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1956. La mort du « petit père des peuples » a plongé le pays dans le chaos. Tandis que Khrouchtchev entreprend sa politique de déstalinisation, les langues se délient : le temps est venu de régler les comptes. Ex-agent zélé du MGB, Leo Demidov, aujourd'hui repenti, est à la tête d'un département de criminologie. Avec sa femme, Raïssa, il a adopté deux fillettes. Mais l'aînée, Zoya, hait ce père de substitution. Et elle n'est pas la seule... Dans l'ombre, quelqu'un attend son heure, une femme que la colère et le sentiment d'injustice ont rendue ivre de vengeance. Pour sauver les siens, Leo n'aura bientôt plus d'autre choix que de se jeter dans la gueule du loup : le terrifiant goulag de la Kolyma...
Avec Enfant 44, nous avions laissé Leo et Raïssa aux portes de l’orphelinat.
Aujourd’hui, Zoya a 14 ans et Elena en a 7. Leo se sent toujours coupable de l’exécution sommaire de leurs parents alors qu’il étant agent du MGB et ce n’est certainement pas l’attitude volontairement hostile de Zoya qui facilite sa rédemption en qualité de père adoptif…
Et même si Leo n’a plus rien à voir avec la police secrète, son passé va lui aussi le poursuivre…
Les jours heureux ne sont pas pour maintenant quand une vengeance est en route…
Alors que Leo doit enquêter sur le suicide d’anciens pontes du Parti, visés personnellement par un rapport secret sur les excès du régime de Staline, photos de victimes à l’appui, il est lui aussi l’objet d’un règlement de compte. Il doit à nouveau faire face à son passé, l’assumer, tenter d’expier… alors même que sa famille est en danger.
L’auteur continue de me bluffer dans sa manière de recréer le climat historique de l’URSS: Staline n’est plus, Khrouthchev s’impose et renie son prédécesseur avec son célèbre rapport de 1956, censé rester secret mais qui est rapidement divulgué dans le pays comme à l’extérieur.
Si le culte de la personnalité de Staline est dénoncé, si le fondement même des principes du marxisme-léninisme n’est pas remis en cause, tout comme la politique générale russe, les déportations massives, les arrestations arbitraires sont révélées et condamnées.
La déstalinisation est une période de transition dangereuse pour les anciens cadres afin de se faire accepter du nouveau dirigeant, créant ainsi un chaos latent. Chacun est sur un siège éjectable et le lecteur se régale de ce malaise après l’oppression tyrannique désespérante abordée dans le premier opus.
J’ai trouvé l’ambiance moins lourde et anxiogène que dans son premier roman. Avec Enfant 44, le microcosme soviétique était basée sur la dictature et la terreur en huis clos… si on peut parler de huis clos avec les quelques 22 millions de km² de superficie de l’URSS.
Nous étions sur de l’humain… alors qu’avec Kolyma, l’auteur s’est davantage appuyé sur la géo-politique.
Je dois ajouter que le choc culturel et émotionnel a eu lieu avec Enfant 44 donc il a été intégré, maîtrisé et digéré… Le lecteur est maintenant en terrain connu!
Nous sommes en pleine guerre froide, avec la rébellion de certains bastions communistes de l’est, sous contrôle soviétique. Donc les services secrets, la dissidence, l’espionnage entrent en jeu dans ce deuxième roman. L’auteur nous emmène même en Hongrie pour l’insurrection de Budapest en 1956 en des scènes remarquablement fidèles et documentées.
Le « voyage » de Leo pour atteindre Magadan, capitale du plus grand système concentrationnaire du XXème siècle, à bord d’un bateau d’esclaves est presque inimaginable et insoutenable, mais malheureusement inspiré de faits réels.
Le passage de Léo dans un des tristement célèbres goulags de la Kolyma, où les « ennemis du peuple » arrivaient en masse, est l’occasion de décrire l’horreur et la barbarie de ces camps de « réhabilitation par le travail », les conditions non pas de vie mais de survie dans le pays de la « mort blanche » au milieu de la pègre ultra-violente des condamnés de droit commun.
