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La quête des origines et l'origine de la création se confondent dans la vie de Luce Notte, étudiante berlinoise partie sur les traces d'un père fantôme. À la faveur de "coïncidences supérieures", elle croise ainsi le chemin de Franz Kafka, à Prague, puis bien des années plus tard, de Sadeg Hedayat, à Paris. Des écrivains aux fortes affinités électives, oppressés tous deux par la tentation du suicide et la destruction de leurs textes. Devenue l'héritière fortuite de deux inédits des maîtres, Luce incarne la puissance de rêve du lecteur pour faire exister les livres. Son vertige, devant la beauté de cette esthétique spectrale, est aussi celui de l'oeuvre au noir qui nourrit tout écrivain.
Cécile Adjali nous embarque dans cette quête de ce père qu'on oublie aisément face à ses 2 périodes où Luce a pu partager ses réflexions littéraires face à 2 grands : kafka et Sadegh Hedayat. Nous récoltons au fil de notre lecture des références, des rappels historiques du début du XXe siècle. Un roman passionnant et particulièrement bien mené entre ces 2 moments, tout en suivant l'évolution de sa thèse. Une écriture soignée et littéraire. Une délectation !
Décevant par rapport aux précédents.L objectif reste obscure;la démonstration n est pas convaincante.Trop de références tuent l'histoire.
C'est l'histoire d'une fille, Luce Notte, la fille de personne, et de trois hommes, mais pas n'importe lesquels !
Son père, d'abord, le grand absent, celui qu'elle n'a jamais connu, qu'elle cherche désespérément, qu'elle imagine, idolâtre, déteste aussi parfois d'avoir abandonné sa mère en emportant des livres, mais qui sera son « guide ».
Franz Kafka, ensuite, avec qui elle va partager l'amour de la littérature, lui qui aimerait ne vivre que pour ça, mais qui est contrecarré par un père tyrannique. Elle va l'écouter, lire ses écrits en cachette, le conseiller mais surtout le soutenir dans son travail d'écrivain, lui qui aurait envie de détruire tout ce qu'il a déjà tant de mal à coucher sur le papier. « L'écriture est une descente. On descend chercher les mots dans le monde des ombres. Comme Orphée. On voit les morts. L'effroi. Toute sa beauté […] On dompte les monstres. On survit à la nuit et on en revient. […] le travail de l'écrivain devient alors une ascension lente vers le jour. Vers la clarté. »
Et enfin Sadegh Hedayat, écrivain iranien rencontré dans le Paris des années 50. Lui aussi est en plein doute. Exilé depuis qu'il a écrit « La chouette aveugle », il perd pied, n'arrive plus à écrire et tout comme Kafka qu'il a par ailleurs traduit, il cherche à faire disparaître son oeuvre. Elle le tient un temps hors de l'eau, lui parle de Franz et de tant d'autres.
Pour Luce, dont le sujet de thèse est « les livres à l'épreuve du feu », elle a trouvé auprès de ces deux écrivains de quoi illustrer la construction et l'anéantissement. Dans leur folie, elle « les aide à sa manière. Je deviens le choeur de leur vie. le choeur qui chante derrière eux ».
C'est à la fois d'une tristesse immense et d'une grande beauté tant les mots sont choisis avec soin et délicatesse.
Lucci Note écrit une thèse en lettre, en 1912 elle quitte Berlin pour Prague prend un poste de bonne qui lui permettra de poursuivre sa thèse sur les bibliothèques. Son poste, elle le prend chez les Kafka, elle y rencontre Franz. Une fois congédiée, elle se rend à Paris pour poursuivre sa thèse. On la retrouve en 1951, elle est libraire à Paris. Elle rencontre Sadegh un écrivain iranien avec lequel elle entretien une relation platonique. Elle revient alors sur sa relation avec Franz Kafta qu'elle met en parallèle avec Sadegh elle qui aime observer les écrivains au moment où ils sont happés par l'écriture. Elles observent ces deux hommes écrire. Il y a de l'admiration, de la mélancolie, la volonté de trouver ce qui les inspire, les pousse dans l'écriture. Elle devient elle même une muse.
