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SEPT QUESTIONS A HANS THILL 1/ Une autobiographie en quelques mots.Né à Baden-Baden en 1954, il a grandi à la lisière de la Forêt-Noire au milieu de nombreux dialectes et langues de l'après-guerre, sa mère étant alsacienne, son père berlinois. Il vit à Heidelberg depuis 1974, y a participé en tant que militant de la rébellion spontanée, une sorte de fin 1968. Il a profité de la période de calme imposée par l'État qui a suivi pour fonder une maison d'édition en 1978 : avec Angelika Andruchowicz, Manfred Metzner et d'autres. Verlag Das Wunderhorn, conçu comme un atelier médiatique pour la politique et la poésie. En 1985, le premier volume de poésie Gelächter-Sirenen a été publié, après quoi il a gagné sa vie comme traducteur du français, a publié un hebdomadaire intellectuel de gauche pour Heidelberg, « Communale ». Anthologue (avec Michael Braun) de la poésie contemporaine en 4 volumes, chacun couvrant une décennie. Traduction de romans, de poèmes, d'ouvrages de non-fiction et de pièces radiophoniques, de Philippe Soupault, Abdelwahab Meddeb, Assia Djebar et de nombreux autres Français. A publié de nombreux volumes de poésie avec des titres programmatiques : Sirènes de rire (« rires sirènes ») (1985), Cibles civiles (1995), Religions froides (2004), Musée de l'impatience (2009), Conseiller pour des gens de tissu (2015), Dunlop (2016), Anarchimède enroué (2020). A travaillé à la maison d'édition Das Wunderhorn jusqu'en 2009. Depuis 2010, directeur de la Künstlerhaus (Maison de Poésie) Edenkoben. 2008-2017, collaboration au sein du présidium de PEN Allemagne et du Comité des écrivains pour la paix. Il place des Stèles pour les poètes décédés : https://www.poetenladen.de/stelen/2/ Comment répondre à une injonction brusque : « Définissez la poésie. »Il y a beaucoup de poésies, des positions changeant constamment d'une mobilité joyeuse ou douteuse. Si l'on ne peut pas se passer de définir, il faudrait alors trouver une définition qui devrait faire ses preuves à chaque poème réussi. Écrire de la poésie est une activité qui redéfinit constamment la poésie. Quelle serait la définition la plus solide ? Pour moi, cela pourrait être : la poésie est une avancée linguistique vers le possible, vers l'improbable, si elle est concevable. Chaque texte serait alors un test. Ou (avec Inger Christensen) : la poésie est un jeu, peut-être un jeu tragique, que nous jouons avec un monde qui joue son propre jeu avec nous.3/ Prose et poésie, la distinction a-t-elle un sens ?Tout à fait. Sans distinction, il n'y a pas de frontière. Et là où il n'y a pas de frontière, on ne peut pas la franchir. Bien sûr, la prose doit être poétique et la poésie doit pouvoir être prosaïque. 4/ De la forme (et du formel) en temps de crise.Je travaille sur un poème jusqu'à ce que je puisse le supporter. Il naît ainsi de la crise, la transforme et la transporte plus loin. Les formes inachevées sont ma partie préférée du processus. Le poème est un produit de la terreur et du plaisir. Et il devrait être lu avec plaisir.5/ Quel avenir pour la poésie ?La poésie n'a pas encore épuisé son avenir. Le poème est toujours là avec son corps indemne, sa littéralité. Il est écrit dans un alphabet provisoire. En fin de compte, mes parrains sont Jean Arp, le maître de l'« opus null ». Et Harpo Marx, le frère silencieux, lorsqu'il sort un objet inattendu de sous son large manteau.6/ La part de la prosodie dans l'élaboration du poème.Quant aux formes de la tradition classique, ma devise est : « Ni Dieu ni Mètre », la corruption par Paul Feyerabend de la vieille formule anarchiste de Daniel Guérin : Ni Dieu ni Maître. Mais bien sûr, chaque phrase, chaque ligne a son rythme. Le langage émerge du rythme. Ici, le mélange parlé et écrit. Dans certains endroits, le poème « chante », dans d'autres, il devient assez prosaïque. Ainsi, la musique en vers n'est plus une question de régularité. Je peux profiter de la belle harmonie des temps passés, je ne veux pas la reproduire.7/ La place de la traduction dans l'écriture poétique.« En fin de compte, toute poésie est une traduction. » (Novalis). La traduction est plus qu'un simple métier, c'est un état, une assurance ludique d'être dans la langue. De nombreuses idées proviennent de la pratique de la traduction constante, qui pourrait bien devenir une manie au fil des ans. Traduire les noms, retracer l'origine des mots, les échos phonétiques d'expressions apparentées et contrastées. Tout cela trouve sa place dans le poème, comme une citation, une blague, une erreur de parole. De plus, on peut travailler dans le poème avec des langues que l'on ne peut pas vraiment parler. Ils entrent par la fenêtre comme s'ils étaient soufflés par un vent lointain, ils sont scandés dans les rues de New York ou sur la place al-Tahrir. Des slogans en ukrainien, des bribes de Mo'allaqat, des slogans en zoulou, en kiswahili, par exemple, remplis d'une grande euphorie, ou les paroles martelantes d'une chanson rock. D'autres inspirations lointaines qui surgissent de la mémoire, comme un cadeau ou un ver d'oreille obsédant.Le poème comme lieu de multilinguisme, les poètes du Maghreb et des Antilles me l'ont montré. Ces derniers temps, le multilinguisme a également acquis une valeur poétique en Allemagne, et cela est représenté par la jeune génération de poètes dont la fierté n'est plus de pratiquer la fidélité à une seule langue.
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