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Le lendemain matin, je me lève à cinq heures trente, je pars à six heures quinze vers Huisseau. On est en septembre, le jour se lève à peine. Je vois des quantités de lapins dans le parc de Chambord. J'arrive à la scierie en avance. Tout est sombre sous le hangar. J'ai dans mes sacoches ma gamelle qui contient mon repas de midi. Le chauffeur bourre la chaudière et fait monter la pression. Je m'approche du four et je me chauffe. Il est sept heures moins dix. Tout le monde arrive tout à coup et se rassemble autour du four. Garnier arrive bouffi, il n'a pas fini de s'habiller, il sort du lit, il ne mange pas le matin. Après de brèves politesses, à sept heures moins cinq, il gueule : - Allez, graissez !
J’en frissonne encore alors que j’ai longtemps eu une vision romantique de la scierie attachée à mon enfance, son odeur de sciure enveloppante.
Ce roman anonyme est un véritable récit à la Zola. L’auteur qui a vécu dans cet enfer pendant 2 ans a souhaité rester anonyme. L’histoire a été retranscrite par Pierre Gripari, auteur iconoclaste, touche à tout, entre autre auteur des contes de la rue de Broca.
Déclassé, ayant échoué à ses examens, il est obligé de se jeter dans l’enfer de la scierie avant de rejoindre l’armée. Nous sommes dans les années 1950. Nous avons peu d’indication sur l’époque, Il fait froid, la neige est sale, même la sciure a une odeur lourde, l’ambiance est électrique et le travail mené à un train d’enfer
Gare à ceux qui lèvent le nez, s’ils n’ont pas un doigt en moins ils peuvent être remerciés pour avoir lambiné. On est loin du cadre chaleureux des métiers nobles du bois, on est au départ de la chaine avant la belle table en cœur de tronc. Pourtant il faut bien débiter, cuber, tailler les grumes. Le vocabulaire est dense, on arrondit pas angles, on taille dans le dur.
La valeur du travail est centrale, elle occupe tout l’espace, ils dorment dans leur bleu de travail les journées s’enchainent. On sent et on lit la peur de ne pas trouver du travail, pour certains de devoir redevenir paysan.
« c’est au fond la seule période de ma vie dont je sois fier jusqu’ici, car c’est la seule qui signifie quelque chose. Il m’en reste un immense respect pour le travailleur, quel qu’il soit et quoi qu’il fasse. Évidemment quand j’entends certains parler de travail à tort et à travers je me dis que ces gars-là, s’ils savaient ce qu’est le travail, ils n’en parleraient pas à la légère, et ne feraient pas cette profanation ».
Un monde que l’on imagine pas au chaud derrière nos écrans.
« La scierie » est un récit anonyme datant du début des années 50 et qui conserve aujourd’hui encore le mystère sur son auteur. La préface de Pierre Gripari apporte quelques éclaircissements sur la découverte de ce texte mais nous n’aurons pas de nom.
L’auteur et narrateur raconte deux années de sa vie passées à travailler dans une scierie. Il n’est pas issu de la classe ouvrière. Ce sont les circonstances qui l’amène à trouver ce travail, entre son échec au bac et son départ au service militaire. Ses mains ne sont pas celles d’un prolétaire et c’est donc d’un œil méfiant qu’il est accueilli par le reste des ouvriers.
Avec précision, réalisme et une certaine méchanceté, il rend compte des cadences infernales, des conditions de travail, et de l’ambiance délétère qui règne entre les ouvriers.
On peut donc classer ce texte dans la littérature prolétarienne mais deux points essentiels en font un texte singulier :
D’abord les origines bourgeoises de l’auteur qui n’idéalise pas du tout cet univers. Il le présente dans toute sa crudité, sans une once d’empathie pour le sort de ses collègues. Il décrit un milieu violent, où la solidarité est absente et où la calomnie est chose courante.
Ensuite « La scierie » n’est pas du tout politique. Le concept de lutte des classes est absent. C’est plutôt la lutte du corps, avec toutes les métamorphoses physique qui résultent d’un travail harassant.
Ce livre m’a impressionnée. On pense parfois aux reportages de Jack London mais ici le ton est plus rude, plus spontané car on voit bien que l’auteur n’a que faire de ce que pensera le lecteur ; il ne devait pas être publié. Un témoignage rare, sans filtre.
Le compte rendu d'une vie ouvrière vécue pendant 2ans par un jeune homme en attendant sa feuille de route pour entrer à l'armée. Le récit écrit un an après cette expérience qui le transforme physiquement et moralement, est exceptionnel de réalisme cru et de précisions. Un témoignage sur la vie ouvrière dans une scierie entre Blois et Chambord, dans les années 50. Ecrit un an après. Sans fioritures, sans pathos, l'évocation de la lutte contre les éléments et le temps. Une description plus qu'une analyse. Le seul livre de l'auteur publié grâce à P. Gripari mais 20 ans plus tard. Un livre intense.
Impressionnant récit que cette histoire d’un jeune homme qui après son échec scolaire va travailler à la scierie en attendant son ordre d’incorporation pour l’armée.
Plus l’histoire avance, plus nous sommes plongés dans des descriptions de ce travail difficile, dangereux, épuisant dans des conditions extrêmes et plus on se dit que l’armée sera ce qui va le sauver de ce monde épuisant et parfois ingrat.
Une belle description de ce métier finalement peu connu et de l’univers qui l’entourait. Un hymne finalement à tous ces hommes …
Un livre passionnant.
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