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En pleine nuit, Soren reprend conscience au milieu de son jardin, comme s'il s'éveillait d'un cauchemar. La soirée a été difficile, il a annoncé à sa femme, Paloma, qu'il avait besoin de « faire le point ». Après cette conversation ? C'est le trou noir. Il est dans un état second. Sa vie lui échappe. Il monte dans sa voiture, prend la route pour rejoindre son frère Mathurin, gravement handicapé. Les kilomètres défilent, comme la vie de Soren dont nous découvrons la lente descente vers l'enfer de cette nuit : la mort de sa mère dans un accident de voiture quand il avait douze ans, la vie difficile avec son père dépressif, l'existence chaotique de Mathurin qui, avant la sclérose en plaque, souffrait de troubles psychiques... Quelques souvenirs plus heureux surviennent aussi, comme la rencontre avec Paloma avec qui il a eu deux filles. Mais petit à petit, se tisse la trame d'un récit qui voit sombrer le monde de Soren. Il a de graves problèmes financiers, dont il n'a pas osé parler à Paloma. Il rumine de vagues projets de documentaires, se focalise sur la montée en puissance de Daech, et lutte contre l'idée du suicide. Sans doute ne tient-il plus à la vie qu'à cause de Mathurin, dont il se sent responsable. Ce soir-là, tout s'est mis à tourner plus mal : Paloma lui a annoncé qu'elle quittait son travail et Lise, une amie dont il commençait à tomber amoureux, lui a révélé qu'elle et son compagnon attendaient un enfant... Se sentant pris au piège d'une existence de plus en plus inextricable, Soren glisse vers l'irréparable... Jean-Baptiste Gendarme nous donne un récit de la solitude moderne. La vie de Soren est prise dans l'engrenage d'une fatalité de plus en plus prenante, mais tellement insidieuse qu'on ne voit pas venir le désastre. Le style concis, limpide, factuel, tendu, accuse le caractère implacable de cette trajectoire.
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Soren a peur de la mort, pas forcément pour lui, mais pour Paloma, sa compagne et pour ses deux filles. Sans cesse, il craint le pire et vit sa vie au gré de ses angoisses de mort, paniques soudaines largement nourries par le souvenir du décès tragique de sa mère, du cancer de l'un, de la maladie de l'autre, en passant par ses propres phases dépressives et autres interrogations. Le tout est marqué d'un sentiment de solitude qui le tourmente au point de l'entraîner vers un irrémédiable qu'il peine à imaginer.
Le roman de Jean Baptiste Gendarme est certes bien écrit. Il va droit au but et laisse peu de champ au lecteur qui se sent pris au piège du personnage, dépeint avec beaucoup de justesse, hypocondriaque, pessimiste, masochiste, mal dans son corps au point de ne pouvoir se réellement supporter.
Quelle tristesse tout au long des pages ... aucun espoir de voir au bout du tunnel une petite lueur d'optimisme. C’est oppressant.
Un texte dur et violent, qui met le doigt sur nos solitudes et la folie qui peut en découler, un roman qui fait mal. Trop mal !
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