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Iegor Gran n'en démord pas, la crise sanitaire pandémique fait ressortir tous nos défauts, toutes nos superstitions, toutes nos faiblesses et lâchetés. Après un premier état des lieux féroce et hilarant dans Ces casseroles qui applaudissent aux fenêtres en septembre 2020, l'auteur récidive en s'attaquant dans ce nouveau texte à l'impéritie du pouvoir politique. Il décrit drôlement l'improvisation érigée en règle de gouvernement. Séquence tragi-comique d'un déconfinement raté suivi d'un reconfinement à reculons. Les commerçants sont alors désignés comme les boucs émissaires d'une crise qui échappe au contrôle des pouvoirs publics. « Peu importe qu'aucune preuve n'existe d'une plus grande circulation du virus chez les fleuristes, les libraires ou les marchands de jouets que dans les couloirs ou les bureaux des grandes entreprises, écrit Iegor Gran. Peu importe qu'aucun cluster n'ait été mis en évidence chez un cordonnier ou un antiquaire, contrairement au Sénat ou à l'Assemblée nationale. » La librairie devra fermer mais l'usine de pneus, elle, pourra continuer de tourner. On en appelle à la raison en prenant les plus folles des décisions, et le tout à marche forcée, au mépris souvent des libertés fondamentales de chacun, dans un désordre ridicule, comme la marche d'un canard sans tête.
Bon, on est bien d'accord, je viens ici faire la recension d'un petit livre engagé qui dresse un bilan, hélas provisoire, de nos années COVID. Les propos qui suivent n'engagent que l'auteur, même si je dois bien l'avouer, certaines de ses idées ont fini par me convaincre. Visiblement Iegor Gran est fâché, très fâché même après le gouvernement français tout en ayant parfaitement conscience que nos voisins européens n'ont pas fait beaucoup mieux dans la gestion de cette crise sans précédent…
D'abord, parce que , selon lui, certains choix politiques sont parfaitement contestables : on a confiné à plusieurs reprises toute la population, arrêtant de force l'intégralité du système économique français. Les crèches, les écoles, les facs ont fermé. Les conséquences dramatiques de ces choix n'ont pas tardé à se faire sentir (et on est loin d'être au bout de nos peines!) : le taux de chômage a explosé, les faillites des petits commerces se sont multipliées, les suicides aussi. On le sait, les décrochages scolaires ont été nombreux et pour beaucoup, il faut en être conscient, ils sont irrémédiables. Les prépas, elles, n'ont pas fermé lors du second confinement malgré leurs 40 élèves par classe contrairement aux TD des facs : « le réflexe sociologique de reproduction de l'élite française n'a pas été amoindri par le COVID. » Pourquoi ?
L'impact psychologique sur les jeunes est immense et durable si j'en juge par l'attitude de certains élèves dans les collèges en cette fin d'année 2021. Du jamais vu.
Donc, toute une société à l'arrêt. Une dette qui va peser longtemps sur les épaules des jeunes. Question : était-ce nécessaire ? Était-ce nécessaire dans la mesure où, finalement, la tranche d'âge des 0-45 était très peu touchée ? (en novembre 2020, ils représentent un pour cent des décès en hôpital contre 90 pour cent pour les plus de 65 ans.)
Iegor Gran pense que l'on a sacrifié les plus jeunes, ceux qui construisaient leur avenir et qu'on en a même fait des boucs émissaires. Solidarité, oui, à condition que les efforts soient partagés ! Beaucoup de jeunes ont abandonné leurs études, se sont retrouvés sans petits boulots, exit les stages, les séjours à l'étranger, exit les copains, les rencontres, exit la vie quoi. Ils ont morflé et ils morfleront encore longtemps pour payer la dette alors que finalement, encore une fois, ils étaient très peu touchés par le COVID.
Jamais au contraire les gens plus âgés n'ont été invités à se protéger davantage que les autres (ou alors, le projet a vite été enterré), ce qui aurait été logique vu leur fragilité.
On a fermé certains petits commerces jugés non essentiels : était-ce là qu'il y avait foule, chez les libraires, les fleuristes, les cordonniers? N'aurait-on pas pu continuer à vivre, à se rendre dans une librairie, chez le coiffeur, au restaurant, en respectant les distances, bien sûr ?
Et ce fameux masque : pourquoi une société aussi riche que la nôtre a-t-elle mis autant de temps à en produire ? ( et j'ajoute cela : pourquoi ces masques ont-ils été vendus aussi cher au début ? Cinq euros le paquet de 10 ! Les familles dans le besoin avaient-elles les moyens de s'en procurer? Je m'interroge.)
On a sacralisé l'hôpital pour protéger l’État. Pourquoi aucun lit d'hôpital n'a t-il été créé entre le premier et le second confinement ? On avait bien dit qu'on en manquait. Et les chiffres prouvent qu'on en aurait même perdu !
On a nagé dans la pire des absurdités (on en rirait, tiens, maintenant si ce n'était pas si grave!) Inutile que je vous donne des exemples, vous les avez en tête ! N'oublions pas quand même qu'à un moment donné on ne pouvait s'habiller, se chausser que via Internet… Pratique pour essayer… Amazon s'est régalé… Il a fallu emballer les présentoirs de livres, de sous-vêtements et de chaussettes ...
Et dans les églises, c'était trente. Peu importe la taille de l'édifice. Trente.
L'État a voulu nous protéger, il a voulu bien faire, répondrez-vous à l'auteur. On était dans l'urgence, la situation était exceptionnelle. Du coup, on a vécu dans le présent, dans l'immédiateté, sans penser aux conséquences à long terme sur les jeunes notamment.
Et puis, si l'on veut réellement préserver la santé des Français, on pourrait par exemple tenter de diminuer la pollution, l'usage des pesticides, proposer des salaires décents et des logements salubres et des fruits pour l'été à moins de cinq euros…
Allez, vous l'aurez compris, Iegor Gran nous livre ici un pamphlet cinglant, décapant, vif, drôle aussi, pour dénoncer les choix politiques posés par le gouvernement face à la pandémie, les improvisations, les incohérences, les cafouillages qui ont souvent donné lieu à des règles absurdes et injustes.
On peut ne pas être d'accord… En tout cas, ce petit livre a le mérite de faire réfléchir et pourquoi pas, de remettre en question toutes nos belles certitudes.
Salvateur donc !
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