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Des explosions ravagent la ville. Alors que les immeubles s'effondrent, un combattant fuit. L'homme se débarrasse de son arme, on le devine fatigué, on verra bientôt qu'il est hanté par la mort. Alors qu'un vaisseau traverse le ciel, l'homme trace son chemin dans la foule. Fuir, encore plus loin, quitte à changer de vie, de pays. Quitte à traiter avec des passeurs, à embarquer dans une chaloupe vétuste avec d'autres fuyards, guidés par l'espoir. Commence alors une épopée noire emplie d'embûches et de défis, dans un récit qui mélange habilement (science) fiction et actualité.
Si dès ses prémices, La Jungle vous saisit à la gorge pour ne plus vous lâcher durant ces trois cent vingt-huit pages, c'est que son auteur a atteint une maîtrise narrative qui transforme son nouveau livre en un véritable « page turner » peuplé de rebondissements et de visions hallucinées, des images qui continueront à accompagner le lecteur une fois le livre terminé - à l'image de son héros, poursuivi par ses propres fantômes.
C'est un récit dur et en même temps incroyablement beau que nous offre ici Nicolas Presl, un récit où souffle le grand vent de l'aventure tout en portant un regard pour le moins désenchanté sur un monde en totale perdition.
La consigne qui pourrait figurer en guise d'avant-propos? Accepter de ne pas tout comprendre et c'est très bien ainsi.
Une explosion puis une autre. Un homme qui détale comme un lapin et se mêle à d'autres personnes fuyant une ville bombardée. Des billets glissés puis un embarquement sur un vieux rafiot avec d'autres êtres humains à la recherche d'une supposée vie meilleure...
Première fois que je lisais une BD de Nicolas Presl et, qui plus est, la dernière en date de l'auteur d'après la bibliographie finale : je ne pourrai donc pas comparer avec ses autres BD !
Ce roman graphique muet intrigue car il induit une lecture active et non passive : il n'y a aucun texte ! Pas de bulle, pas de narration, pas d'onomatopée, rien. Il faut donc interpréter soi-même certains passages oniriques (craintes, cauchemars...).
Le scénario sombre m'a tenue en haleine tout du long : il est d'ailleurs magnifiquement porté par un personnage principal jusqu'au-boutiste et altruiste. Ce dernier (puisqu'on ne connaît pas son nom) ne supporte pas les injustices : il commettra l'irréparable plusieurs fois au nom de la dignité humaine. C'est vraiment prenant.
L'engagement de l'auteur transparaît dans l'album, notamment lorsqu'il dénonce les maux contemporains : la guerre civile, les dictatures, la pauvreté, la malveillance des passeurs, la détresse des migrants, les chefs sans vergogne tirant profit de la misère humaine, l'esclavage physique et moral, le viol...
Concernant le dessin, ce n'est pas le coup de crayon que j'affectionne habituellement mais ici je le trouve très expressif (des personnages à la Picasso).On a quatre cases par page voire parfois une grande case uniquement. Les plans fonctionnent comme des arrêts sur images pris sur le vif : la scène est donc figée sur un geste, une attitude, un regard.
Une BD coup de poing qui vaut le détour !
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