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La tannerie

Couverture du livre « La tannerie » de Celia Levi aux éditions Tristram
  • Date de parution :
  • Editeur : Tristram
  • EAN : 9782367190785
  • Série : (-)
  • Support : Papier
Résumé:

Jeanne, ses études terminées, a quitté sa Bretagne natale pour vivre à Paris. Elle a trouvé un emploi temporaire d'« accueillante » à la Tannerie, une nouvelle institution culturelle, installée dans une usine désaffectée de Pantin.

D'abord déboussolée par le gigantisme et l'activité... Voir plus

Jeanne, ses études terminées, a quitté sa Bretagne natale pour vivre à Paris. Elle a trouvé un emploi temporaire d'« accueillante » à la Tannerie, une nouvelle institution culturelle, installée dans une usine désaffectée de Pantin.

D'abord déboussolée par le gigantisme et l'activité trépidante du lieu, timide et ignorante des codes de la jeunesse parisienne, elle prend peu à peu de l'assurance et se lie à quelques-uns de ses collègues, comme la délurée Marianne ou le charismatique Julien, responsable du service accueil.

Elle les accompagne dans leurs déambulations nocturnes, participe à des fêtes. Leur groupe se mêle au mouvement Nuit debout. Ils se retrouvent dans des manifestations, parfois violentes - mais sans véritablement s'impliquer, en spectateurs.

Bientôt, deux ans ont passé. Dans l'effervescence de la Tannerie, en pleine expansion, chacun tente de se placer pour obtenir enfin un vrai contrat ou décrocher une promotion. Jeanne va devoir saisir sa chance.

La Tannerie - tel un microcosme de notre société - forme une monde à part entière, avec ses techniciens, ses employés de bureau, ses artistes. Mais derrière la bienveillance affichée et le progressisme des intentions, la précarité et la violence dominent.

Avec ce roman, qui frappe autant par la finesse de ses descriptions que par sa force critique, Celia Levi fait le portrait d'une époque et d'une génération en proie aux ambitions factices et à l'imposture des discours.

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Avis (6)

  • Dans son quatrième roman, Celia Levi retrace le parcours d’une jeune bretonne qui va chercher les clés de son avenir à Paris. Et perdre presque toutes ses illusions, entre violence économique et désert sentimental.

    Jeanne est un peu perdue. Engagée comme intérimaire à la Tannerie, un immense...
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    Dans son quatrième roman, Celia Levi retrace le parcours d’une jeune bretonne qui va chercher les clés de son avenir à Paris. Et perdre presque toutes ses illusions, entre violence économique et désert sentimental.

