « vertes »... Voir plus

Face à des signaux pourtant alarmants - tensions sur les ressources énergétiques et les matières premières, effondrement de la biodiversité, érosion ou artificialisation accélérée des sols, pollutions généralisées, changement climatique. on cherche à nous rassurer. Les technologies « vertes » seraient sur le point de sauver la planète et la croissance. On nous dit que nous serions à l'aube d'une quatrième révolution industrielle : connectés en réseaux intelligents, nous deviendrons tous producteurs - stockeurs d'énergies renouvelables -, et que les nanotechnologies et les matériaux « bio-sourcés » permettraient de répondre à la pénurie, les « fab lab » et les imprimantes 3D s'apprêteraient à bouleverser le système de production, etc.
Pour sauver la planète, toujours plus d'innovation, plus de « high tech » et plus de complexité ? Ce livre démontre la fausseté de ces promesses. Il propose, pour sortir de l'impasse, de prendre le contre-pied de la course en avant technologique pour se tourner vers les « low tech », les « basses technologies ». Il ne s'agit pas de « revenir à la bougie », mais de conserver un niveau de « confort » et de civilisation agréables tout en évitant les chocs de pénuries généralisées. Une société soutenable, fondée sur les basses technologies, mobilisera fortement les savoirs, l'innovation et la recherche, mais orientés par des finalités différentes d'aujourd'hui.

Philippe Bihouix est ingénieur. Il est coauteur de l'ouvrage Quel futur pour les métaux (EDP sciences, 2010), qui traite de la finitude des ressources minières et de son étroite interaction avec la question énergétique.

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Avis (1)

  • Directeur Général de l’AREP, une agence d’architecture propriété de la SNCF, qui se veut à l’avant-garde de l’architecture décarbonée, Philippe Bihouix est un spécialiste des ressources minérales, qui défend le credo de sortir des impasses environnementales et sociétales « par le bas »,...
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    Directeur Général de l’AREP, une agence d’architecture propriété de la SNCF, qui se veut à l’avant-garde de l’architecture décarbonée, Philippe Bihouix est un spécialiste des ressources minérales, qui défend le credo de sortir des impasses environnementales et sociétales « par le bas », c’est-à-dire par les basses technologies (« low tech »), au lieu de ne jurer que par l’innovation et la technique. Il développe cette thèse dans son livre L’âge des low tech.

    Le livre est structuré en 4 parties : il aborde tout d’abord le rôle central des énergies dans nos sociétés, et l’impasse du « tout technologique », avant de définir ce qu’il entend par « basses technologies » puis de rentrer dans le détail de la vie quotidienne dans une société « low tech ». Enfin, dans la dernière partie, il nous interroge sur la possibilité de cette transition.

    Non, l’innovation technologique, selon Philippe Bihouix, ne résoudra pas nos problèmes. Avec de nombreux exemples, il nous montre que nous avons tout d’abord un problème de retour sur l’investissement énergétique (il faut de plus en plus dépenser d’énergie pour en extraire), un problème de ressources tout simplement que l’économie circulaire ne sera jamais capable de résoudre et un problème du remplacement de l’existant, sans parler de l’impasse sociale et morale. Pour reprendre un exemple très actuel, « il n’y a pas assez de lithium sur terre pour équiper un parc de plusieurs centaines de millions de véhicules électriques, et pas assez de platine pour un parc équivalent de véhicules à hydrogène. Et rappelons, une bonne fois pour toutes, que l’hydrogène n’est pas une source d’énergie, mais seulement un vecteur. »

    Via les basses technologies, l’auteur promeut un système qui travaille à la source, avec des produits conçus et fabriqués pour être le plus économes en ressources ; il insiste également sur la remise en cause des besoins.

    Pour cela, il faudra agir sur de nombreux paramètres : les matériaux eux-mêmes, en surveillant l’utilisation d’additifs, d’alliages complexes, de composites ; la conception des objets et leur modularité, la possibilité de changer ou de réutiliser en fin de vie des pièces détachées, des modules fonctionnels ou mêmes des pièces élémentaires (comme de simples vis par exemple) ; leur « réparabilité », la facilité avec laquelle ils peuvent effectivement être entretenus localement, par l’utilisateur ou le propriétaire, ou par un réseau d’artisans, ce qui implique, nous y reviendrons, de ne plus dévaloriser les métiers manuels ; l’échelle territoriale à laquelle seront fabriqués les produits.

    Il passe ensuite en revue les grands thèmes de la vie quotidienne : l’agriculture, les transports, l’urbanisme, le tourisme, l’énergie… Là encore, on trouve de nombreux exemples intéressants qui montrent à quel point la consommation frénétique actuelle n’a pas de sens et peut être remplacée par un mode de vie plus économe :

    "Mais les volumes de fabrication et de vente sont largement supérieurs à ce qui est nécessaire pour remplacer la casse ou la perte. Il se vend encore chaque année des milliers d’exemplaires du Petit Prince, de l’Ecume des jours ou des Misérables, alors que le nombre déjà imprimé et disponible doit largement permettre à chacun de découvrir ou de s’y replonger à l’envi, sans créer des listes d’attente dans les bibliothèques municipales. Il se vend environ 100 millions de couteaux « suisses » par an. On a fabriqué plus de 6 milliards de figurines Playmobil, depuis leur création en 1974, soit trois ou quatre par enfant, et sans doute bien peu ont atterri dans les pays pauvres. (…) Plus de 35 millions de montres sont distribuées chaque année en France, dont 12,5 millions payantes, le reste comme supports publicitaires, cadeaux d’entreprises, ou offertes avec des abonnements ! Il serait simple de s’en passer, de retrouver le goût du beau et du durable. (…) J’enrage quand je dois me séparer d’une de mes chemises favorites, alors qu’autrefois on pouvait ne changer que le col et les manches usés. De telles pratiques émergent timidement, par exemple avec les têtes de brosses à dents…"

    Philippe Bihouix revendique volontiers une vision « iconoclaste » de ses propositions et la difficulté à les mettre en oeuvre. Il est conscient des blocages auxquels elles peuvent faire face, et arbore certains dogmes comme « La consommation crée l’emploi ». Il prône un changement du système de valeurs pour rendre cette transition désirable, un retour à des joies simples, à davantage de métiers manuels.

    J’ai trouvé ce livre vraiment très intéressant : il esquisse ce qu’un modèle alternatif peut signifier et notre rapport à la consommation.

    https://etsionbouquinait.com/2024/05/07/philippe-bihouix-lage-des-low-tech/

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