Jean Giono serait très fier... Reportage aux Correspondances 2017, pour mieux comprendre le bonheur des lecteurs !
Seul survivant d'un accident d'avion recueilli par des mercenaires, Charles vit durant quinze ans dans la jungle d'Afrique centrale. Retrouvé grâce à Google, il découvre en Belgique la civilisation urbaine polluée en même temps que sa famille, une tante obsédée par son corps et la consommation, un oncle maire suffisant et véreux, un cousin ado perdu dans les tréfonds d'internet et une cousine boudeuse et disgracieuse.
Scolarisé avec eux, il observe avec curiosité et détachement ses camarades de classe et l'équipe pédagogique défraîchie qui rivalise d'attention pour l'aider à s'intégrer à la société civilisée, ses usages et sa morale.
Cependant il a laissé Septembre, celle qu'il aime, en Afrique et rien ne peut la lui faire oublier...
Pour la rentrée littéraire, Gunzig revisite et donne un grand coup de jeune au motif du retour du bon sauvage à la civilisation, mais le monde a beaucoup changé depuis Tarzan.
Un roman magnifique, à la fois classique et sardonique, sombre et drôle, léger et grave.
Jean Giono serait très fier... Reportage aux Correspondances 2017, pour mieux comprendre le bonheur des lecteurs !
La vie sauvage, c’est celle de Charles, seul survivant, alors qu’il n’était qu’un bébé, d’un crash aérien quelque part au-dessus de la jungle africaine. Recueilli par un groupe d’hommes armés en guerre perpétuelle, tantôt victimes, tantôt bourreaux, contre une autre bande, une autre milice, tribu ou ethnie, il grandit sous l’aile de Cul-Nu, son père adoptif à l’immense culture générale, féru de littérature et de poésie. Elevé au milieu des mots de Verlaine, de Baudelaire ou de l’Encyclopédie, Charles l’enfant sauvage est aussi témoin de la cruauté des hommes dans ce coin du monde oublié de la civilisation.
Oublié ? C’est sans compter sur Google Maps qui, par le plus grand des hasards et le miracle de la technologie, permet à la famille de Charles de le retrouver le jour de ses 16 ans. Et de l’arracher à Septembre, la jeune fille dont il est éperdument amoureux, et à leur vie sauvage, pour le rapatrier vers sa ville natale, une bourgade du nord de l’Europe, et vers la civilisation.
La civilisation, vraiment ? Sérieusement ?
Charles découvre une ville morne, un climat gris et glacial, un oncle et une tante qui ne savent pas quoi faire de lui, deux cousins adolescents mal dans leur peau, la superficialité de ses camarades d’école, l’incompétence ou l’indifférence de ses professeurs, des psychologues et des adultes en général.
Rien ni personne ne trouve grâce aux yeux de Charles, en colère, en rage, qui hait cet endroit et ces gens de toute son âme, et qui n’a qu’une idée en tête, retourner en Afrique pour retrouver Septembre. Mais pour mener son plan à bien, il comprend vite qu’il a intérêt à faire profil bas et à faire semblant de s’adapter et de s’intégrer.
La « vie sauvage » n’est donc peut-être pas celle qu’on croit ou, à tout le moins, ce roman-conte-fable veut montrer que la vie « civilisée », d’une façon plus sournoise ou insidieuse, peut, elle aussi, être cruelle et traumatisante. Ici le trait est certes forcé, c’est plein de clichés, d’invraisemblances et de personnages caricaturaux. Ca ridiculise les adolescents, dépeints comme décérébrés, futiles, amorphes, moutons, « loosers » ou « cools », accros aux réseaux sociaux et obnubilés par le nombre de « like » récolté à chaque publication. Ca flingue les adultes, qui cachent à peine mieux leur superficialité et leur vide existentiel abyssal sous un vernis de bourgeoisie et d’aisance financière. Ca vitriole le système éducatif encroûté et inadapté, ça dézingue la faiblesse des femmes quadras en mal d’amour, le clientélisme politique et les gourous du développement personnel.
Ecrit à hauteur d’adolescence (au ton parfois potache, parfois condescendant), « La vie sauvage » est surtout une charge féroce contre les adultes coincés dans leurs vies étriquées et vaines, incapables d’offrir d’autres perspectives à la génération suivante. C’est aussi une réflexion cruelle sur le sens de la vie et le vide de l’existence, celui qu’on peut ressentir (ou pas) plus ou moins consciemment à l’adolescence, et qui renvoie peut-être, parfois (ou pas), douloureusement au gâchis de nos propres vies.