    Jeanne est un peu perdue. Engagée comme intérimaire à la Tannerie, un immense espace culturel au bord du canal de l’Ourcq à Pantin (derrière lequel on reconnaîtra les Magasins Généraux), elle est chargée de guider les visiteurs, mais manque d'instructions précises et a encore de la peine à s'orienter. Lorsqu'on lui confie la tâche de retrouver un enfant de quatre ans qui a échappé à la vigilance de ses parents, elle est proche d'un fiasco. Mais finalement tout va finir par s’arranger. Elle a sauvé sa place et garanti son emploi pour quelques mois au moins.
    Durant l'entre-saison et ses promenades dans Paris, elle a plusieurs fois songé à regagner sa Bretagne natale qu’elle avait quitté pour un stage dans une librairie, mais qui s’est avéré décevant.
    La nouvelle saison à la Tannerie va lui permettre de mieux apprivoiser cet espace de 60000m2, de se familiariser avec les défilés de mode, les expos d'art contemporain, le théâtre, le cirque et les soirées festives.
    La chronique qui suit va retracer en détail les journées de Jeanne, ses rencontres, ses sorties, sa vie entre le Paris du quartier latin où elle trouvé une colocation et son immense vaisseau culturel installé à quelques pas d’un campement de migrants.
    Celia Levi a choisi de nous dévoiler la prise de conscience politique et sociale à partir des témoignages rassemblés, de l’expérience acquise au fil des jours, des discussions qui vont devenir de plus en plus intéressantes: «Jeanne sentait que des bases théoriques lui manquaient, qu’elle n’était pas rompue à l’art du discours. Elle réussissait désormais à intervenir, apporter des précisions, des miettes recueillies ici ou là, mais dès qu’il s’agissait de convaincre ou de réfuter, elle était démunie, tout s’effondrait, n’était plus sûre de rien, pas même de ce qu’elle défendait.»
    Elle va vivre sa première manifestation un peu comme une sorte de happening, elle va chercher auprès de Julien et de ses amis les lectures et les arguments pour décrypter cette curieuse société qui n’a guère de mal à poser un diagnostic sur les maux qui la ronge, mais hésite à vraiment les combattre.
    Le livre, construit comme un long – trop long? – journal intime, revisite le roman d’apprentissage en plaçant une jeune fille un peu timide et maladroite, mais pleine de bonne volonté, au centre du récit. On la voit chercher les clefs d’un monde dont elle se sent exclue et dont elle aimerait tant pouvoir faire partie. En entendant le récit des aventures amoureuses de ses amies, elle va d’abord s’inventer une relation avant d’espérer pouvoir intéresser quelqu’un. Une éducation sentimentale du XXIe siècle qui se lit avant tout comme le difficile constat de la précarité à tous les étages. Jeanne va longtemps espérer un contrat à durée indéterminée, gage de davantage de stabilité. Une quête dont Celia Levi va faire le symbole de cette génération sacrifiée. Ajoutons que les temps difficiles que nous vivons du fait de la pandémie ne vont sans doute pas arranger les choses…
    https://urlz.fr/exj7

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  • A la fin de ses études à Rennes, Jeanne a trouvé un stage dans une librairie parisienne, et, a enchaîné avec un CDD d'accueillante à la Tannerie.

    La Tannerie, ce nouveau lieu branché, en lisière de Paris, ancienne usine devenu lieu artistique où doivent se côtoyer danseurs de hip-hop,...
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    A la fin de ses études à Rennes, Jeanne a trouvé un stage dans une librairie parisienne, et, a enchaîné avec un CDD d'accueillante à la Tannerie.

    La Tannerie, ce nouveau lieu branché, en lisière de Paris, ancienne usine devenu lieu artistique où doivent se côtoyer danseurs de hip-hop, professeurs des écoles et leurs élèves, artistes en devenir, qui ressemble au 104 comme deux gouttes d'eau.

    Jeanne a dû mal à trouver une place. Elle se sent si provinciale, si peu branchée, si loin de la culture 'parisienne' étalée par ses collègues. Elle est en coloc' dans le XIIIème alors que tous, ou presque, habitent les villages désormais branchés de Belleville ou Ménilmontant.

    A chacun de ses retours dans la ferme de ses parents, elle se sent décalée plus à sa place, quand à Paris, elle n'a pas encore trouvé  sa place.

    Un roman qui s'étire lentement au gré de l'évolution du CDD de Jeanne, qui devient pilote de jeunes en insertion, sans jamais voir grossir sa feuille de paie.

    Elle participe à des fêtes, fréquente de nombreux bars branchés, s'amourache d'un collègue, renoue avec d'anciens camarades de lycée pendant les vacances d'été où elle retrouve ses plages et ses criques ... 

    Un roman d'apprentissage, sur cette période de vie quand l'adolescence s'éternise en adulescence et qu'il est toujours temps de ne pas décider pour de bon des choix de vies ...

    Un roman un peu longuet, mais aux longueurs nécessaires pour bien faire ressentir les longueurs et langueurs de cette période de la vie.

    Un auteur que je découvre et dont je vais rechercher les autres productions.

