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Un petit bijou 1900, cette princesse sous verre, la plus envoûtante de celles que jean lorrain appelait ses princesses d'ivoire et d'ivresse.
Admirablement enchâssée dans les illustrations de l'énigmatique andré cahard, rien n'y manque pour qu'opère le sortilège: délicieuse et dolente jeune fille qui s'éteint, ni morte ni vivante; royaume inhospitalier de marais et de forêts; un prince noir devenu prince rouge, du sang de ses victimes; le cercueil enchanté qui "descend à la dérive les eaux lentes du fleuve"; et le pardon, le bienfaisant pardon qui permet une mort enfin apaisée dans la magie glacée d'une nuit d'hiver.
La postérité, qui ne cesse de rééditer l'oeuvre du fécampois, n'en a retenu que le côté sulfureux et décadent. a tort car lorrain, resté sous le charme des légendes lues et entendues enfant, à son tour en a répandu les enchantements; et il les aimait tant, qu'après la parution dans la revue illustrée ou ailleurs, il les publiait luxueusement pour les offrir à quelques-uns de ses amis: " ces contes de fées, qu'on a remplacés aujourd'hui par des livres de voyages et de découvertes scientifiques, ces merveilleuses histoires qui parlaient au cour à travers (imagination et préparaient à la pitié par d'ingénieux motifs de compassion pour de chimériques princesses, dans quelle atmosphère de féerie et de rêve, dans quel ravissement de petite âme éblouie et frémissante ont-elles bercé les premières années de ma vie! pour moi, je l'avoue, je les ai adorés et d'une adoration presque sauvage, les contes aujourd'hui proscrits et dédaignés; et c'étaient des contes brumeux, trempés de lune et de pluie, semés de flocons de neige, des contes du nord.
"et puis ces contes hallucinants, dont les personnages galopaient toute la nuit dans mes rideaux, signalaient la rentrée des terre-neuviers dans le port, le retour des hommes au logis, et c'était toute une joie dans la ville. " mais ce ne sont pas les seuls souvenirs qu'il gardera de la ville où il est né paul duval, en 1855, et ses compatriotes ne lui pardonneront pas son roman à clefs les lépillier.
La grande affaire de lorrain, c'est la littérature et pour décrocher la gloire littéraire, il tente de conquérir paris presque à marche forcée en affichant avec insolence ce qu'il est: un bisexuel érotomane irrésistiblement attiré par les bas-fonds et le scandale, ne reculant pas devant la bagarre, traînant après lui de tenaces vapeurs d'éther, rattrapé par des visions nocturnes de cauchemars et de maléfices.
Choisissant comme maîtres barbey d'aurevilly (dont il s'inspirera pour monsieur de bougrelon ) puis edmond de goncourt, éperdument admiratif du huysmans d'a rebours et de la peinture de gustave moreau, il fraternise avec rachilde, liane de pougy la très belle, marcel schwob, octave uzanne. et, puisque à l'époque la chronique littéraire occupe encore la première page des journaux, il va réussir: en quinze ans, précise son biographe, thibaut d'anthonay, "il va devenir l'un des rois du boulevard et l'un des journalistes les mieux payés de son temps.
Il est partout, voit tout; sait tout". et raconte tout, ou presque: d'une plume fielleuse et tranchante ou suave et amusée, lorrain anéantit une réputation ou aide à la vente de 40 000 exemplaires d'un roman - la nichina d'hugues rebell, par exemple. il fait connaître sem ou yvette guilbert, brocarde montesquiou ou marcel proust et évite de justesse un duel avec maupassant qui s'est parfaitement reconnu dans le beaufrilan de très russe.
Cette société qu'il fréquente, il n'hésite pas à l'épingler avec une férocité jubilatoire non dissimulée, à en révéler les vices, lui qui ne cache pas les siens, et les dessous des cartes: snobisme, arrivisme, hypocrisie, cupidité, cynisme. il publie poèmes, chroniques, romans, la maison philibert, les noronsoff monsieur de phocas, pièces de théâtre, portraits, de nombreuses nouvelles, un démoniaque, histoires de masques, les contes d'un buveur d'éther, etc.
Au moment de sa mort en juin 1906, il travaillait à une féerie tirée de la princesse sous verre.
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