Découvrez le récit de Svetlana Alexievitch, Prix Nobel de Littérature 2015
«Des bribes de conversations me reviennent en mémoire... Quelqu'un
m'exhorte :
- Vous ne devez pas oublier que ce n'est plus votre mari, l'homme aimé
qui se trouve devant vous, mais un objet radioactif avec un fort coefficient
de contamination. Vous n'êtes pas suicidaire. Prenez-vous en
main !»
Tchernobyl. Ce mot évoque dorénavant une catastrophe écologique
majeure. Mais que savons-nous du drame humain, quotidien, qui a
suivi l'explosion de la centrale oe
Svetlana Alexievitch nous fait entrevoir un monde bouleversant :
celui des survivants, à qui elle cède la parole. Des témoignages qui
nous font découvrir un univers terrifiant. L'événement prend alors
une tout autre dimension.
Pour la première fois, écoutons les voix suppliciées de Tchernobyl.
Découvrez le récit de Svetlana Alexievitch, Prix Nobel de Littérature 2015
Svetlana Alexievitch, Prix Nobel de Littérature en 2015, a donné la parole à une quantité de personnes de tous bords pour cette supplication, La supplication, Tchernobyl, chronique du monde après l'apocalypse.
Elle aurait pu écrire une fiction, romancer ce drame survenu le 26 avril 1986, en Ukraine, tout près de la Biélorussie, au temps ancien de l'Union Soviétique, l'Urss. Elle qui est originaire de cette région, aurait pu aussi effectuer un reportage sur les lieux mais elle a choisi de laisser parler les gens, de recueillir une quantité impressionnante de témoignages dont se dégage une immense douleur, une formidable incompréhension devant cette catastrophe nucléaire mettant à bas la foi de l'homme dans sa maîtrise de la technique, de la physique, de cette énergie que beaucoup ont considéré, considèrent encore comme miraculeuse, produisant tant d'énergie pour si peu de combustible.
Toutes les précautions étaient prises, les sécurités assurées, les ingénieurs préparés et tout a foiré en quelques minutes causant une catastrophe d'autant plus incompréhensible et dangereuse que ses conséquences sont invisibles et pourtant bien réelles, loin du réacteur en fusion, arrivant même jusqu'en France.
En lisant ce livre si poignant, si bouleversant, j'ai retrouvé beaucoup d'éléments mis en scène dans la série Chernobyl. Craig Manzin, le réalisateur, s'en est inspiré pour le personnage de Lyudmilla Ignatenko, l'épouse du pompier Vasily Ignatenko parti combattre l'incendie alors qu'il était de repos et qui périt, comme beaucoup d'autres, dans d'atroces souffrances, jamais abandonné par son épouse.
Beaucoup de livres ont été écrits à ce sujet, d'autres le seront et il le faut. Des films ont été consacrés à cela, une série évoquée déjà mais il fallait donner la parole à celles et à ceux qui ont subi, subissent encore des dégâts matériels et surtout physiques et psychologiques irréparables.
Le mot qui ressort de tous ces témoignages, c'est souffrance. Qu'ils soient travailleurs de la centrale, enfants, anciens fonctionnaires du parti, médecins, soldats, émigrants, croyants, athées, paysans ou intellectuels, la catastrophe nucléaire a détruit des vies, brisés de simples bonheurs familiaux, pollué une terre immense, réduit la ville de Pripiat, construite pour abriter les employés de la centrale, à une ville fantôme, pour une éternité.
Il fallait faire ce travail et Svetlana Alexievitch l'a accompli remarquablement pendant trois années entières. Cela donne une suite de monologues et un choeur d'enfants, chacun avec un titre et une signature précise. Si elle laisse la conclusion à Valentina Timofeïevna Panassevitch, épouse d'un liquidateur, c'est pour mieux montrer la douleur, la souffrance intolérable d'une femme qui a accompagné son mari jusqu'au bout alors que tout le monde la suppliait de l'abandonner puisqu'il n'y avait plus rien à faire. Quel amour, profond, sincère, admirable !
Alors, un court épilogue, une annonce d'agence de voyages de Kiev promet : « … pour de l'argent. Visitez La Mecque du nucléaire. » Ces visites ont été montrées à l'écran. Alexandra Koszelik a très bien raconté cela dans À crier dans les ruines mais rien ne remplacera jamais tous ces témoignages recueillis par Svetlana Alexievitch, témoignages débordant d'une douleur incroyable dans un pays immense où la centralisation bureaucratique permettait tant d'erreurs et de mauvaises décisions.
En terminant ces lignes, l'émotion me brise en pensant à toutes ces vies sacrifiées ou saccagées et à tous ces gens qui souffrent encore…
Merci à Élodie de m'avoir permis de lire ce livre.
Chronique à retrouver sur : http://notre-jardin-des-livres.over-blog.com/
Un recueil de témoignages des oubliés de Tchernobyl nécessaire et intense. Le lecteur se retrouve au plus près de ces hommes, femmes et enfants qui ont vécu la catastrophe et ses suites.
