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Kamikaze d'été est un récit d'une rare intensité qui nous convie, à travers la quête du père, à une sorte de drame rituel de l'ancien Japon, transposé à l'ère moderne dans les années 70. Un drame qui va s'accomplir entre la mort et la renaissance, entre le désespoir et l'éternité, afin de sceller la réconciliation entre ceux qui se sont sacrifiés en temps de guerre et ceux qui n'ont toujours pas la paix. Pour cela, trois figures héroïques sont convoquées. Celle du père tout d'abord, Masanori, pilote kamikaze dont le compte à rebours implacable et solennel nous est rendu, minute après minute, jusqu'à l'instant où il s'envole pour sa mission sans retour, dans les derniers jours qui précèdent la catastrophe de Hiroshima et la reddition du Japon. Puis vient la figure déchirée de Asuka, l'épouse qui reçoit la lettre d'adieu de Masanori, après avoir appris sa mort par télégramme. Inconsolable, elle vivra désormais dans sa mémoire, et lui vouera un véritable culte. Arrive enfin le jeune Naoki, qui est né sans avoir pu connaître ce père illustre, et vit désormais à l'époque du football et du rock'n roll.
Le drame de Masanori n'est pas celui de Naoki. Au moins Masanori a-t-il su mourir en samouraï dans une parfaite maîtrise de sa destinée. Quand les avions s'abattaient comme des sabres sur l'ennemi, quand les pilotes volontaires pour la mort étaient les « étoiles tombées du ciel » de l'empereur. Étoiles, mais aussi « chrysanthèmes flottants ». Au parfait point d'équilibre entre le don de soi et le sentiment éphémère de l'existence... Mais au moins Masanori est-il mort en paix, sans avoir vu la fin honteuse de la divinité impériale à la défaite, ni l'avènement de la société de consommation dont Naoki remonte le cours. D'autant plus désarmé face à la mort du père que sa mère lui reproche de n'avoir rien appris de lui. Naoki ne fait-il pas preuve d'une faiblesse scandaleuse en cédant à son homosexualité alors que son père n'a jamais songé qu'à une chose : faire son devoir. Vision créée par l'effet de décalage entre deux êtres qui se ressemblent mais qui ne sont pas les mêmes, mais qui fait bel et bien de Naoki un coupable désormais pressé de trouver une réponse, de vaincre ses cauchemars et de revenir aux origines, aux racines du Japon inspiré de l'époque d'Edo, dont son père s'est nourri, pour tendre jusqu'au bout à l'idéal de perfection issu de ses vieux codes d'honneur. Naoki se lance alors dans des recherches d'archives, va retrouver la base aérienne où son père était affecté pendant la guerre, atteint la forêt puis le temple où il a souhaité se recueillir à la veille de mourir. Il découvre alors la dernière photo de l'aviateur à l'instant de la cérémonie des adieux qui se déroule sur le tarmac autour de quelques verres de saké. Mais c'est la rencontre de Mishima qui va sauver Naoki du désespoir. Quand il accomplit son seppuku désormais légendaire, c'est le secret de son humanité qu'il lui livre : comment mourir pour être, comment vouloir ne pas être pour mieux être. L'heure de la réconciliation peut sonner enfin entre les morts et les vivants. Naoki et sa mère font alors un ultime pèlerinage jusqu'à Kamakura, l'antique cité samouraï. Un vent de consolation soufflant enfin sur eux depuis le fond des âges, quand un vieil air de cour, qui s'élève de derrière les murailles, parvient à leurs oreilles. Une vie nouvelle est enfin devenue possible.
Un kamikaze d'été à conserver de toute éternité.
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