    Merci à Babelio et aux éditions Tristram qui m'on adressé ce roman dans le cadre de l'opération Masse critique de septembre 2020 

    (Rentrée littéraire 2020)

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  • Impression à la page 100 :
    Un roman social ! Célia LEVI nouveau ZOLA ? Je suis à la page 100 et déjà j’aime son écriture. Je ne vois pas encore bien où elle m’emmène mais je suis séduite par ses descriptions de notre bonne vieille ville de PARIS et de notre époque ! C'est une belle photographie...
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    Impression à la page 100 :
    Un roman social ! Célia LEVI nouveau ZOLA ? Je suis à la page 100 et déjà j’aime son écriture. Je ne vois pas encore bien où elle m’emmène mais je suis séduite par ses descriptions de notre bonne vieille ville de PARIS et de notre époque ! C'est une belle photographie !

    La Tannerie est un roman social comme je n’en ai pas lu depuis longtemps. L’héroïne, Jeanne, jeune diplômée d’un bac + 5 en lettres, s’est spécialisée pour être libraire. Originaire de Bretagne, elle a étudiée à PARIS et y est restée pour y travailler. Sa seule expérience professionnelle en lien avec sa recherche consiste en un stage. Elle ne trouve pas d’emploi dans son métier. Toutefois, elle doit travailler pour pouvoir vivre. Elle est embauchée comme agent d’accueil à la Tannerie, espace dit culturel comme il s’en est beaucoup monté ces dernières années pour, d’une part donner un accès à la culture à tous et, d’autre part, mettre en exergue une friche industrielle dans un quartier ou une banlieue abandonnée... Les dotations publiques pour ces initiatives sont fortes de pressions. La réussite est de mise tant les enjeux sont grands. La concurrence est forte entre sites et elle induit une concurrence entre salariés. Les contrats sont mal rémunérés et les travailleurs sont à l’essai pendant quelques années...
    Célia LEVI décrit très bien le système mis en place qui, pourrait-on penser, paupérise dans tous les sens du terme une population de jeunes diplômés. Pas de contrat à durée déterminée, pas de projet au long terme possible. Installé dans ce type de contrat, le jeune diplômé ou surdiplômé pour ce type d’emploi s’éloigne de sa vocation première. Les relations d’amitiés sont plus ou moins superficielles. Cette jeunesse est-elle sacrifiée ?
    A cette dernière question, je suis plus que dubitative. Il me semble me souvenir de systèmes mis en place après la crise pétrolière de 1973, plus ou moins fumeux, qui concernaientt moins de monde. Il y avait crise certes ! Mais un peu plus d'emplois. Souvenons donc des plans Barre au milieu des années 1970, des TUC à la fin des années 1980, des CES à la fin des années 1990. Les personnes étaient sorties des statistiques du chômage, rémunérées à mi-temps et ne cotisaient pas pour la retraite. Puis dans les années 2000, ont été mise en place les emplois jeunes, des contrats de travail à temps plein à durée déterminée qui donnaient lieu à des cotisations pour la retraite. Et puis, finalement, la population des jeunes sans emploi étant devenue de plus en plus conséquente, la paix sociale a été gagnée par la démultiplication de contrats rémunérés au SMIC, donnant lieu à cotisation mais ne débouchant que très peu souvent sur un emploi pérenne. Maîtrise des coûts oblige ! Peur et aliénation, deux "mamelles" pour endiguer la révolte ?
    Célia LEVI décrit très bien ce ras le bol en reprenant notamment des moments de Nuit Debout. Toutefois, je dois reconnaître quelques longueurs... Mais bon !
    Alors, peut-on encore dire aujourd’hui qu’il y encore des emplois justement rémunérés pour tout le monde ? Et l’idée d’un revenu universel décent, ne serait-il pas temps d’y réfléchir sérieusement et de passer à l'acte ?
    En outre, j’ai beaucoup aimé dans ce livre la description des sentiments qui animent les moins de trente ans : cette méconnaissance de soi-même et cette projection sur les autres qui sont toujours mieux que soi. C’est totalement universel et concerne tous les jeunes que nous sommes où avons été. En avançant en âge, on prend normalement conscience de son propre potentiel et l’herbe chez le voisin est aussi verte que chez moi.
    Merci Madame LEVI d'avoir sollicité mes petites cellules grises.

