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Ce poignant récit s'ouvre sur un vol d'étourneaux dont le murmure dans une langue secrète fait écho à toutes les migrations et surtout à celle d'aïeux, partis d'un village d'Inde en 1872 pour rejoindre l'île Maurice. C'est alors le début d'une grande traversée de la mémoire, qui fait apparaître autant l'histoire collective des engagés indiens que l'histoire intime de la famille de Nathacha Appanah. Ces coolies venaient remplacer les esclaves noirs et étaient affublés d'un numéro en arrivant à Port-Louis, premier signe d'une terrible déshumanisation dont l'autrice décrit avec précision chaque détail. Mais le centre du livre est un magnifique hommage à son grand-père, dont la beauté et le courage éclairent ces pages, lui qui travaillait comme son propre père dans les champs de canne, respectant les traditions hindoues mais se sentant avant tout mauricien. La grande délicatesse de Nathacha Appanah réside dans sa manière à la fois directe et pudique de raconter ses ancêtres mais aussi ses parents et sa propre enfance comme si la mémoire se délavait de génération en génération et que la responsabilité de l'écrivain était de la sauver, de la protéger. Elle signe ici l'un de ses plus beaux livres, essentiel.
"Mon esprit les a lavés, ces ancêtres, essuyé leur visage, coiffé leurs cheveux, habillés de vêtements propres, éloignés des cales de bateaux et de la perspective du labeur quotidien des champs de cannes. C'est une image presque proprette. C'est une mémoire délavée."
La mémoire d'un passage, du gris-bleu, un récit qui échappe, le destin et la migration, un murmure secret, la complexité et la simplicité, le cœur et l'esprit, des absences, des engagés indiens, des numéros, des pensées inavouables, un hommage, une émotion particulière, la transmission des origines, les fiches aux archives, un air sonné, des enfants égarés, un supplément d'âme, une croyance ancienne, des empreintes sur le sable, un système plantationnaire, une guirlande de fleurs, une histoire incroyable, une ligne fine, des gaulettes, l'incarcération, une franchise simple, un premier souvenir, un carnet de rêves, un lieu particulier, de la dignité, un moment suspendu, de la force et de la faiblesse...
De la fragilité, de la complexité, de la sincérité, de l'intimité pour ce roman.
Ces traits et ces portraits sont touchants.
L'histoire personnelle de cette famille est émouvante.
Dans ce récit Nathacha Appanah remonte le cours de l’histoire de sa famille, avec délicatesse elle écrit la migration de ses trisaïeuls.
A partir de 1820 avec l’abolition de l’esclavage, les îles productrices de cannes à sucre font croire aux Indiens de quitter leur terre pour venir travailler sur les leurs , les coolies auront une vie meilleure et feront fortune.
Les Indiens sont connus pour « être dociles » et « bons travailleurs ».
C’est dans cette période de transhumance humaine que les aïeuls de l’autrice arrivent sur l’Ile Maurice, on leur attribue un numéro qui fera office d’identité !
Ils sont devenus les dominés des propriétaires dominants.
Quitter sa terre pour devenir un esclave ailleurs s’appelle l’engagisme !
Nathacha Appanah fouille les archives et fait parler les souvenirs afin de redonner aux membres de sa famille leur juste place.
« Mon esprit les a lavés, ces ancêtres, essuyé leurs visages, coiffé leurs cheveux, habillés de vêtements propres, éloignés des cales de bateaux et de la perspective du labeur quotidien des champs de canne. C’est une image presque proprette. C’est une mémoire délavée. » p30
C’est un magnifique récit, qui m’a beaucoup ému !
Parce qu’elle s’interroge sur la vie passée de ses grands-parents, Natacha Appanah remonte le fil du temps, un siècle avant sa naissance, à la recherche de ses origines.
C’est en 1872 que débarquèrent à l’Île Maurice, ces coolies venus d’Inde pour remplacer les esclaves noirs dans les plantations de cannes à sucre. Et c’est aux sources de cette grande migration de travailleurs, appelée l’engagisme indien, que l’autrice découvre le berceau de sa famille.
Ouvriers pauvres, exploités et regroupés dans des camps, ces laboureurs se mêlèrent progressivement aux habitants d’une île sous colonisation britannique, et formèrent le socle de la population mauricienne actuelle.
Ce texte sensible et lucide retrace à la fois le parcours d’une famille de migrants ayant quitté son pays à la recherche d’un avenir meilleur mais il soulève également les mécanismes de l’exil et les concessions qu’exige l’intégration.
Dans cette famille frappée par de nombreux malheurs, il y a un tel amour entre les générations, un tel respect des choses transmises comme des silences, que le lien entre chacun de ses membres en devient presque palpable.
