ExploLecteur : la chronique finale du roman
Conn Lavery est mort. Son fils, James, avait huit ans. Aujourd'hui adolescent solitaire de 17 ans, James peine à se construire sans ce héros dont la disparition reste un mystère que son imagination revisite constamment. James oscille entre désespoir...
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ExploLecteur : la chronique finale du roman
Conn Lavery est mort. Son fils, James, avait huit ans. Aujourd'hui adolescent solitaire de 17 ans, James peine à se construire sans ce héros dont la disparition reste un mystère que son imagination revisite constamment. James oscille entre désespoir et colère au contact d'un quotidien sombre, soutien d'une mère dévastée par la perte, alcoolique; encombré par un ersatz de père, envahissant et opportuniste. Alors, il rêve, il se réfugie dans son monde intérieur. Il transcende les situations qu'il vit pour mieux s'en extraire, ou en tirer quelque sens. Il endosse tous les rôles : patriote, général allemand, cosmonaute, gangster. Cette alternance entre rêve et réalité nous fait toucher ses émotions profondes. Car James montre peu de lui, seul le théâtre est une catharsis. Sur scène et dans sa vie, les expériences s'enchaînent. Et si la vie recelait quelques joyaux? Et si la vérité pouvait libérer ?
John Lynch nous livre ici un roman initiatique. L'écriture est empreinte d'un doux lyrisme, le rythme est plutôt lent, chaloupé, parfois à contre-temps des émotions brutales que ressent James. Je regrette néanmoins une construction trop mécanique, un scénario un peu faible, mais l'ensemble est cohérent. John Lynch nous invite à regarder le monde avec réalisme et poésie et parvient à créer de l'empathie pour ses personnages, malmenés par la vie. C'est aussi une réflexion sur le deuil et les dangers qu'il recèle : déni, colère et tristesse qui nous tendent constamment des pièges. C'est un premier roman réussi pour ce comédien et que l'on pourra glisser dans les poches de quelque adolescent aimant la littérature.
ExploLecteur : Le rendez-vous de la page 100
Le père de James Lavery est mort quand il avait huit ans. Est-il mort pour l'Irlande ? "L'Irlande qui a besoin de sang pour respirer, pour résister". Peut-être. C'est du moins ce qu'il sent au contact de ceux qui l'ont connu. Pour le moment, le sauvageon est en quête. En quête de lui-même, en quête d'un père. Non, pas celui là. Pas ce Sully qui apparaît au côté de sa mère pour mieux disparaître. Sa mère fragile, usée, abîmée par l'alcool. Alors James s'évade, transfigure tout, se raccroche à des bouts de rêve pour mieux se jouer de la réalité. Tantôt patriote, cosmonaute, gangster, tantôt victime, tantôt persécuteur. Seul le théâtre lui permet d'être libre, sans être jugé, sans inquiéter ses proches. Folie ? Non, des failles, des voiles, tout ce qui permet de survivre à une réalité trop crue, trop envahissante. J'ai envie de savoir où va ce récit initiatique, mais sans être totalement transporté à ce stade la page 100.
Oui, Rahmatou, ce texte a des qualités: il y a des moments suspendus, touchants, mais il m'est difficile de la recommander chaudement en face d'autres pépites de cette rentrée.