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  • Avis de la page 100

    Ce livre doté d’un style d’écriture plaisant, une fois les premières pages lues, on est assez vite plongé dans le decorum mis en place par l’auteure, Celia Levi. La Tannerie, d’où le roman tire son nom, est un grand complexe culturel qui a pris place sur une ancienne...
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    Avis de la page 100

    Ce livre doté d’un style d’écriture plaisant, une fois les premières pages lues, on est assez vite plongé dans le decorum mis en place par l’auteure, Celia Levi. La Tannerie, d’où le roman tire son nom, est un grand complexe culturel qui a pris place sur une ancienne friche industrielle à Paris. On peut l’apprécier comme un microcosme de notre société : les différentes classes sociales, les idéaux propres à chacun, …

    Le personnage principal de « Jeanne » représente assez fort le stéréotype de la petite ingénue provinciale qui débarque à Paris en n’y connaissant rien. Au fil des jours, elle tente d’en déchiffrer les codes. Je l’ai parfois trouvée un peu godiche et agaçante par son manque de jugeote et cet esprit candide dont elle fait preuve. Peut-être que le reste de l’histoire me la rendra plus sympathique au delà de ces 100 premières pages. Je n’arrive pas à m’y attacher.

    Malgré cette animosité à l’égard du personnage principale, j’aime assez bien ce roman. Il n’y a pas de grandes surprises jusqu’à maintenant mais je m’y sens bien et vais donc poursuivre avec intérêt cette lecture.


    Avis final

    Ce livre doté d’un style d’écriture plaisant, une fois les premières pages lues, on est assez vite plongé dans le decorum mis en place par l’auteure, Celia Levi. La Tannerie, d’où le roman tire son nom, est un grand complexe culturel qui a pris place sur une ancienne friche industrielle à Paris. On peut l’apprécier comme un microcosme de notre société : les différentes classes sociales, les idéaux propres à chacun, etc. Le personnage principal de « Jeanne » représente assez fort le stéréotype de la petite ingénue provinciale qui débarque à Paris en n’y connaissant rien. Au fil des jours, elle tente d’en déchiffrer les codes. Je l’ai parfois trouvée un peu godiche et agaçante par son manque de jugeote.

    Mon ressenti premier s’est finalement poursuivi tout du long de ma lecture. Cette façon stéréotypée d’appréhender la jeune adulte qui quitte tout pour débarquer à Paris, eldorado pour cette petite provinciale, a déjà été vu et revu. Ou bien faut-il l’appréhender comme une satire de cette idée de la métropole et de ses lumières ?

    Celia Levi appréhende le lieu culturel qu’est la Tannerie, comme une entreprise, ce microcosme où les tensions contre les fonctions dirigeantes s’exacerbent lorsque les desiderata ne sont pas accordés, où les contrats précaires se multiplient en vue d’éviter les charges et les frais par la direction. Cela est abordé de façon totalement réaliste et le parallèle est évident.

    Une fois les 100 premières pages passées, le monde merveilleux de La Tannerie s’effondre petit à petit : les berges sont occupées par des migrants de plus en plus nombreux, le mouvement Nuit Debout se met en place avec de multiples rassemblements et manifestations,… C’est ainsi que l’auteure intègre à sa fiction des événements et faits réels.

    J’ai trouvé des longueurs rébarbatives à ce texte. Avec parfois l’impression de lire des pages remplies de descriptions inutiles et futiles de lieux ou de sentiments dans le seul et unique but inavoué de remplir des pages. Autant certains passages étaient intéressants et donnaient du sens à l’histoire, autant certaines pages comportaient des phrases très longues n’offrant aucune plus-value au récit à part provoquer une certaine lassitude auprès du lectorat.