J’ai adoré cette évolution logique de l’histoire de Leo vers davantage de politique et d’ouverture vers l’extérieur. Au travers de ce personnage, la fan d’Histoire que je suis s’est délectée: nous sommes dans un roman historique et non plus un thriller.
L’aspect humain perdure tout de même!
Avec Zoya, nous sommes au sein de la famille recomposée avec une jeune fille en pleine adolescence, manipulable, emplie de haine, fougueuse, inconsciente de la portée de ses engagements et actes.
Le couple de Leo et Raïssa reste fragile et touchant, malmené par les différents d’avec leur fille aînée et les attaques d’une main vengeresse.
D’anciens tortionnaires sous Staline connaissent à leur tour la peur, se retrouvent face à leurs responsabilités et leur conscience, assumée ou niée. L’occasion de tester la fameuse excuse: « Je n’ai fait qu’obéir aux ordres »…
Avec les personnages de Lazare, ayant connu les atrocités du goulag, et de sa compagne, Fraera, c’est la vengeance aveugle qui s’affirme. Vouloir frapper le plus de monde possible, sans état d’âme, et en premier lieu ceux qu’ils estiment responsables de leurs souffrances.
Kolyma est différent d’Enfant 44 mais toujours aussi intense de part son dépaysement, son contexte historique et l’implication de Leo dans la marche de son pays.
Deuxième tome et un autre petit pas vers l’ouverture de l’URSS au monde. Mais le bonheur et la liberté auront du mal à émerger avec l’arrivée de… l’Agent 6.
Un roman sympa, facile à lire et dont le récit se tient...c'est déjà bien mais c'est à peu près tout pour moi, donc une certaine déception....il faut dire que son "enfant 44" était excellent, alors si vous voulez découvrir cet auteur optez plutôt pour celui là...
Deuxième volet de sa trilogie soviétique, après le très intéressant « Enfant 44 », « Kolyma » déçoit un petit peu. Nettement moins polar et nettement plus politique que le premier volet, « Kolyma » traite davantage de la déstalinisation et de ses conséquences, à travers le destin de Léo. Léo et Raïssa ont donc adopté deux orphelines et l’ainée le déteste copieusement (et on la comprend au vu du premier tome). Mais lorsqu’elle est enlevée par une des anciennes victimes de Léo qui réclame vengeance, celui –ci n’hésitera pas à affronter les rigueurs d’un goulag sibérien et la violence de la révolte hongroise de 1956 pour la récupérer. Dans cet opus, Léo doit donc affronter ses anciennes victimes, du temps où il officiait dans la police politique de Staline, il doit aller récupérer un prêtre exilé dans un goulag de la Sibérie pacifique, les scènes se déroulant là-bas étant les plus difficiles, le plus intenses mais aussi les plus passionnantes. Et puis, cela n’ayant pas suffit, il devra se plonger dans la Hongrie de 1956 où sa fille, manipulée par une femme à la personnalité ambigüe, fomente la révolte avec ses nouveaux amis hongrois. Qui manipule qui, qui trahit qui, le grand jeu de la politique des anciens staliniens contre Khrouchtchev et son fameux discours d’autocritique se heurte à la petite histoire de Léo. C’est une démarche intéressante, mais dans « Kolyma » tout n’est pas super crédible et tout n’est pas très clair. Le personnage de Fraera surtout, outrancier, improbable, dont Smith laisse entendre qu’elle joue un rôle dans la déclanchement de la révolte hongroise, presque par pur intérêt personnel (vengeance contre le stalinisme triomphant) alors qu’elle est « l’alliée » d’un nostalgique de Staline... Compliqué quand même ! Mais je reconnais à « Kolyma » un vrai travail de documentation sur les goulags et sur les évènements de 1956. Avec des personnages un peu plus attachants, parfois un peu moins caricaturaux, çà aurait pu être un beau roman historique à défaut d’être vraiment un polar. Là, à moitié l’un, à moitié l’autre, on n’y trouve pas forcément notre compte. Mais en dépit de quelques longueurs, çà se lit bien, il y a des rebondissements, c’est bien écrit, les chapitres sont bien découpés, on alterne entre les intrigues, çà reste un polar historico-politique à mettre entre touts les mains, puisqu’on y apprend des tas de choses sur les événements et le contexte de l’époque.
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