J'aime lire des témoignages. A mon sens ils sont ceux qui font vivre la mémoire, des années plus tard. Là où un livre d'Histoire va relater des faits, le témoignage mettra en avant les souvenirs de celui qui raconte mais surtout ses émotions à un moment "T"... Et vous l'aurez sûrement compris depuis le temps, je fonctionne beaucoup aux émotions dans mes lectures. Et la lecture dont je vous parle ici n'y aura pas échappé.
Je vous parle aujourd'hui de La supplication de Svetlana Alexievitch aux éditions J'ai lu.
Avant toute chose, j'ai voulu lire ce livre après avoir regardé la série Chernobyl. Moi qui ne suis pas très télé, j'ai passé un moment extraordinaire, dur et bouleversant à la fois. Alors forcément j'ai eu envie de découvrir le livre à l'origine de cette série.
Si La supplication est en soi un bon recueil de témoignages, j'ai rencontré un énorme bémol qui a fait traîner ma lecture en longueur.
En effet, la mise en page du livre donne une sensation d'étouffement, d'oppression surtout parce que le texte n'est pas aéré. Les interlignes sont minimes ce qui donne des paragraphes trop rapprochés et il n'y a que très peu saut de pages... alors forcément c'était pénible par moment et j'ai eu le sentiment de ne pas vraiment avancer dans ma lecture.
C'est le seul bémol que je reprocherais à ce livre. Pour le reste, je pars du principe que je ne peux critiquer négativement un témoignage car il établit des faits réels qu'une personne a vécu et qu'elle a décidé de partager avec nous.
Alors qu'est-ce que je vais bien pouvoir vous dire ?
Tout d'abord que parmi tous ces témoignages, beaucoup m'ont ému, certains m'ont choqué et révolté et d'autres m'ont peut-être laissé un peu plus de marbre. Après tout, à chacun sa sensibilité.
Mais La supplication reste en mémoire une fois la dernière page tournée. Simplement car Tchernobyl c'est une catastrophe qui s'est déroulée il y a moins de 50 ans et dont les répercussions résonnent toujours de nos jours. Et c'est ce que nous montre les différents témoins qui donnent, partagent leurs souvenirs, leurs vies pour que personne n'oublie.
Que personne n'oublie mais que l'on voit aussi à quel point certains se sont sentis démunis de quitter leur foyer, leur terre et à quel point la désinformation a été ominiprésente des années durant.
De quoi mettre en colère la lectrice que je suis, surtout quand je lis les conséquences immédiates sur une population qui a placé sa confiance en son pays.
Ah ce qui est sûr, c'est que la colère, l'incompréhension et la tristesse ont été mes proches comparses durant ma lecture. Mais surtout, il y a ces phrases, ces mots qui marquent ce qui a amené mon premier surlignage et carnage de livre... C'est un livre témoignage et j'ai décidé de le marquer à mon tour pour ne pas oublier.
En bref
Comme beaucoup de témoignages, La supplication devrait être lu par le plus grand nombre. Après tout c'est aussi comme ça que la mémoire perdure. Est-ce que je peux vraiment parler de moment agréable de lecture ? Je ne pense pas, en tout cas pas pour ce genre de lectures. Mais j'ai trouvé la majorité des témoigages intéressants, notamment ceux des physiciens. Si vous aimez l'Histoire et les témoignages d'une manière générale, je ne peux que vous le conseiller.
Merci à lecteurs.com pour m'avoir permis de découvrir ce livre.
Svetlana Alexievitch est une journaliste , travaillant aussi dans le milieu littéraire.Elle est née en Union Soviétique.Elle a reçu le prix Nobel de littérature pour son oeuvre polyphonique, mémorial de la souffrance et du courage de notre époque.Elle a beaucoup écrit sur des conflits et elle aime donner la parole aux gens pour qu'ils puissent s'exprimer.Très tôt elle s'est intéressée à ceux qui ne sont pas pris en compte dans l'histoire .La supplication a été écrit en 1997 un peu plus de 10 ans après la terrible catastrophe écologique de Tchernobyl.Elle a voulu nous faire entendre la voix de la population qui a subi un véritable drame humain.Elle donne donc la parole à des survivants qu'ils soient scientifiques, militaires, liquidateurs, historiens , dosimétristes, ingénieurs ,habitants des zones irradiées ainsi qu'aux enfants.
Ce livre parle de ce dont nous ne connaissons presque rien.La narratrice s'intéresse aux sensations, aux sentiments des individus qui ont touché à l'inconnu au mystère.
Ce récit est découpé en trois grands chapitres dans lesquels on retrouve les témoignages des victimes sous forme de monologues plus ou moins longs.Chacun pouvant s'exprimer comme il l'entend.Donc il y a de multiples redites que l'auteur a souhaité gardé par respect pour ceux qui veulent s'exprimer.Surtout qu'il est difficile de parler librement dans ce pays ,l'état au moment de la catastrophe ,a exigé le secret ne voulant pas qu'il y ait de fuites sur le sujet.Les gens étaient surveillés et les écrits interdits(certains bien sûr ont dérogé à la règle.)