    Même si l’idée principale de ce livre était originale, la manière d’en extrapoler des pages inutiles en fait perdre la saveur. Je dois avouer avoir lu certains passages en diagonale, me rendant compte que je n’en perdais aucune information primordiale. Alors que ce livre comporte 377 pages, il aurait pu être épuré et en garder toutes ses qualités et originalités. Ce choix éditorial est bien dommage et risque de freiner certains lecteurs dans leur façon d’apprécier ou non ce livre. Pour un premier roman, j’aurai pu l’ « excuser » mais vu qu’il s’agit quand même du cinquième de l’auteur, je me devais d’en tenir rigueur quant à l’appréciation de ce bouquin.

    Bien entendu, toutes ces constatations ne sont que mon humble avis personnel. Je ne souhaite pas l’imposer aux autres lecteurs et c’est la raison pour laquelle je vous conseille de vous faire votre propre avis par la lecture de ce livre.


    Lu dans le cadre des Explorateurs de la Rentrée littéraire 2020 du site lecteurs.com

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  • Mon avis à la page 100 :
    Jeanne ou les tribulations d'une bretonne un peu naïve arrivée à Paris : elle se fait embaucher à la Tannerie , centre culturel /artistique branché dont on découvre les coulisses . Jusqu'à la page 100 , c est "tranquille" : peu d'évènements marquants , écriture fluide ,...
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    Mon avis à la page 100 :
    Jeanne ou les tribulations d'une bretonne un peu naïve arrivée à Paris : elle se fait embaucher à la Tannerie , centre culturel /artistique branché dont on découvre les coulisses . Jusqu'à la page 100 , c est "tranquille" : peu d'évènements marquants , écriture fluide , phrases basiques , lecture très rapide . Ensuite, surviennent de la contestaion sociale, des rumeurs , des réfugiés .La belle ambiance de projets participatifs ou d'expos se gâte rapidement! Voici un roman avec un contexte actuel original , à la limite du documentaire et le lecteur,curieux, se laisse emporter . Je continue volontiers .