Comme dans ses chroniques à la radio*, l’auteur a le ton acerbe, le sens de la formule et de la métaphore. Il livre un conte sombre, immoral et absurde, bourré d’humour noir et éclairé de poésie.
Et d’espoir, puisqu’au final certains des camarades de Charles trouveront peut-être une autre voie.
Et d’amour, puisqu’au final il n’y a peut-être que cela qui compte.
* « La plume de Gunzig », sur La Première (RTBF)
Je suis partagée sur l'avis de ce livre.
J'ai à la fois aimé le regard neuf du personnage sur notre pays occidental, comme une sorte "d'indien dans la ville". Toutes les facilités auxquelles nous avons accès et qui nous rendent "mous", contrairement à la vie qu'à mené ce jeune blanc rescapé du crash d'un avion et élevé par des africains capables de vivre de rien et de se cultiver avec quelques livres.
Et en même temps, je ressens un certain malaise sur la façon dont le jeune garçon a mené son retour vers son pays utilisant les occidentaux, leur gentillesse et bienveillance à ses fins. Je vous laisse le découvrir et vous faire votre propre avis !
https://leslivresdejoelle.blogspot.fr/2018/02/la-vie-sauvage-de-thomas-gunzig.html
J'ai lu ce roman dans le cadre du Prix des Lecteurs de la Fête du Livre de Bron.
Seul survivant d'un crash aérien dans lequel ont disparu ses parents, un nourrisson miraculé, retrouvé avec une gourmette autour de son poignet gravée au nom de Charles, grandit dans la jungle africaine. Recueilli, éduqué et éveillé à la littérature par Cul-Nu, il rencontre également l'amour avec celle qu'il nomme Septembre, une jeune fille qu'il avait rencontrée pour la première fois alors qu'elle n'avait que douze ans et lui treize, seule survivante d'un village où tout le monde avait été massacré.
Seize ans plus tard, Charles est repéré grâce à la magie de Google Earth qui a capté par une photo satellite la présence d'un enfant blanc au milieu du peuple africain, il est alors contraint de quitter Septembre et de retrouver sa "vraie" famille, des notables d'une ville moyenne du nord de l'Europe dans une civilisation qu'il ne connait pas.
Charles se retrouve chez son oncle bourgmestre à six mille kilomètres d'où il vivait 24 heures plus tôt. Il vit avec son oncle, sa tante, son cousin et sa cousine et fréquente l'école. Il porte un regard sans concession sur les membres de sa famille, sur les jeunes qu'il côtoie à l'école répartis entre les jeunes populaires et les jeunes paumés, il découvre l'importance des réseaux sociaux pour les jeunes, les soirées alcoolisées. Considéré comme obligatoirement traumatisé par son vécu en Afrique, il doit faire face au mépris de tous pour ce qu'il a connu là-bas et subir les séances chez la psychologue scolaire pour l'aider à surmonter son prétendu traumatisme.
On comprend rapidement que Charles n'a pas du tout l'intention de s’intégrer dans sa nouvelle vie et qu'il manigance quelque chose et au fil des pages on découvre avec quelle froideur il va mettre à exécution son plan.
Ce récit est une sorte de fable satirique dans laquelle Charles s'adresse au lecteur et décrit la vie en Europe qui est loin d'être plus douce que ce qu'il a connu en Afrique. Par son regard, on découvre une société où les adolescents sont désœuvrés, absorbés par les jeux vidéos sur leur smartphone, des adultes qui vivent dans l'ennui ou la futilité, une vie sauvage où la violence est masquée mais bien réelle.
J'ai trouvé l'idée de départ intéressante même si j'ai été surprise de l'orientation générale que l'auteur donnait à son histoire car d'une critique de la société européenne le récit vire à une machination complètement machiavélique.
Dans son récit Thomas Gunzig varie les styles passant d'un humour décapant par exemple lorsqu'il raconte son rendez-vous chez la psychologue scolaire à de l'ironie mordante quand il décrit la vie futile de sa tante en mêlant une écriture très poétique lorsqu'il évoque son amour avec Septembre. Le tout baigne cependant dans un cynisme assez surprenant. Un livre qui peut agacer mais qui ne laisse pas indifférent.
Ce roman est en lice pour le Prix des Lecteurs de la fête du livre de Bron 2018 avec :
Summer de Monica Sabolo
Ma reine de Jean-Baptiste Andréa
Une fille dans la jungle de Delphine Coulin
L'invention des corps de Pierre Ducrozet
Trente comités de lecture de bibliothèques et de médiathèques de la région lyonnaise participent à ce vote. La remise du Prix au lauréat aura lieu à l'occasion de la 32ème édition de la Fête du Livre de Bron le 9 mars 2018.
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