J'ai trouvé ce livre éprouvant à lire car les évènements qui y sont décrits sont impensables, terrifiants ,le tragique et le ridicule se côtoyant. Il m'a fallu plusieurs jours pour en terminer ma lecture tellement il était difficile d'entendre ces voix.L'insouciance de cette population qui a cru tout ce qu'on lui disait en raison de ce problème de radiations qu'on ne voit pas.Ils le disent aussi qu'ils en avaient moins peur que de la guerre .C'est hallucinant.
Je trouve le travail de l'auteur remarquable car elle a été fidèle aux gens qui lui ont fait confiance.C'est un livre d'Histoire que chacun devrait lire car on est loin de connaitre le calvaire qu'a vécu ce peuple et qu'ils vivent encore de nos jours.
J'avais littéralement dévoré le prologue de la page donnée à lire par lecteurs.com pour essayer de gagner ce livre et j'ai cherché rapidement à lire la suite!
Finalement, je n'ai pas pu attendre et une amie me l'a prêté; je l'ai dévoré! Une lecture très forte, une écriture si vraie. Cette catastrophe m'avait laissée sans voix en 86, lire le témoignage d'une femme de mon âge de l'époque a été bouleversant. Tout le livre est d'une justesse extrème, à la fois dur et touchant. Un livre remarquable!
La supplication a été pour moi une vraie révélation. C’est un livre choc dans lequel Svetlana Alexiévitch restitue les entretiens qu’elle a eu durant 3 ans avec des personnes liées à la catastrophe de Tchernobyl (paysans, scientifiques, liquidateurs, gradés…) et montre ainsi l’impact de la catastrophe sur leur vie. Dans un de ses autres livres, l’auteure nous décrivait ainsi sa méthode : « … saisir le moment que je guette toujours dans le conversations, publiques ou privées, celui où la vie, la vie toute simple, se transforme en littérature ». Et quelle littérature ! Pour vous donner envie de lire ce livre, voici pêle-mêle quelques extraits du livre :
« J’y suis allé… Nous sommes retournés chez nous. J’ai enlevé tous les vêtements que je portais et les ai jetés dans le vide-ordures. Mais j’ai donné mon calot à mon fils. Il me l’a tellement demandé. Il le portait continuellement. Deux ans plus tard, on a établi qu’il souffrait d’une tumeur au cerveau… Vous pouvez deviner la suite vous-même. Je ne veux plus en parler »
« Les routes de campagne La poussière. Je comprenais déjà que ce n’était pas de la poussière toute simple (…). Au bout d’une semaine, nous avions les ganglions lymphatiques enflammés. Nous économisions la pellicule en attendant Sliounkov, le premier secrétaire du Comité central de Biélorussie. Personne ne nous avait dit à l’avance à quel endroit il allait apparaître, mais nous l’avions facilement deviné : un chemin de terre que nous avions emprunté la veille, soulevant des tourbillons de poussière, était en travaux le lendemain : on le couvrait d’une triple couche de bitume ! Tout était clair : voilà donc le chemin de la haute direction ! J’ai pu filmer nos dignitaires lorsqu’ils sont arrivés. Ils prenaient bien soin de ne pas marcher en dehors de l’asphalte, même d’un seul centimètre »
« J’ai vu un homme dont on enterrait la maison devant ses yeux… On enterrait des maisons, des puits, des arbres… On enterrait la terre… On la découpait, on en enroulait des couches… Je vous ai prévenue… Rien d’héroïque »
Je connaissais l’âme russe grâce aux romans de Tolsoï et Dostoïevski, je découvre l’homo sovieticus. Un homme ou une femme soumise au Partie, attendant les ordres, faisant confiance à l’appareil d’Etat. Après la catastrophe, aucune instance n’a revu le Plan Quinquennal, donc les agriculteurs continuent de labourer et d’ensemencer pour maintenir la productivité.
Une supplication qui s’articule entre monologues et chants du choeur pour nous faire découvrir l’envers du discours officiel.
L’image que je retiendrai :
Contre le nucléaire, rien ne vaut une bonne pelle pour retourner la terre et de la vodka contre les rayons.
Quelques citations :
« Je t’aime mais je ne te donnerai pas mon fils. Je ne le donnerai à personne. Ni à Tchernobyl, ni à la Tchétchénie… A personne ! » Elle est déjà habitée par cette peur. » (p.143)
« Parce qu’ils croyaient. C’était la foi de vivre dans une société belle et juste. La foi que l’homme, chez nous, était la valeur suprême.Pour beaucoup de gens, l’effondrement de cette foi s’est soldé par des infarctus et des suicides. » (p.165)
http://alexmotamots.wordpress.com/2015/11/30/la-supplication-svetlana-alexievitch
Un écrit terrifiant sur les hommes qui sont intervenus juste après l'explosion à Tchernobyl et qui allaient vers une mort certaine dans des souffrances épouvantables...et autour d'eux leurs proches ....
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J'ai eu le même choc il y a 18 ans... Ça fait autant d'années que je fais la publicité des livres de Svetlana autour de moi, un peu en vain vu les sujets qu'elle traite. Si son prix nobel lui donne de nouveaux lecteurs c'est une bonne nouvelle.