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Dans une petite ville en bord d'océan, une famille enterre un homme appelé Julius. Dans la chaleur de l'été, pendant que le cercueil est porté vers le cimetière accroché à la falaise, chaque membre de la famille se souvient de ce bel homme fin et élancé, à la peau noire comme de l'ébène. Il y a le père médecin, la mère galeriste, la grand-mère et les deux enfants. Chacun semble porter la culpabilité de la disparition brutale de Julius, ce qu'ils appellent à mots couverts « un accident ». Qui était donc Julius, qu'ils ont enseveli nu dans un linceul blanc ? De quoi sa mort est-elle le signe ?
On remonte donc en cinq tableaux l'histoire de la rencontre de cette famille avec Julius, et chacun des cinq va donner sa propre vision de l'histoire. Julius a débarqué sur la plage le jour de la grande tempête d'équinoxe et, tout naturellement Marie, la mère, l'a invitée à rester quelques temps chez eux, dans la belle chambre d'amis qui héberge d'ordinaire des artistes en résidence. La vie de chacun va en être bouleversée, non seulement ce qu'on appelle le quotidien des jours, mais bien au-delà. C'est un renversement des perspectives que Julius va opérer chez eux, une ouverture de l'horizon, chez la grand-mère Léonie qui n'attendait plus grand-chose de l'existence, comme chez la petite dernière, Lola qu'on appelle la Simplette, qui tombe amoureuse de ce grand homme mystérieux. Tous, d'une façon ou l'autre, vont « faire l'amour » avec Julius, comme tous, dans le dernier mouvement, vont « tuer Julius ».
Dans cette parabole, Fabienne Juhel a le culot de nous proposer une revisitation très contemporaine du Christ, bien loin des canons orthodoxes, et ce roman allie poésie, pointes d'humour et regard pertinent sur notre époque.
Comme d'ordinaire, chez cette auteure, on se trouve confronté à des personnages aux corps sensuels et aux âmes singulières. Ceci est donc un livre chrétien, mais à sa manière bien particulière, un appel à la vie, ses mystères et ses bouleversements. « Qu'est-ce qu'une histoire ? me demanderez-vous. La narration d'un miracle », écrit Fabienne Juhel.
J'ai lu "Julius aux alouettes" comme une fable ou comme un conte plus que comme un roman. Comme une histoire à la frange du merveilleux qui me serait racontée par une alternance de six voix.
Cinq membres d'une même famille évoquent tour à tour l'arrivée de Julius, l'homme à la peau d'ébène,la sixième voix, son séjour dans la maison familiale, les relations que chacun d'eux a entretenu avec lui. Mais, étrangement, alors que Julius devrait être au coeur de chaque narration, son image semble n'être qu'un filigrane et ne servir de prétexte que pour que chacun puisse parler de soi. De Julius, on ne saura que ce qu'il veut bien dire. Chaque témoignage est remis en question par le suivant et nous fait douter d'une vérité intangible. Peu à peu l'histoire de chacun des protagonistes se dessine, se précise et prend finalement toute la place en repoussant Julius aux frontières de la famille. Jusqu'à l'épilogue surprenant !
L'écriture de Fabienne Juhel est picturale, infiniment sensorielle et nous fait ressentir le plus petit frémissement de feuille, une odeur de peinture, la chaleur d'un matin d'été aussi bien que les faiblesses banales des êtres à la générosité falsifiée.
Un roman intrigant qui stimule la réflexion et l'imagination.
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