Alors que les membres du jury s’attèlent à leurs dernières lectures et peaufinent leurs arguments pour le 5 mai prochain, où ils devront désigner cinq romans finalistes, revenons sur les 30 titres sélectionnés pour le Prix Orange du Livre 2015.
La Salle, roman écrit à la seconde personne du pluriel, suit le parcours d'un opérateur de marché financier (trader) qui engage des sommes démesurées en contournant les procédures de contrôle de son employeur (une banque), mais ne poursuit pas un objectif d'enrichissement personnel.
L'auteur s'intéresse aux motivations et à l'économie psychique de ce rogue trader « à la française » - qui ne se superpose pas à l'image caricaturale que les médias véhiculent du trader -, à sa gestion du réel et du virtuel, à la solitude fondamentale à laquelle le condamnent ses actes.
Il est également question du pouvoir de l'image et de la parole médiatisées, du partage des responsabilités entre les opérateurs (traders) et les structures (banques), ainsi que des répercussions de l'activité de ce personnage sur sa vie privée.
On pense évidemment, en lisant cette histoire, à l'actualité récente et à Jérôme Kerviel. Cependant ce n'est pas la ressemblance avec le trader de la Société Générale qui est ici recherchée mais les potentialités romanesques du personnage du trader et de la situation.
Ajoutons que l'extérieur de la salle est très présent, à travers une étrange histoire de moeurs japonaise qui déclenche un ouragan financier.
Alors que les membres du jury s’attèlent à leurs dernières lectures et peaufinent leurs arguments pour le 5 mai prochain, où ils devront désigner cinq romans finalistes, revenons sur les 30 titres sélectionnés pour le Prix Orange du Livre 2015.
"La salle" est un récit implacable, une comédie dramatique grinçante en trois actes. Avec ce roman nous plongeons jusqu'au cou dans le monde de la salle des marchés et des processus de la finance. Nous suivons le héros de l'histoire depuis sa prise de poste de trader. Par le truchement d'une narration en deuxième personne du pluriel, l'auteur nous implique dans le mental et les comportements de ce trader, et cherche à faire tomber les cadres de références du lecteur. Et nous voyons le héros engloutir sa vie, corps et âme, happé dans le vertige des chiffres, du volume des échanges journaliers, des bonus hors limites, jusqu'à l'addiction totale.
Une immersion sans concession dans l'univers de la finance et de ses acteurs, la tension de la salle des marchés jusqu'à l'ivresse et l'irréalité, ses ramifications avec la politique, la presse et les scoops assassins. Un monde bien rodé. Mais un grain de sable dans ses rouages et tout se déstructure.
Un récit dense et prenant, un sujet très actuel, une écriture de qualité.
Dans "La Salle", Joël Baqué raconte ce qui pousse un trader à dépasser les limites et engager des sommes démentielles en bourse. Sauf que le trading n'est pas une science exacte et ces prises de risque dissimulées peuvent parfois avoir des conséquences dramatiques à cause d'un incident mineur qui se produit à l'autre bout du monde.
Dans ce roman, on comprend que le rapport à l'argent d'un trader évolue vite. Au début, il est effrayé par les sommes à six chiffres. Mais plus les années passent, plus cela devient dérisoire, presque trop virtuel. D'ailleurs les traders semblent être encouragés à franchir la ligne rouge. A leurs risques et périls évidemment.
Ce livre aborde aussi la question du respect de la vie privée par les journalistes. Doit-on tout dire ? Qu'est-ce que le réel ? Des questions très contemporaines traitées intelligemment.
"La Salle" est une belle découverte, écrite à la deuxième personne du pluriel - ce qui rajoute du cachet au livre.
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