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La Révolution Française a vu le jour dans l'opprobre que l'Ancien Régime, sous les feux de la Raison et des Lumières, avait jeté sur l'immense forêt d'ébène au sud du Sahara. Elle héritait ainsi du Code noir, « le texte juridique le plus monstrueux de l'histoire moderne » qui réglementait, légitimait et banalisait le brigandage négrier et la mort des esclaves noirs. En proclamant « l'Égalité et la Liberté pour tous », elle lui avait déclaré la guerre. Ce ne fut, hélas, qu'un combat révolutionnaire des principes contre les intérêts, véritablement mal engagé. Les Assemblées qui siégèrent entre 1789 et 1793 jouèrent à différer la résolution de la question coloniale. Brissot et ses compagnons, tous « Amis des Noirs », se préoccupèrent plutôt d'ordonner le paiement des primes accordées à la traite par l'Ancien Régime et de défendre les Mulâtres, qu'ils voulaient seuls égaux des Blancs. Ils avaient bataillé dur pour l'instauration et le maintien de la hiérarchie des couleurs. C'était militer pour le maintien de l'esclavage par le poids du nombre qui expliquerait mieux la pression psychologique et morale exercée sur ceux dont ils étaient soi-disant « amis ». Barnave et le Club Massiac ne rêvaient que de placer les « Colons et leurs propriétés » sous la sauvegarde particulière de la Nation. et, « la propriété », il faut le noter, était les esclaves. Dubuc, Galbaud et les autres planteurs, appuyés par les Anglais combattaient pour leur indépendance vis-à-vis de la Métropole des Commerçants et des Négociants qui les rompaient sous le poids de la dette tout en leur imposant un système protecteur.
Les politiciens de tout bord avaient abandonné et ignoré les esclaves ; leurs esclaves. Jusqu'en 1793, on ne s'occupa d'eux que pour les pendre ou les voler. Il a fallu attendre 1794, cinq ans après la prise de la Bastille et l'abolition immédiate des privilèges. On aurait pu dire que cette fois, c'était sérieux : l'esclavage a vécu, le Code noir aussi. Le décret n°2262 met enfin la Convention en accord avec la déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen, avec les principes de la Révolution et de la République. Mais les mesures à prendre pour l'exécution du présent décret n'ont jamais été prises. Le Comité de Salut Public n'a jamais fait son rapport. Pas le temps et pas la peine. Lorsque Césaire, en racontant cela, s'écrie, « quelle farce », il n'exagère pas d'un poil ; il est tout à fait dans le ton !
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