Et l’on comprend, avec ce texte de Natacha Appanah, à quel point l’appartenance à des racines est à la fois un puissant moteur de vie mais également un étendard que l’on porte haut et fier.
Un livre révélateur et captivant sur le poids de la mémoire et l’attachement à ses origines.
Avant tout le titre de ce livre, parfaitement choisi, et qui porte une signification profonde.
Nathacha APPANAH cherche dans l’histoire de sa famille. Son histoire comme une empreinte indélébile dans son être.
C’est une beauté littéraire qui m’a saisie.
J'ai ressenti beaucoup d'humilité dans ce récit. Beaucoup de gens, de peuple ont été délogés de leur terre pour une vie meilleure. Les faits ne suivent pas et il faut plusieurs générations pour être accepté, fondu dans la masse. Il est important de savoir, de laisser un témoignage. Quelle belle comparaison avec les étourneaux.
« Je rêve d'un livre qui dirait le passé, le présent et tout ce qu'il y a entre ».
Dans ce court essai superbement illustré, Nathacha Appanah part en quête de ses ancêtres et nous livre un récit d'une grande profondeur, liant étroitement histoire intime et collective.
Pendant de longues années, elle n'a que mal connu le passé de sa famille, ces coolies, engagés volontaires venus remplacer les esclaves noirs dans les champs de canne à sucre mauriciens. Étrangement détachée de ces aïeux, l'autrice à la plume virtuose tente ici de comprendre pourquoi et ainsi, leur rend un puissant hommage, aussi sincère que respectueux.
Au-delà des faits, ce texte subjugue par sa beauté, sa poésie, sa spontanéité. Nathacha Appanah sait, comme personne, trouver les mots justes et donner vie aux histoires qu'elle raconte. Après le magnifique "Tropique de la violence", elle signe ici un témoignage essentiel, tout en pudeur et en délicatesse.
Dans ce livre, l’autrice s’interroge sur sa famille, notamment ses arrière-arrière-grands-parents partis d’Inde pour travailler dans les champs de canne à sucre de l’Île Maurice. Ses trisaïeuls sont venus remplacer les esclaves. Un ouvrage poétique et foisonnant de questions.
L’incipit s’ouvre par un vol d’étourneaux. Des photos et documents sont insérés entre les pages de ce récit intime. Elle essaie de reconstituer l’arrivée de sa famille sur l’île, leurs conditions de vie. Elle s’appuie sur les souvenirs de ses grands-parents et comble les blancs comme lorsqu’elle écrit des romans.
Les thèmes abordés sont la transmission, l’immigration, l’identité, l’exil, les effets de la colonisation, la condition sociale. Elle évoque notamment la pression de réussite que ses parents ont fait peser sur elle. Ils voulaient échapper à la condition de leurs parents et grands-parents. Ce statut de « dominé » s’est transmis de génération en génération.
Un essai passionnant, magnifiquement écrit.
Suite à l’abolition de l’esclavage au 19e siècle, l'île Maurice fait venir d’Inde une main d’oeuvre bon marché pour travailler dans les champs de canne à sucre, et ce sont des bateaux entiers qui sont affrétés pour amener ces « coolies » à bon port. Fuyant la misère en Inde, il espèrent une vie meilleure sur cette nouvelle terre.
« Tant qu'il y aura des mers, tant qu'il y aura la misère, tant qu'il y aura des dominants et des dominés, j'ai l'impression qu'il y aura toujours des bateaux pour transporter les hommes qui rêvent d'un horizon meilleur. »
Dans ce court roman autobiographique paru aux éditions Mercure de France, Natacha Appanah rend hommage à sa famille. Elle commence son enquête par la recherche d’archives pour trouver la trace de ses trisaïeux débarqués à l'île Maurice en 1872 et nommés par un matricule à leur sortie du bateau.
S’engage alors une réflexion sur la mémoire transgénérationnelle en la confrontant à la réalité historique. Dans cette « mémoire délavée », il y a la mémoire historique qui reste factuelle mais sélective avec ce passé honteux que l’on tente d’effacer. Mais on trouve surtout la mémoire familiale passée au filtre des émotions distillées de génération en génération. Cette mémoire est faite de tabous, de choix et de renonciations, de transmissions orales et de souvenirs imprécis.
« Mon esprit les a lavés, ces ancêtres, essuyé leurs visages, coiffé leurs cheveux, habillés de vêtements propres, éloignés des cales de bateaux et de la perspective du labeur quotidien des champs de canne. C'est une image presque proprette. C'est une mémoire délavée. »
Natacha Appanah évoque alors avec tendresse ses grands-parents, génération charnière entre l’ancien monde et le nouveau, devenant le socle de son identité. En fouillant ses souvenirs d’enfance et en nous partageant quelques photographies, elle redonne vie à ses ancêtres.
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