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Gonzague bâclait, du reste, sa besogne et fuyant devant l'horreur de ce qu'il faisait, courait ailleurs, déjà dégoûté de ce qu'il allait faire, possédé par la fringale d'une seule sensation : passer d'une chose à une autre. Il avait imposé à son patron son style lunatique.
Il passait de longs moments entre le coiffeur, le manucure et le pédicure, au hammam, dans les bars où il pariait, téléphonait, buvait, retéléphonait et entretenait mille conciliabules.
Il déjeunait et dînait à droite et à gauche. Il faisait même quelques visites. Non pas qu'il eût beaucoup de points d'appui - il était trop nonchalant et trop timide - mais six ou sept maisons où l'on va au moins une fois tous les huit jours suffisent à remplir la semaine.
Nous n'avons pas vocation à publier les OEuvres complètes de Drieu la Rochelle... Mais ce texte vient à nous par le biais du surréalisme : publiée en 1923 dans la Nrf, cette version - bien différente de celle que l'on trouve dans Plainte contre inconnu - n'avait, depuis presque un siècle, jamais été publiée. La valise vide est l'image d'une trajectoire ratée à laquelle la fin même échappe puisqu'elle ne contient pas encore le suicide de Jacques Rigaut qui viendra huit ans plus tard.
Car, bien sûr, Gonzague c'est Rigaut, Rigaut c'est Alain du Feu follet. Mais le portrait de l'ami surréaliste est tracé au vitriol, conjugant vacuité et fascination : aucun échec n'est épargné et cette lucidité cruelle laisse deviner aussi ce que Drieu savait mépriser en lui.
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