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  • Cri de révolte susurré, roman social saupoudré d’Histoire ou pavé dans la marre de nos tranquillités bourgeoises de gauche ? La Tannerie est un roman qui ne m’a pas laissé indifférent. Mais, sous peine de passer pour un roman coupe-faim qui nourrit la réflexion en abordant de vraies questions...
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    Cri de révolte susurré, roman social saupoudré d’Histoire ou pavé dans la marre de nos tranquillités bourgeoises de gauche ? La Tannerie est un roman qui ne m’a pas laissé indifférent. Mais, sous peine de passer pour un roman coupe-faim qui nourrit la réflexion en abordant de vraies questions sans rassasier les esprits parce qu’il n’en dit pas assez, les amoureux de révoltes sociales, les passionnés d’Histoire, les obsédés de références littéraires, psychologiques ou artistiques de tous poils auront besoin d’un mode d’emploi. Comme Alice aux pays des rêves merveilleux, le lecteur doit, s’il veut apprécier, lire au-delà des mots, du style, des références et du non-dit. Celia Levi, l’autrice qui s’est livrée au public avec Les insoumises, Intermittence et Dix yuans un kilo de concombres, continue sa galerie de personnages submergés de rêves mais incapables de les transformer en projets et d’agir pour qu’ils se réalisent.
    A la Tannerie, microcosme du monde où nous retrouvons les métiers du spectacle qu’affectionne l’autrice : artistes, ouvreuses, techniciens, agents de sécurité, responsables des planning, ressources humaines ou formation, Jeanne, jeune oie blanche bretonne naïve comme il n’est pas possible, est projetée dans le monde culturel de Paris dans le seul but d’assouvir ses rêves de frivolités et de fuir la ferme familiale et son manque d’avenir à ses yeux. Elle rejoint donc, dans des conditions précaires et de rémunération proche de l’exploitation, la Tannerie, grande friche industrielle où les promoteurs politiques et financiers annoncent un vaste projet porteur de multiples développements à condition qu’il soit soutenu par chacun des membres de cette grande famille dont dépend sa viabilité. Il s’agira d’une offre culturelle ouverte, alimentée par des artistes, des spectacles et des conférences plutôt avant-gardistes s’inscrivant dans la droite ligne (de gauche) de l’éducation des masses, le questionnement des modèles de société et l’intégration des publics défavorisés. Enthousiasmant, non ?
    Ce qui n’est pas dit, bien sûr, c’est que ce projet porté par tous, devra rapporter de substantiels bénéfices en vue de garantir les salaires mirobolants des quelques cadres et ce, en dépit de l’avalanche de contrats précaires et des promesses d’avancement non tenues pour les petits salaires, tous métiers confondus. Ce qui ne manquera pas de soulever de vives contestations de ces derniers ? Pas sûr !
    Le lecteur est donc au cœur d’une entreprise d’économie sociale. Une minorité vise la seule rentabilité financière, la masse se trouve plongée et plombée dans le rêve fumeux d’une révolution sociale, cadre qui n’empêchera ni les mesquineries, ni les coups foireux destinés, égoïstement, à se garantir une place, un pouvoir dans la structure, un CDI plutôt qu’un CDD.
    Dans une telle bulle où les frustrations sont quotidiennes, le monde est refait tous les soirs lors des virées dans les bars de Paris. Dans cette ville, on n’existe que si on s’affiche. Le lecteur devra donc absorber une dose d’alcool incommensurable et suivre, à défaut de participer, les joutes oratoires des refaiseurs de monde qui s’étourdissent à coups de références culturelles, cinématographiques et pseudo-philosophiques, toutes participant à la diarrhée de mots et la constipation d’idées qui président ces grands moments à venir. Chacun en est plus ou moins conscient, ces soirées où tout le monde s’agglutine autour d’un verre ont pour seul but de fuir la solitude que personne ne veut pourtant avouer.
    Le choix de l’autrice a été de mettre au centre du récit Jeanne, anti-héros, jeune-fille lambda qui pourrait réagir mais qui ne trouve aucune balise, aucun cap à suivre, aucun phare pouvant la mener à bon port. Dieu, qu’il m’a parfois été pénible de suivre Jeanne, les pages et les pages tournant sans jamais un soupçon de révolte ne la conditionnant à se prendre en mains. J’ai été ulcéré par cette complaisance à subir la vie, par cet effacement, ce manque d’assertivité, bref, ce rôle poupée de chiffons qui ne se préoccupe que du cosmétique pouvant la jeter dans les bras d’un Julien convoité, un cuistre, poseur d’apparat lors de toutes les virées nocturnes n’abordant la vie qu’avec un vernis de culture qui se craquèle avant même de sécher. Il joue, pose et impose son regard clair, mais non lucide, sur ses proies, arrose les échanges pseudo philosophiques qu’il mène dans les bars d’un pédantisme de dandy qui camoufle à merveille la totale absence de lecture critique et révolutionnaire du microcosme de la Tannerie. Si ces deux personnages sont le centre, alors le cri de révolte de l’autrice ne peut que paraître trop retenu et silencieux. Bien sûr, me direz-vous, je pouvais lire entre les lignes… mais le message n’aurait-il pas été plus mobilisateur si le cri avait eu un petit côté Munch ?
