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Qui n'a jamais rêvé de rencontrer « en vrai » une personnalité par-dessus tout admirée ? C'est ce qu'entreprend de faire la narratrice de La Bonne Distance, en tentant d'établir une correspondance avec un auteur majeur de la littérature contemporaine. Dans un premier temps l'écrivain se dérobe puis un jour, le miracle a lieu : il répond. Au fil des lettres envoyées comme des bouteilles à la mer se dessinent le portrait en creux de l'écrivain « Goncourisé » et l'esquisse d'une étrange relation. Fantasme et réalité tissent ensemble une trame bien difficile à démêler et le roman invite le lecteur à un jeu de piste jubilatoire.
J’avais été intriguée par le résumé présentant le roman « La narratrice tente d’établir une correspondance avec un auteur majeur de la littérature contemporaine ». Je me réjouissais, par avance, de découvrir cette correspondance et me promettais de déceler tous les indices pour découvrir quel était cet auteur « goncourisé » avec qui Eve CHAMBROT avait réussi à échanger des courriers.
Et comme à chaque fois que j’anticipe sur un évènement à venir, la réalité me rattrape, et met à mal mes prospectives.
Pas d’auteur à découvrir car, d’emblée, le baudeau rouge cernant l’ouvrage annonce, sans équivoque, que Michel Houellebecq en est la cible. Encore moins de correspondance à décrypter, puisque sur les 151 pages du roman vous ne lirez aucune ligne, pas même un mot supposé écrit par l’auteur admiré. Le procédé est habile, parce que sans trahir Houellebecq, Eve nous livre Michel.
Paradoxalement, je n’en ai jamais autant appris sur ce « cher Michel », vous voyez celui qui tantôt défraie la chronique pour ses prises de positions radicales dans ses fictions, et qui tantôt, provoque de la compassion lorsqu’il apparait démuni sous les caméras de Gustave Kervern et Benoît Delépine.
L’écriture d’Eve CHAMBROT est fine et élégante pareille à la maison d’édition qui la publie.
Si sans bémol, j’ai aimé le déroulé et les tournures exquises de ses propos, j’ai été encore plus fascinée par la connaissance et l’analyse de son « Cher Michel » qu’elle était capable de produire pour en tracer un portrait aussi crédible et sensible.
Désormais, après ce beau moment de lecture, deux questions, aussi futiles semblent-elles être, me taraudent et ne cessent de vibrer de concert à mes oreilles : « Ce cher Michel, qu’a-t-il ressenti à la lecture de ce recueil qui met en exergue nombreuses de ses failles qui ne sont que le côté face de sa force tranquille ? Et Eve, a-telle deviné juste, quant à l’ordonnance de sa garde robe et « de la pile de pyjamas rayés sentant la Soupline » trônant sur l’étagère du bas ? »
Chers lecteurs, lancez-vous dans cette lecture, parce que comme moi vous en oublierez très rapidement vos a priori – s’ils en existaient - pour ne laisser la place qu’au bonheur vibrant qu’apporte la littérature avec ses multiples enchantements.
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