Une muse obsédée par ce père fantôme qu'elle n'a pas connu, que sa mère sur son lit de mort lui a demandé de retrouver. Cette image la hante sans qu'elle ne le cherche vraiment. Entraîné par une très belle écriture, un roman sur les bibliothèques, les livres, l'inspiration, l'écriture.
Ce livre est un véritable petit bijou littéraire. Il nous emmène de Prague à Paris sur les traces d’une femme qui va croiser le destin de deux grands écrivains, Franz Kafka et Sadegh Hedayat.
La narratrice, au nom qui résonne comme un oxymore, Luce Notte, étudiante berlinoise, se passionne pour l’histoire de tous les livres brûlés dans les bibliothèques tout au long de l’histoire de l’humanité et en fait le sujet de sa thèse de doctorat. Lorsque sa mère meurt en 1907, à sa demande, elle part à la recherche de son père biologique qu’elle n’a pas connu et dont elle n’a qu’une photo sépia pliée en quatre. Et pour payer ses études, elle se rend à Prague pour assurer un poste de jeune fille au pair dans la famille Kafka.
Voilà sa passion, son histoire personnelle qui rejoignent le destin de Franz Kafka dont elle sera la muse, et même une sorte de sœur. Kafka écrit en secret, se confie à elle : «Tout ce qui n’est pas littérature m’ennuie et je le hais. » , entretient un rapport très compliqué avec un père tyran, un ogre qui exerce sur lui un terrible pouvoir pour l’éloigner de la littérature.
Quarante années plus tard, devenue libraire, autre rencontre essentielle. Elle est unie par une amitié très forte à Salegh Hedayat, un écrivain iranien, déconsidéré par les siens et exilé à Paris. Elle s’efforcera de combler sa solitude et de l’enjoindre à écrire, persuadée de la nécessité de ses œuvres . « Ses fictions sont l’examen de nos vies. Les personnages qu’il invente endossent nos peurs et portent le fardeau de nos jours à notre place. »
Cécile Ladjali entremêle avec beaucoup de subtilité la quête des origines de Luce Notte, sa recherche d’une figure paternelle, cette manière de vouloir la reconnaître dans les hommes qu’elle croise, sa passion pour la littérature ainsi que les affres et douleurs de la création littéraire chez Franz Kafka et Sadegh Hedayat.
Le récit alterne entre deux époques qui se répondent en écho, à quarante années d’intervalle. Il est ponctué de références littéraires, Fernando Pessoa surtout, écrivain aux identités multiples, de notes prises dans les bibliothèques où Luce retrouve trace des différents autodafés de par le monde.
La romancière interroge les origines de la littérature, les conséquences de la destruction de livres depuis la nuit des temps, met en évidence la force et pouvoir des mots dans la vie, celle des écrivains, la sienne, la nôtre. Elle questionne avec acuité la notion de filiation, qu’elle soit littéraire, spirituelle ou familiale.
Et sous sa plume recherchée et poétique, dans l’esthétique d’une obscure clarté, Luce Notte, la fille de personne, qui a tant recherché un père fantôme, devient muse à l’identité retrouvée auprès de ces deux hommes, Kafka et Hedayat. La littérature lui offre cette possibilité de résilience, lui permettant de passer de la nuit à la lumière.
Un roman dense et captivant, de toute beauté. Une magnifique façon de célébrer la littérature, ceux qui l’écrivent, et aussi ceux qui la lisent. « Ce sont les lecteurs qui arrachent les œuvres à la damnation, aux flammes de l’oubli, à la poussière des heures qui transforment encre et papier en sable. »
Ce roman d’une grande intensité m’a passionnée, je le recommande chaleureusement !
Un grand merci à Version Femina et Actes Sud pour cet envoi !
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