    En déconstruisant les propos et les actes des membres de la Tannerie, en dépassant le vide sidéral des considérations philosophiques, j’ai pu, mais bien sûr, comprendre que le message est le non-dit de l’autrice. Ce qui est tu est criant, criant de vérité. Et les nombreuses citations surgies du passé, soulignent la réédition de ces exploitations du travailleur pris en otage par un discours participatif et un management opposé. Par moment, j’ai été intéressé par ces retours au passé. Il me paraît approprié de ne pas oublier l’Histoire. Encore faut-il ne pas y vivre reclus. Or, j’ai eu plus d’une fois cette impression d’être emprisonné dans des argumentations d’un autre âge. Observant la crue de la Seine, était-il indispensable de citer Pissarro où les passants et les fiacres semblent patauger dans la boue ? Cette culture-confiture, parfois pertinente mais devant être dépassée, mises à l’heure du jour ne me semble utile que quand elle débouche sur des actions, des actes qui engagent, transforment, modèlent l’avenir. Or ce retour sur le passé, procédé, répété tout au long des pages, ne modifie en rien la trajectoire de vie. Cela a fini par user mon attention, m’insupporter même. Je suis en plein accord avec Jeanne qui, à la page 342, demande ‘n’as-tu pas l’impression que l’on revit toujours la même chose ?’ Et, un peu plus loin quand Jeanne, enfin, a quitté la Tannerie, je me surprends, comme elle, à me dire que tout son récit là-bas n’a couvert qu’une petite période de deux ans de vie ! Cela m’avait semblé une éternité, une même situation qui ne se modifie pas d’un iota, ce qui, après tout, est bien la caractéristique de l’éternité ! Dieu que c’est long cet état !
    Cela étant dit, la Jeanne dépasse tout de même la bienséance lorsqu’elle se reproche d’avoir osé comparer sa vie aux personnages des Raisins de la colère, œuvre culturelle à laquelle on ne peut toucher et qu’elle enchaîne, sans remord cette fois, en pensant qu’elle et les migrants qui plantent leurs tentes de plus en plus près de la Tannerie (attendant sans réagir que les CRS les expulsent) partagent le même sort, personne n’en veut ! C’est pousser le bouchon un peu loin et faire preuve d’une totale absence de capacité à juger la ‘Res Publica’, non ?
    Alors oui, la Tannerie peut être un cri, une révolte analysée sur base des expériences antérieures et provoquer des rides sur le miroir de nos tranquillités si nos oreilles s’ouvrent aux cris rassembleurs d’un appel au partage des ressources, droits et salaires. Encore faut-il que nos cœurs s’ouvrent aussi, saignent face à la misère du monde et qu’en nous circule un sang nouveau, celui d’une évolution éthique et programmée de ce monde du travail et de ses valeurs.
    Celia Levi, par l’écriture de la Tannerie, participe à cet éveil des consciences, assurément. Elle aurait pu le faire avec autant d’à propos et plus d’efficacité encore. Néanmoins, La Tannerie est un livre à lire, à réfléchir et à agir. Bonne lecture à tous ceux qui l’ouvriront.

    A la page 100, je disais: "Je suis entré dans ce livre un peu comme chez moi. Dès le début, me sentant habitué. En effet, ce roman reprend un procédé d’écriture fréquent, celui du choix, par l’autrice, d’un microcosme à l’image du monde. Ici la Tannerie, vaste ancienne friche industrielle parisienne dédiée à une expérience de Centre culturel ouvert très librement sur toutes les expressions artistiques de notre temps. Mais cette liberté exige un montage financier et une gestion stricte. Les personnages sont typés. On y retrouve les différentes classes sociales, origines et rêves d’avenir, bref tout ce qu’il faut pour faire un monde complexe, ses relations, ses bouillonnements, ses ardeurs, ses espoirs et ses vicissitudes.
    Jusqu’à la page 98, je n’ai donc eu aucune surprise. Oh, pas de déplaisir, certes, mais rien de bien transcendant. Et puis, début du chapitre V, je sens une bascule. Le monde se fissure, il y a du conflit social dans l’air de la Tannerie et les tentes des réfugiés se rapprochent de plus en plus du centre. Il va se passer quelque chose… Donc, je reste et continue ma lecture."

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