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Roman de la vie contemporaine, Journée exceptionnelle du déclin de Samuel Cramer est aussi, et peut-être surtout, un roman d'amour, amour des femmes, de la poésie, de la vie dont il faut toujours être ivre.
Un roman d'amour fou.
Lui, c'est Samuel Cramer, l'Amiral, l'homme des grands voyages horizontaux et verticaux, l'écrivain qui aime quand " ç'a de la gueule ", l'observateur de son époque, de sa ville et de ses contemporains. Un homme difficile et attachant.
Elles, ce sont ses femmes, celles qu'il aime ou qu'il déteste, celles dont il rêve et qui n'existent pas.
Eux, ce sont ses amis, ses poisons, Michel Houellebecq, Sibelius, Rimbaud, Duras, Melville, Gary Cooper, Holderlin, l'alcool, l'ennui, l'espoir, le désespoir, la provocation, la honte, l'ironie, et tout ce qu'il ne saura jamais dire.
Ce matin-là, Samuel Cramer entame une journée qu'il espère exceptionnelle. Mais il semblerait que le destin en ait décidé autrement.
Commence alors une drôle d'errance baudelairienne...
« J'aime la nuit.
Parce que vous dormez et que je veille.
Parce que votre sommeil m'offre une solitude sans tristesse. »
http://attrape-mots.blogspot.fr/2016/11/chronique.html
Mon avis sur ce livre est assez paradoxal, car si j'ai eu du mal à lire ce roman, et que j'ai souvent perdu le fil de ma lecture, je suis, malgré tout, ressortie de cette "Journée exceptionnelle" à la fois charmée et frissonnante.
« La nuit espère, la nuit pleure.
La nuit tangue, l'homme vacille, c'est tout. »
La plume d'Agnès Michaux est prodigieuse et sublime. Je n'ai pu m'empêcher de relever de très nombreuses citations qui m'ont envouté par leur beauté pure et simple. Pourtant, ce style d'écriture recherché et très poétique, peut être un peu trop lourd parfois ; et en alourdissant le récit, il m'a quelques fois fait décrocher de ma lecture. On ne peut tout simplement pas lire ce livre d'une traite (comme j'ai d'ailleurs la mauvaise (?) habitude de faire), il faut savourer les mots, les laisser se fondre en nous...
« Là-bas, personne n'y est jamais allé. C'est loin. C'est en face. En face, c'est toujours loin. La faute à la mer. »
Une douce mélancolie se dégage de ce livre, créant une atmosphère feutrée, douceâtre qui nous berce autant que nous fait frissonner. A l'image du spleen baudelairien, l'auteur nous parle d'un amour brisé, et de la lente agonie d'un écrivain qui a perdu sa muse - donc tout.
Ce livre, tout en sensibilité, tout en frisson, vous mettra le vague à l'âme. Je le conseille vraiment aux amateurs de poésie, qui veulent, l'espace d'un moment, bercer leur âme de mots et de maux magnifiés. Mais attention, on perd vite pied dans ce tourbillon d'émotions et de sensations....
« Il suffit d'un rien pour désaxer un être.
Mais pas de plainte. La plainte est plus honteuse que la chute.
C'est de Pétrarque. J'ai toujours aimé Pétrarque. Alors, faisons comme cela, comme il dit, tombons mais ne nous plaignons pas. »
Énorme coup de cœur pour cette pépite qui longtemps m'accompagnera.
Samuel Cramer dit l’Amiral est un amoureux des mots - ceux de Rimbaud notamment -, un écrivain en mal de reconnaissance mais passionné par son métier. Samuel aime aussi les voyages et les femmes, leurs courbes, leur peau, et surtout Dawn, cette femme aux bottes rouges qui vient de le quitter après plusieurs années d’amour un peu maladroit mais sans nul doute inconditionnel. Le monde de Sam s’écroule alors petit à petit, comment continuer quand la femme que l’on aime nous dit beau matin qu’il vaut mieux arrêter le chemin ici ?
Une journée qui ira de mal en pis, entrecoupée de souvenirs de Dawn, de voyages où ils se sont aimés, de sa souffrance et de son amour pour la littérature.
Agnès Michaux nous emmène ainsi sur le chemin de la mélancolie et de la déchéance.
Ce livre est tout à la fois. C'est tout d'abord un livre sur la souffrance de l'amour perdu, l'espoir de la voir revenir, l'attente magnifique et douloureuse qu'est l'amour où parfois le seul remède reste, si temporaire soit-il, la bouteille de vodka pour noyer les souvenirs et les dernières images qui hantent l'Homme fou d'amour.
C'est aussi un hommage aux grands écrivains Goethe, Rimbaud, Duras … et à la fois une satire du monde littéraire actuel où certains auteurs en prennent pour leur grade malgré une incontestable admiration.
Et puis il y a aussi l'humour qui n'est pas en reste avec cet écrivain maudit, un humour subtil et cynique qui colle parfaitement à ce roman. Personnellement je n'aurai pas voulu un autre humour que celui-ci.
Agnès Michaux, à travers Samuel, nous transporte dans un monde poétique, un monde Baudelairien, où l'errance des mots et des maux sont magnifiés et pudiques. C'est un roman d'une beauté et d'un réalisme absolu. Sans lourdeurs, composé de chapitres courts et fluides, le lecteur reste captif, attentif.
Au diable le confort, ce roman est un OVNI. Si je devais résumer mon ressenti en un mot je dirai : déconcertant. Il est antinomique et c'est en cela qu'il est magnifique. A la fois délicat et abrupt, drôle et austère, d'une beauté et d'une froideur remarquables, tragique et vivant.
Mention spéciale pour cette superbe couverture sur laquelle vous aurez probablement reconnu le portrait masqué de Charles Baudelaire.
Lien : http://livresselitteraire.blogspot.fr/2016/10/journee-exceptionnelle-du-declin-de-samuel-cramer.html
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